Merik, si je te remercie aujourd'hui pour ton billet qui m'a donné plus qu'envie de surfer les pages de «
Jours barbares », je t'ai aussi gentiment maudit. Dès la fin de la lecture de ton ressenti, j'ai commandé le bouquin avant de constater que… putain, 500 pages !!!!!! Mon premier pavé. 500 ça en fera sourire certains mais de mon coté c'est trop. C'est trop sauf que
William Finnegan, l'océan, le surf, ça fait passer le temps sans qu'on s'en aperçoive.
Ce bouquin est le bouquin d'une partie des mes fantasmes. Pas difficile de me contenter, l'océan, des vagues et je baigne dans le luxe mais là il y a ce petit plus qui fait toucher du bout des doigts le rêve.
Mon rêve de parisien qui tentait de tenir sur sa planche et de se prendre pour Tom Curren, comme un gamin entre dans la peau de Messi à chaque récré, cinq semaines par an et dès qu'il avait un week end de trois jours pour descendre dans les Landes à Hossegor. Un rêve entretenu tout au long de l'année à travers Surf Session, Surfer's Journal, quelques VHS (oui c'était au siècle dernier… déjà) et puis le film, The endless summer.
Jours barbares c'est un peu The endless summer, deux potes en quête de la vague à travers le monde. Une vie hors système, hors contraintes et une idée fixe qui ferait la joie de n'importe quel psychiatre, bref, une philosophie de vie que j'aurais probablement adopté si j'avais vu le jour près de l'océan ou si j'avais passé mon enfance à Hawaï comme Finnegan. Vu comme ça, certains diront peut être que c'est une vie de branleur. Je répondrai juste que je souhaite à tout le monde ce genre de pratique c'est-à-dire de vivre sa passion sans limites (encore un truc à ne pas oublier dans ma prochaine vie…).
Finnegan nous plonge dans une Amérique de la fin des années 50, celle de son enfance, à Hawaï plus précisément. Ambiance Happy Days sur fond de Beach Boys. Rien pour me faire vibrer en apparence sauf que le gamin Finnegan va découvrir un truc pas possible que font les locaux, le surf.
Enfant, ado, adulte, l'auteur nous conte l'évolution du surf et de cet esprit à travers son expérience. Une expérience qui le mènera sur tous les océans du monde pour chercher la vague parfaite, le spot inconnu et désert. Une expérience qui lui fera découvrir le monde et le fera s'engager et témoigner contre l'apartheid en Afrique du sud, écrire, devenir journaliste, militant et « branleur de surfeur » pour les gens comme il faut.
Ce bouquin est une ode au surf mais pas que. Certains travers de cet esprit ne sont pas éludés parce qu'au pays de Candy tout n'est pas si rose. Une vague c'est comme un coin à champignons, ça ne se partage pas, on se la garde. Faut dire que certains spots ressemblent au périph un mardi de novembre vers 18h sous la pluie et que pour prendre une vague il faut être patient et attendre son tour (vous êtes le numéro 56 dans la file d'attente) soit être inconscient (un con chiant) et griller la priorité à tout le monde ce qui est quasi une déclaration de guerre aux autres surfeurs. La vague c'est un plaisir solitaire, un truc de branleur quoi. Et merde…
Pas facile non plus dans le milieu, d'arriver dans un endroit nouveau. Faut se faire accepter par les locaux. Il faut du temps, il faut les bluffer sur leur terrain.
A première vue le surfeur n'est qu'un abruti, égoïste le nez dans le guidon mais pas que. La solidarité prend tout son sens quand quelqu'un a un problème à l'eau. Et puis les heures passées à observer l'océan, les séries de vagues, cette communion avec la nature, cette connaissance de la météo et de ses effets à venir, font de lui un mec plus réfléchi qu'il n'y parait.
Et puis cette image du blond bodybuildé bronzé paradant sur la plage prend une bonne claque avec ce bouquin pendant des sessions sous le gris, sous la pluie quand la houle chasse le baigneur. le genre de tête à tête avec la passion qui pousse à l'humilité et fait ressentir parfois la fragilité d'une vie.
Quel pied que ce périple nous menant d'Hawaï à Madère en passant par les Fidji, la Californie, l'Afrique du sud et le mythique Jeffreys Bay, Bali, New York (je n'imaginais pas qu'il y avait des spots dans le coin), l'Indonésie, l'Australie, les Philippines.
Tout au long des pages, l'océan bouscule. Une caresse par ici une claque mémorable par là, je t'aime moi non plus dans toute sa splendeur. Quelques pauses parce qu'avec le temps tout est fait pour te faire rentrer dans le moule et puis qu'il faut bien financer les voyages et puis la famille, la vie, enfin tout un tas de choses qui brident une certaine liberté. Faudrait pas vieillir…
Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains car même si le surf vous tente, j'avoue qu'une grande partie de chaque chapitre peut perdre et lasser le lecteur avec tous les termes (glossaire en fin de livre) et descriptions de vagues.