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Critique de fanfanouche24


Emprunt à la Bibliothèque Buffon mi-novembre 2022

Très beau moment de lecture pour tous les amoureux du Québec, de la nature et de la faune...Cette immense "bulle d'oxygène", à travers les aventures et mésaventures d'une garde -forestière, au fort tempérament...

Après la lecture enthousiaste d'"Encabanée", j'avais la grande curiosité de lire ce deuxième texte; sorte de prolongement du premier...Ce que je viens de faire en empruntant cet ouvrage à ma bibliothèque !

Une jeune garde-forestière, ayant tout quitté: Famille avec laquelle elle ne partageait rien, un boulot qui ne la motive plus, son amoureuse.... Elle veut se rapprocher de la nature, de la forêt, et dans un même temps de la Gaspésie, terre originelle de sa grand-mère adorée !

Dans ce récit plein de péripéties, notre jeune garde-forestière raconte son métier quotidien de "Protectrice de la faune" et de la forêt, ses soucis avec les braconniers, et la gent masculine, comportant un nombre certain "d'obsédés de la gachette", l'adoption et le sauvetage d'une adorable chienne ( inutile car trop faible pour tirer des traîneaux), Coyote, la présence de son ami, Lionel, un vieux de la vieille de la forêt, faisant figure de "papa de substitution"...Tous ces éléments réunis l'aident à assumer à la fois, sa solitude, et son métier de "protectrice de la nature", car ce dernier est loin d'être une sinécure...encore plus, pour une jeune femme seule dans un monde très fortement masculin...et "macho" de surcroît !

D'admirables descriptions de tous les animaux, de la forêt, des merveilles de la nature, sans oublier, son attachement , son amour pour son "ange-gardien" à quatre pattes, Coyotte, qui la réconforte bien plus que certains humains !...

"Une couverture de laine t'attend, bien pliée, au pied de mon matelas.Je te promets une chose : jamais tu ne connaîtras les chaînes. Et je te traînerai partout, te montrerai tout ce que je sais du bois. (...)
Elle se faufile jusqu'à mes genoux, ma petite chienne trop fluette pour tirer des traîneaux. (...)
Dire que les mushers du chenil allaient t'abattre...
Dire que tu ne verras plus jamais ta mère. Comment te faire comprendre, mon orpheline, que nous serons l'une pour l'autre des bouées, qu'accrochées l'une à l'autre nous pourrons mieux affronter les armoires à glace qui ne chassent que pour le plaisir de dominer, de détruire ? "

Notre garde-forestière ne manque pas de lucidité et d'ironie envers sa hiérarchie... qui est plus sensible au profit; à des sortes de statu-quo...et de concessions constantes, montrant une sorte d'inertie et de non-engagement généralisés....Pour tout dire, elle ne se sent pas le moins du monde épaulée par ses employeurs , se sentant bien seule dans ses colères et indignations, pourtant légitimes...pour protéger efficacement la faune et la forêt de son québec... !

Surviendront des incidents graves... qui vont la pousser dans les limites de la légalité... et mettre en évidence les nombreux obstacles l'empêchant d'exercer véritablement son métier ....
Pour elle, c'est comme une IMPOSTURE !

Trouvant un jour sa fidèle chienne Coyote, grièvement blessée par un piège illégal, elle sortira de ses gongs, parviendra à guérir sa "gentille amie à quatre pattes", mais sera décidée à trouver l'identité de ce braconnier- prédateur, qui semble sévir plus que de raison...

Si ce n'était que cela, c'est déjà en soi, un sérieux délit... le prédateur en question semble "chasser" tous les gibiers gênant son chemin: Les humains, hommes gardes-forestiers,ou femmes comme les animaux...

Elle se rend compte, en rentrant à sa roulotte, que quelqu'un est venu près de "sa maison", l'espionnant, et allant jusqu'à laisser à l'intérieur de chez elle, une superbe peau rousse de coyotte... La panique monte, elle décide de ramasser à la hâte ses affaires et d'aller se réfugier chez son ami , Lionel....

Cet inconnu qui l'espionne, bafoue son espace privé, joue semble-t-il à la terrifier, d'autant qu'il a sûrement entendu parler de ses questions aux villageois pour trouver l'identité de la personne, cumulant à lui tout seul, un nombre impressionnant de braconnages abusifs et cruels... sans parler d'agressions de jeunes filles et de la disparition ancienne d'une femme, jamais retrouvée...restée un mystère !

L'angoisse monte crescendo...

En interrogeant les villageois une première fois, une femme s'arrange pour lui transmettre un cahier comme si elle l'avait oublié... en lui glissant un numéro de téléphone à l'intérieur....
Elle acceptera ce cahier de l'inconnue, en réalisant plus tard que ce dernier est un journal intime... d'une autre inconnue, Anouk, qui, au demeurant vit aussi seule dans la forêt, vivant et ayant vécu des choses similaires à la garde-forestière....Elle imagine cette Anouk, comme une soeur , comme un "double", qui combat les mêmes peurs, vit le même quotidien de survie qu'elle !

Son enquête s'épaissit... Elle cherche cette fois et "son persécuteur" et cette femme, qu'elle perçoit par anticipation, comme une possible amie à venir ?

Avec son ami, Lionel, puis Anouk, et la fidèle Coyotte... la fine équipe va imaginer un plan pour enrayer et "neutraliser" ce prédateur, à la réputation redoutable , et un lourd passif !....

Pas un mot de plus, pour laisser aux futurs lecteurs, tout le suspens et les rebondissements qui ne manquent pas à cette sacrée " chasse à la femme", devenue à notre grand soulagement... une chasse à cet "homme-prédateur obsessionnel" !

La garde-forestière démissionnera de son poste... ira se réfugier un moment en Gaspésie, paradis de son enfance et des lumineux moments vécus avec sa grand-mère...(ignorée dans les récits familiaux, car "autochtone"! !)

"(* A propos de la grand-mère de la narratrice)
J'aurais aimé qu'on me raconte ton histoire, peut-être que je me serrais sentie un peu plus chez moi parmi tes descendants si j'avais connu tes berceuses, recettes et illusions perdues.Le bungalow de banlieue qui sentait la mortadelle et les boules à mites m'étouffait. Les prières du souper, celles du soir, la peur des étrangers, du noir et des bêtes dehors, et les litanies sans fin de reproches xénophobes faisaient naître en moi les pires élans de rage.Fallait que je m'éloigne de ces gens avant de me mettre à leur ressembler. Il me fallait une forêt à temps plein, à flanc de montagnes qui s'en foutent des frontières, où tous sont sur un pied d'égalité face aux éléments, au froid, à la pluie, au vent.Le bois est un mentor d'humilité, ça , je peux le jurer."

Merci à l'auteure pour ce magnifique roman, à forte résonance autobiographique... son amour très fort pour la Nature et tous les êtres vivants... J'achève ce long billet par un dernier extrait, qui doit être en symbiose avec les convictions mêmes de Dame Filteau-Chiba !

"Je me détends, rêvasse quelques instants à un pays utopique, un Québec libre où l'on pourrait faire les choses autrement- la fourrure resterait sur le dos des animaux.Sur les neiges miroiteraient le roux du renard, le noir du vison, l'indescriptible gris- rouille du coyote.J'espère au plus creux de moi-même qu'un jour, l'humain n'ait plus besoin de détruire la vie pour assurer la sienne, ni de se procurer la peau des autres pour se remplir les poches, ni de dominer quiconque pour se sentir fort. Et ce souhait s'applique aussi à moi."

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