Malgré quelques pages intéressantes, en particulier l'analyse de la manière dont la pensée romantique a engendré le nationalisme au XIXe siècle, ou sur l'idéologie implicite qui préside à la construction européenne, le livre a un peu de mal à cacher que son but premier est de dresser le catalogue de tout ce qui énerve
Alain Finkielkraut dans la société contemporaine (et il y a matière).
On peut, par exemple, partager son agacement au sujet du culte du jeunisme fabriqué par la société de consommation, mais le lien avec l'identité nationale est quand même bien ténu.
Quant à l'explication du rejet du voile islamique en France par la seule tradition d'une forme de galanterie typiquement française, elle n'est tout de même pas bien convaincante. En poussant à peine le raisonnement, il faudrait voiler les femmes laides en France....
Enfin, parler du malaise des banlieues en se fondant juste sur un film (la journée de la jupe) et un témoignage (la visite d'
Elisabeth Badinter dans un lycée de banlieue nord) donne le sentiment que l'auteur préfère traiter son sujet à bonne distance, depuis la terrasse du café de Flore. C'est tout de même un peu trop léger.
Bref, même en ayant abordé le livre sans les a priori qui s'attachent souvent à cet auteur injustement décrié par les medias, on ressort un peu déçu. Il reste le style, brillant comme d'habitude. Mais ça finit par ne plus suffire.