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Dans un souci de discerner les raisons de l'effondrement de la pensée en France et de dénoncer l'amalgame informe sur lequel on appose l'étiquette « Culture », A.F. nous livre ici une analyse sérieuse, honnête et d'un haut degré d'exigence sur la manière dont le système qui était censé protéger et transmettre une richesse de pensée parmi les plus brillantes de l'Humanité en est arrivé à la liquider, voire à organiser le culte de sa détestation.

Sous prétexte d'ouverture d'esprit, de tolérance et d'égalité, la culture et le savoir, qui sont indispensables à l'élévation (d'où le terme « élève ») de l'esprit, ont été cloués au pilori car générateurs d'inégalités. En les maintenant dans une bulle d'insouciance, on empêche les futurs citoyens de bien percevoir et comprendre les différents aspects et nuances d'un monde dont la complexité et la dureté grandissent sans cesse. Or, en refusant la transmission de ce savoir aux nouvelles générations, on les coupe de leurs racines et on les empêche de construire un avenir solide pour elles et la société. Couper les racines, c'est couper les ailes.

Nous vivons aujourd'hui dans l'ère du consommateur-roi, dans une « société adolescente » tyrannisée par le culte de la jeunesse et du divertissement ; une ère de frénésie compulsive qui empêche les esprits de s'ancrer dans la réalité et d'adopter des points de repère solides. Nous vivons une époque de pauvreté intellectuelle où fréquemment beaucoup de gens s'invectivent gratuitement et stupidement parce qu'ils ne font pas l'effort de se comprendre. Les idées désertent les débats qui deviennent des combats de lance-flamme dans lesquels celui qui devrait être écouté et respecté comme un interlocuteur n'est considéré que comme un ennemi à abattre. Il n'y a plus guère dans les média de discussions saines, posées, rationnelles et respectueuses desquelles pourrait surgir un peu de lumière. Car c'est le principe de tout échange : éclairer l'esprit. Au lieu de cela on assiste trop souvent à des concours de grandes gueules consternants où il n'est plus tant question de convaincre par des arguments rationnels que de persuader par l'émotion.

Il y a pour moi un gros problème avec Alain Finkielkraut ; d'ailleurs Zemmour a le même. Il devient vite ironique et sarcastique dans ses développements et on a du mal à voir clairement où s'arrête cette ironie. le sujet lui tient tellement à coeur qu'il semble souvent se laisser emporter par l'émotion. Cela entraîne à mon sens une certaine maladresse dans son expression et me déboussole quelque peu.

Ce livre est plein de détours et de formules obscures qui me semblent manquer de cohérence et c'est très regrettable de la part d'un auteur dont les idées sont si pertinentes. Je dois avouer qu'il est plus facile de le comprendre lors des débats radio ou télé que dans ses écrits. Il est vraiment dommage qu'il n'exprime pas sa pensée plus clairement et je retiens la dernière partie comme vraiment en rapport avec le titre du livre, bien que ce qui la précède semble constituer les prémisses de sa démonstration. La conclusion, longue d'une douzaine de lignes et intitulée « le zombie et le fanatique », donne l'essence de sa réflexion. La grande faille est que l'aspect quelque peu décousu de son ouvrage fait d'A.F. une cible facile pour les détracteurs.

Néanmoins, son effort est louable car le sujet épineux qu'il s'efforce d'analyser constitue le grand malaise de la société et déchaîne les passions. Nombreux sont ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues, des esprits obtus et « bien-pensants », des idéologues gauchistes paranoïaques (pléonasme !?!) comme Badiou, se complaisant dans le marasme et qui, non contents de voir leur incendie idéologique ravager le pays, veulent l'attiser. le mérite d'A.F. est de s'efforcer de mettre du sens sur le fonctionnement de notre monde à l'heure où beaucoup de représentants supposés de l'élite vident les mots de leur sens et utilisent des formules creuses pour abrutir les « masses ».

Dans les années 1980, A.F. avait déjà vu venir cette catastrophe que nous subissons de plein fouet. Il est aujourd'hui considéré comme un « pseudo-intellectuel » et mis à l'index avec d'autres esprits lucides quant à l'état du pays. Mais alors à quoi sert-il donc à un groupe (humain ou autre) de disposer de sentinelles sinon pour donner l'alerte en cas de danger ?! C'est un grand drame lorsque dans une société on ne peut (ou on ne veut) pas distinguer le porteur de mauvaise nouvelle d'avec la mauvaise nouvelle qu'il apporte. Il existe d'autres exemples de cette tendance : il n'est qu'à se souvenir de l'affiche « J'accuse » de Damien Saez et de la polémique grotesque qu'elle a suscitée à cause d'interprétations grossières émanant d'individus décérébrés. Idem pour le clip « College Boy » d'Indochine. Notre société en est arrivée à fabriquer des incultes paranoïaques qui prennent de plus en plus de place. C'est très inquiétant car l'arrogance va souvent de pair avec l'ignorance.

Paresse à penser, folie, fanatisme, angélisme, infantilisme, négation du principe de réalité : tout cela est dû en grande partie à un manque d'éducation, de morale civique et à une aversion envers les nourritures spirituelles, auxquelles se substituent sans aucune peine des egos hypertrophiés, immatures, pleins d'assurance et la croyance aveugle en des idéologies faciles, notamment politiques et de plus en plus religieuses, souvent périmées qui ont fait la preuve de leur nocivité. Une connaissance solide et structurée du monde est pourtant la base d'un esprit sain, ouvert et rationnel.

Ce n'est pas sans raison qu'A.F. est un pessimiste. Il a conscience des efforts indispensables à la reconstruction de notre Nation et voit pertinemment que nous n'en prenons pas le chemin. Si cela continue, le pays sera bientôt mûr pour une dictature ou une guerre civile. Comme toute société démocratique se fonde sur l'éducation et l'instruction, elle n'en mérite plus le nom une fois que ces deux piliers lui font défaut.

Ce livre est un jalon majeur de notre Histoire. Nous devrions nous estimer chanceux de compter parmi nos compatriotes un esprit aussi clairvoyant qu'A.F.
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Avec la décolonisation, les pays occidentaux ont voulu lutter contre l'ethnocentrisme européen et le racisme en décrétant l'obligation de respecter toutes les cultures, jusqu'à faire de l'avancée démocratique un simple aspect d'une culture particulière qui a voulu imposer sa domination sur le monde.

Confondant culture et coutumes, universalité des principes de liberté et d'égalité avec les particularismes des peuples, on a fini par accepter des comportements - comme l'inégalité de traitement entre l'homme et la femme, les croyances d'un autre âge - qui s'élèvent contre la dignité humaine et cela au nom du respect des différences.

On a d'autre part abandonné la notion d'individu pour renvoyer chacun à ses origines et à son appartenance à une communauté. Ce qui anéantit toute notion d'universalisme, puisque chacun est censé véhiculer une "vision du monde" le rendant incapable de comprendre objectivement l'autre...

Prétendant que tout est culture et que toutes les cultures se valent, on a renoncé à une hiérarchie des valeurs, aux notions de beau, de bien, d'élévation, de mérite. Pour finalement devenir des consommateurs obsédés par la jeunesse, le désir d'être jeunes, de le rester, de céder au plaisir de l'instant, à l'infantilisme, vivant dans l'ignorance de l'Histoire et des anciens.

Ecrit en 1987 ce petit essai d'Alain Finkielkraut éclaire parfaitement la dérive de notre société moderne et l'échec des Lumières face à la montée de l'obscurantisme, l'univers de la marchandise étant là pour nous faire oublier que c'est chaque jour que l'on conquiert sa liberté...Et le mot de la fin, le Zombie - l'homme sans volonté - et le Fanatique, illustre cruellement notre actualité...
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Bien que les Lumières aient proposé avec pertinence le principe de dépassement de l'humain par la mise en oeuvre de sa capacité critique, de sa volonté de sortir du cadre des préjugés et de son exigence à devenir, il semble au contraire que la posture majoritaire soit aujourd'hui de considérer que c'est la société qui fait l'homme plutôt que l'homme qui fait la société. L'abandon de cette exigence se retrouve dans l'éternel débat entre "Volksgeist" allemand initiée par Herder à la fin des Lumières, traduit en français par "génie de la nation" à la manière de Bonald ou de Maurras (nous pourrions ajouter de Burke en Angleterre) et "principe d'adhésion" du citoyen à une société tel que prônée par la révolution de Sieyès et repris par Renan et De Maistre. C'est au XIXème siècle, lors du renoncement aux Lumières par le romantisme que l'opposition se fait la plus forte, résumée par l'annexion de l'Alsace-Lorraine : Strauss en Allemagne oppose l'évidence des racines germaniques des alsaciens tandis que Renan défend la volonté des Alsaciens eux-mêmes à rester français. Entre temps, la classification des humains sur des critères biologiques est née. En France, l'affaire Dreyfus marque la victoire du principe universaliste, mais de justesse. La suite du XXème siècle se déroule par la victoire des conceptions "biologique" et "sociale" de l'humain (Vacher de la Pouge, Marx) plutôt qu'agissant sur elle. Ce serait le principe de contrition des européens décolonisateurs qui, en associant à tort la promotion d'un principe de pensée élévateur et l'orgueil de s'en croire les détenteurs (qui aboutit seul à la violence et au racisme, mais non le principe lui-même), ont décidé de déclarer l'abolition de toute promotion de la pensée au profit d'une égalité des modes d'être, c'est-à-dire de l'exercice des préjugés propre à chaque culture. Les "cultures" sont depuis des viviers de préjugés dans lesquels la posture intellectuelle ambiante, déclarée jusque dans les textes de l'UNESCO, nous force de plonger et de nous en enorgueillir.
Ausi, si les sociétés humaines deviennent égales les unes aux autres sans autre critère que l'égalité des préjugés, cela signifie que l'humain redevient "animal" ou "zombie", un être biologique incapable de dépasser la "livrée" dont il est revêtu à la naissance et dont, loin de vouloir se débarrasser, il s'emmitoufle (nous pourrions compléter cela par la phrase de Barrès : "revêtons nos préjugés, ils nous tiennent chaud"). N'aspirant plus à engager l'homme à devenir, les sociétés contemporaines encourageraient au contraire l'homme à être ce qu'il a toujours été, à considérer sa petite personne comme un aboutissement ultime de la perfection de l'histoire humaine et à se contenter de l'oppression qu'il opère lui-même sur sa propre pensée. De là, la défaite de la pensée face au préjugé, qui fait de l'homme non pas un principe actif, mais un mode d'être au monde, un mode plat, sans envergure, sans perspective et, parce qu'il renforce les préjugés, ne présage pas d'avenir meilleur que la haine, le racisme, l'exclusion, la désagrégation des sociétés humaines et tout ce qu'un refus de dépassement de soi par une réflexion personnelle rejette : l'élévation de l'esprit, la dialectique entre des pensées nourries, l'aspiration à une société meilleure, bref, tout ce que proposaient les Lumières.


En reprenant Renan, Strauss, Barrès, Maurras, Herder, Finkielkraut pose la question de l'essence du lien entre des "communautaires", de ce qui compose un peuple, une communauté humaine. Il engage à réfléchir à ce que doit être une communauté humaine aujourd'hui, et à ce qu'elle doit aspirer à devenir. On est convaincu par la problématique qui s'inscrit dans ce conflit "Kultur"-"Civilisation", "esprit national"-"plébiscite de tous les jours", "identité locale"-"universalisme", "droit du sang"-"droit du sol", "valeurs ancestrales"-"valeurs universelles", "communauté chaude"-"patriotisme constitutionnel", etc. C'est effectivement parfaitement d'actualité à une époque où certains partis politiques prétendent préparer l'avenir de la société (française, mais dans beaucoup d'autres pays aussi) en l'alourdissant du poids de ses "racines", de son "identité" sans évoquer de projets d'avenir. La problématique de la manière dont nous devons nous sentir "vivre ensemble" et de cette "communautés de valeurs" balance donc bien toujours entre la référence à une origine commune et à un destin commun. Finkielkraut rappelait que l'esprit des Lumières était exactement contraire : être humain, c'était, pour les philosophes, créer, inventer, abattre les préjugés. Le texte est à rapprocher de la thèse défendue par Ortega y Gasset dans "La révolte des masses" il y a près d'un siècle, où, là aussi, c'est la platitude de la pensée, le contentement personnel et le refus de développer une réflexion personnelle qui explique "la défaite de la société" (Ortaga y Gasset écrit dans les années 1930). Ce rapprochement accrédite la valeur de la problématique, puisque déjà défendue voilà un siècle, sans pour autant résoudre la question.
Malheureusement il manque un dernier chapitre à l'essai de Finkielkraut. En effet, les Lumières avaient un adversaires à abattre : l'arbitraire, identifié sous la double forme du pouvoir (la monarchie) et de la foi religieuse (l'église). Pour appliquer un principe critique, il faut encore avoir identifié l'adversaire. Malheureusement, Finkielkraut ne le nomme pas. Les temps ayant changé puisque ce ne sont plus une poignée organisée de penseurs qui peuvent construire l'avenir, mais des centaines de millions de personnes, il reste à organiser cette communauté d'envergure, avec toutes les différences (d'origine et d'aspiration) qu'elle comporte. En outre, se pose la question de savoir si l'on est autorisé à défendre un principe universel sous la forme d'une dichotomie des groupes humains. Le ton est en effet virulent et semble installer l'idée qu'il y aurait ceux "qui ont tout compris" et ... les autres. L'universalisme du principe s'émousse par la violence du propos... On reste donc un peu sur sa faim, convaincu de la véracité du principe, sans indication de ce à quoi il faut l'appliquer. Mais si un essai brille par son expression et sa capacité à germer chez celui qui le lit, "La défaite de la pensée" est excellent. Les mots courent, les phrases virevoltent, la pensée s'envole et tourbillonnent : c'est un grand ménage de printemps. L'essai est bref, mais on interrompt si souvent la lecture pour y insérer ses propres réflexions inspirées par lui qu'elle s'étale finalement, et l'après-midi passe. Vient l'heure de l'apéritif et l'on se sent prêt à affronter une vie nouvelle, même s'il nous reste à inventer la manière de l'aborder (n'était-ce pas justement le propos de l'auteur ?...)
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La défaite de la pensée serait, de l'avis d'amis philosophes, une vile resucée de l'Ame Désarmée d'Alan Bloom. Au delà des débats sur la paternité réelle des idées, c'est la faiblesse toute idéologique de la pensée de Finkielkraut qui m'a marqué à la lecture d'un opuscule qu'on espérerait plus modeste. En un mot, et pour le peu que je m'en souvienne : le bon Alain, se trouvant tout désarmé devant la perte de valeurs universelles, lance une critique acerbe du relativisme ambiant, et appel à un retour à des sources plus solides. Moralité conservatrice et totalement inapplicable, comme en témoigne son chapitre esthétique, où il s'inquiète d'un monde dans lequel une paire de bottes vaudrait Shakespeare (jusque là suivons le), et où il conclut qu'un tel monde mettrait sur un pied d'égalité une bande dessinée et une oeuvre littéraire (si le pauvre homme avait lu plus de romans graphiques) ou encore une chanson de rock et une symphonie de Beethoven. Presque triste d'ignorance et de rigidité.
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La défaite de la pensée
Alain Finkielkraut
1987
Histoire: Essai sur la notion de culture, sur l'évolution de la perception de ce terme des origines à nos jours puis tentative de mise en perspective.

Style : Très lisible, très facile. Un Lagarde et Michard; Finki s'adresse au grand public (de france inter?) et évite les mots de plus de trois syllabes.

Oui: Pendant les 3/4 du livre finki rappelle que la notion de culture a toujours tangué entre deux visions antagonistes :
- La culture : Une vision de la culture "personnelle", ou la culture serait le lieu immatériel de la pensée, un lien entre tous les hommes sensés et doués de raison.
- Ma culture: Une vision "transcendante" ou la culture serait ce qui lie un peuple, ce qui appartient (de gré ou de force) toutes les personnes d'un même groupe (donc immuable). Ce type de culture est appelé en référence à la pensée allemande: "volksgeist" (ou en gros âme du peuple)

...et entre ces deux mon coeur balance... Chacune des visions ayant force et faiblesses; d'un coté il est absurde d'engluer totalement la pensée d'un homme dans les contingences de sa naissance; d'un autre coté il y a tout de même une bonne dose de présomption à penser que de Paris à Ushuaia la pensée des hommes a quelque chose de commun, que la raison transcende les groupes humains. Surtout que cette pensée "unifiée" est née dans une Europe dominante et coloniale; imposer une forme de pensée "commune" n'est ce pas encore une certaine forme de colonisation?
Mais à l'inverse donner tous les droits au nom de la culture - même à ceux qui partagent l'espace national- n'est-il pas un renoncement de ses convictions. le respect de "L/Ma culture" donne t il tous les droits?
Vaste question donc (et toujours d'actualité 20 ans après!)... et très belle mise en perspective dans tous ce que le "scolaire" peut avoir de pédagogique.

Non: Apèes cette belle mise en perspective, comme on s'y attendait, finki s'attaque à l'époque contemporaine. Et là c'est le drame : p 165 "la barbarie a donc fini par s'emparer de la culture" (rien que ça!)
Vous le devinez évidemment: rien ne va plus ma bonne dame; au nom de la culture pour tous, notre belle culture s'est effondrée (plouf), nous permettons tout à tout le monde et donnons le statut de culture à n'importe quoi (même à Renaud et Lavillier!!)(Pourquoi pas au rap et au rock tant qu'on y est?); bref c'est la mort, la fin du siècle et de la civilisation européenne, tout ça tout ça...
Bref du finki pur sucre, tellement pressé d'aller à sa conclusion (tout va mal la culture est morte) qu'il en oublie le plus simple bon sens, le plus minimal pas de coté.

En effet, quel est l'intérêt de juger aujourd'hui l'époque contemporaine ? Comme si le minimum de réflexion ne permettait pas de voir qu'il ne restera évidemment rien (pas grand chose) de notre époque, enfin pas plus que les autres... Par exemple combien d'artiste du beau 16° siècle pouvez-vous me citer? Combien d'artistes d'aujourd'hui seront tombés dans l'oubli dans 400 ans?
Quel est l'intérêt alors de comparer les artistes d'aujourd'hui avec les génies patentés qui eux ont survécu aux siècles? Quant on compare une souris et un éléphant je ne vois pas l'intérêt de prédire qui va gagner le combat... (Et si on compare finki et Platon, finki et Nietzsche, qui gagne?)

De plus, un minimum de regard historique nous permet de voir que, par définition(!), les grandes révolutions stylistiques sont rejetées par l'art classique de l'époque (ex les impressionnistes oui madame - tous les arts premiers qui pendant longtemps (hum jusqu'à il y a 20 ans en gros) n'étaient même pas de l'art, Yves Klein bien sûr etc... etc etc..). A la fin, on pourrait donc même (si on est joueur) en tirer une morale et se dire au contraire que tout art acclamé par les culture classique de sa propre époque est voué à tomber définitivement dans l'oubli puisqu'il est strictement ancré dans son époque et ne la dépasse(ra) pas.
Donc artiste contemporains méfiez vous, si finki et vos amis vous aiment c'est que vous êtes déjà presque oublié... le respect de finki est le baiser de la mort ;)))

Alors bien sur on me dira que je suis méchant et que des artistes ont été acclamés par leur époque et sont restés dans la postérité et c'est vrai... pour les génies absolus; les autres...

Conclusion personnelle : Malgré mes piquounettes, finki pose tout de même de bonnes questions sur notre rapport à la culture dont tout le monde parle sans savoir vraiment les sens de ce mot. Et finalement une question m'est venue en tête : d'où vient l'idée que la culture doit être/est accessibles à tous? Historiquement elle ne l'a jamais été, pourquoi devrait elle l'être aujourd'hui? Finalement c'est étrange non qu'on exige du citoyen lambda aujourd'hui un minimum de respect de la """culture""" ; là ou on ne lui demande plus vraiment "d'honneur" ou de même de "respect de la chose publique". Pour faire gros il est parfaitement normal de gruger l'état à tout va (de s'en vanter en plus!), d'écraser les autres, d'être un tantinet odieux mais impardonnable et rédhibitoire de ne pas connaitre les noms des départements, ni erik satie...Choses finalement d'autant plus drôle qu'au même moment ou on a voulu éduquer au maximum la pensée critique de la jeunesse, les conditions de (sur)vie se sont radicalisée obligeant a une aliénation de plus en plus intense (m'enfin j'dis ça hien, j'dis rien, comme ça en passant)

Cependant la question qu'il pose sur les respect des cultures existant sur le territoire national est bonne. Sauf qu'à mon sens la réponse est à trouver dans la loi et non dans la culture. La loi d'un pays doit être transcendante à tous ces habitants, quelle que soit leur origine. Nous ne pouvons pas imposer notre vision des choses au pays alentours, quel que soit leur niveau de développements mais nous devons faire appliquer nos lois dans notre espace. Non parce qu'elles sont bonnes, ou meilleures, ni même parce qu'elles sont justes ou justifiées mais parce que nous en avons décidé ainsi. Je trouve tout de même étrange que la découverte et le respect des autres cultures nous rende aphasique et je relie cette aphasie à une surdose de pensée platonicienne: à nous croire dans le Vrai et dans le Juste, nous restons comme deux ronds de flan en voyant d'autres cultures sur d'autres valeurs.
Peut être est il donc (enfin temps) de relativiser nos valeurs et de revendiquer non leur vérité mais leur choix.
Les valeurs qui alimentent notre culture ne sont pas "justes" mais ce sont celles que nous avons choisi, alors défendons les; y compris évidemment dans leur composante arbitraire puisqu'au fond aucune valeur n'est Juste, aucune culture n'est Vraie. le fait d'arrêter un choix est une condition nécessaire et suffisante a sa défense, ins't it?

Oups i did it again, finki sort de mon corps!!!

Oui ou non : Et ben donc oui pour réfléchir à la notion de culture, non pour avoir un regard objectif et sensé sur la culture d'aujourd'hui... ;)))

Lien : http://xannadu.canalblog.com
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La Défaite de la pensée, Alain Finkielkraut

Finkielkraut propose ici un essai sur la notion de culture, sur l'évolution de la perception de ce terme des origines à nos jours. Il critique le « relativisme » culturel qui intègre n'importe quelle activité comme typique de la pensée. Celles-ci, considérées aujourd'hui comme pratiques culturelles, traduisent, selon l'auteur, la défaite de la pensée.

Dans un premier temps, Finkielkraut expose deux visions de la nation :

- la nation-génie ou « Volksgeist » (« génie du peuple ») est basée sur l'appartenance à une même langue, une même « race », une même culture. Issue du Romantisme, il n'est plus question d'adhérer mais de s'inscrire automatiquement dans l'histoire particulière transmise par les ancêtres. Dans cette conception, la culture serait ce qui lie, inconsciemment, un peuple, ce qui appartient, de gré ou de force, à toutes les personnes d'un même groupe. Toutefois, il est impossible d'enfermer les êtres humains dans leurs appartenances, la pensée de l'homme ne saurait être déterminée par sa seule naissance. Finkielkraut illustre ce propos par l'exemple du refus de l'Alsace et de la Lorraine à retourner dans le giron de l'État allemand après la défaite de 1870.

- à l'opposé, la nation-contrat : il s'agit de l'assemblée des citoyens adhérant volontairement à des principes, comme les Droits de l'homme. Elle puise son origine dans les Lumières et vise à rassembler les individus, non plus selon leurs origines, mais autour d'un contrat commun. La culture devient alors un lieu immatériel de la pensée, un lien entre tous les hommes sensés et doués de raison.

Or, Finkielkraut regrette l'abandon de la pensée universaliste des Lumières à la recherche d'un idéal culturel qui transcenderait les particularismes au bénéfice d'une multitude de « nations-génie », dans lesquelles tout acte, toute activité peuvent être qualifiés de culturels. de plus, dans un tel système, les individus se retrouvent dans l'impossibilité de se détacher de leur appartenance ethnique, culturelle ou religieuse.

L'avènement des sciences humaines et l'étude des systèmes culturels de différentes tribus par les ethnologues du XXè siècle, n'a fait qu'accélérer la relativisation des valeurs. A l'évidence, Finkielkraut dénonce le refus de hiérarchiser la culture, puisque, dans nos sociétés tendant vers le multiculturalisme, tout se vaut pour le grand bonheur d'un marché mondial capitaliste qui amalgame culture, divertissement et activités variées sous le label « culture ».
Ainsi, un slogan publicitaire vaudrait un poème d'Apollinaire, un grand couturier serait comparable à Michel Ange, un clip pourrait concurrencer un opéra de Verdi ou encore, si elles sont signées par un grand styliste, une paire de bottes serait l'égale de Shakespeare.

Mais Finkielkraut s'insurge contre une éventuelle égalité entre Beethoven et Bob Marley, entre le rock et Duke Ellington semblant, ici, exagérément fermé aux créations contemporaines. S'il est vrai que Beethoven a traversé les siècles, il semble prématuré de jeter aux orties les artistes du XXè siècle ! (Qu'il a tout à fait le droit de ne pas apprécier !)

D'après Finkielkraut, renonçant à tendre vers une culture humaniste universelle « la pensée cède doucement la place au face-à-face terrible et dérisoire du fanatique et du zombie ».
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Si clairvoyant
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Un petit rappel de l'évolution de l'universalité des «Lumières» vers la valeur et notion de particularisme en passant par «l'esprit d'un peuple» le Volksgeist réponse allemande à l'hégémonie philosophique française, la décolonisation et les nationalismes exacerbés du tiers-monde répondant aux besoins de rejeter tout ce qui est occidental quitte à s'enfermer
dans un racisme nouveau et le rejet du socialisme vecteur d'universalité de la classe ouvrière.
Finkielkraut fait une bonne rétrospective du cheminement des idées jusqu'à aujourd'hui ainsi qu'une analyse critique de la pensée assez juste. A la culture universelle, un temps envisagée, on lui préfère aujourd'hui, des cultures particulières qui, non seulement contiennent les individus mais les éduquent en tant que sujets appartenant à groupe bien défini. Les tenants de l'ethnocentrisme occidental font leur mea culpa et engagent une réflexion contraire qui se traduit par une régression.
l'Unesco combat l'ethnocentrisme occidental pour faire émerger les autres cultures Toutefois il arrive, paradoxalement, à l'effet contraire en contraignant ces cultures multiples à faire leur propre ethnocentrisme et à les enfermer sur elles-mêmes.
de l'universel on passe au particularisme exclusif et donc on valide la légitimité des diversités culturelles sans lien hiérarchique de valeur: On abandonne l'idée élective de la nation définie comme association volontaire d'individus libres et on revient à l' idée réductrice d'appartenance ethnique.
La classe dominante impose ses valeurs et de fait déprécie celles qu'elle ne valide pas en humiliant ceux qui les portent. Avec la multiplication des cultures on en arrive à une perte de repères et l'inculturation du moment mène à l' acculturation et en même temps à l'inculture: toute activité est culture, tout est équivalent et consommé indifféremment avec addiction.
Voilà une analyse de vilain «mécontemporain» qui doit en chagriner beaucoup et encore aujourd'hui plus de 35 ans plus tard le sujet reste tout à fait actuel et se pose avec encore plus de pertinence surtout que les cultures montantes, dont celles théologiques radicales se font de plus en plus hégémoniques et pas de manière très cordiale.
Bref le renoncement à l'universalité c'est à dire à des valeurs dans lesquelles toutes les nationalité ou cultures puissent se reconnaître ou du moins puisse s'accorder risque de mener à une multitudes de mondes totalitaires qui trouveront leur justification en soi.
Une vulgarisation très accessible pour le lecteur peu porté sur la philosophie sans contresens et interprétation malsaine mais avec écrite avec beaucoup de fermeté : Finkielkraut Alain est considéré comme un grincheux mais peut-on lui reprocher de dire des choses justes ?
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Cet ouvrage fort utile aurait mérité d'être plus épais, plus conséquent. Les citations qu'il contient sont souvent de deuxième main, et quand on remonte aux sources on découvre que le texte en était approximatif, voire faussé.
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L'ouvrage d'Alain Finkielkraut est assez inégal. Sa première partie est consacrée à une présentation des différentes conceptions de la culture sur le mode de la vulgarisation. L'approche universaliste, née du monde des Lumières, qui voit dans la culture un patrimoine commun à l'humanité est opposée à la conception communautariste, au Volksgeist germanique et au repli sur soi qu'il suppose. L'auteur marque sa préférence pour une culture d'adhésion, visant au partage. Cette première partie a le mérite de présenter clairement les grands enjeux du débat. C'est le genre de bouquin qui ouvre des portes dans une formation intellectuelle.
La seconde partie du livre est plus axée sur la tension entre démocratisation de la culture et démocratie culturelle. L'auteur y perd son objectivité et carricature l'évolution des politiques culturelles depuis 68. Fustigeant la politique du tout se vaut, éructant contre les formes artistiques populaires, il verse dans l'à-peu-près intellectuel, crie qu'avant c'était mieux et que la culture de masse d'aujourd'hui est naturellement stupide.
Si le constat est pertinent jusqu'à un certain point, qu'on pense aux émissions débiles dont nous bassines les chaînes de TV, il n'en reste pas moins que la question de la culture se pose aussi dans un cadre social donné. Après l'échec de toutes les politiques de démocratisation de la culture, les tentatives de démocratie culturelles, d'implication des citoyens dans les projets, dans leur définition et dans leur mise en oeuvre ont permis à des groupes éloignés de la culture instituée, la seule qui semble trouver grâce aux yeux de Finkielkraut, de s'approprier leur propre destin.
Le discours selon lequel il y aurait une vraie culture dont les initiés peuvent nous ouvrir les portes et un nuage de sottises qui ne méritent que mépris s'inscrit dans une tradition historique de modelage par les classes dominantes de la symbolique liée à la culture.
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