Le trésorier du club de bridge de Mulhouse est retrouvé terrassé par la piqure d'un scorpion. L'amant de la frivole épouse collectionne ces sales bestioles, doublé d'un machisme à tout crin. Vous voyez l'intrigue ? Grosses ficelles et accumulation de clichés à tous les étages.
Le suspens inexistant, les personnages monolithiques plombent un peu plus encore l'entreprise. A croire que ce court polar ne semble être qu'un prétexte pour exprimer des frustrations sexuelles et littéraires de pauvre petit mâle blanc.
Commenter  J’apprécie         10
Le livre fait partie de la collection « Les Enquêtes Rhénanes », collection de romans policiers qui ont tous la particularité de se dérouler en Alsace …. et que je vous invite à découvrir.
Une fois passé l'originalité de l'arme du crime, le roman se laisse lire sans plus, l'auteur ayant tricoté une intrigue un peu poussive.
A découvrir … néanmoins
Commenter  J’apprécie         10
Ce jour-là, un beau jour de printemps, des rayons de soleil impertinents lèchent les fenêtres du CCM. Ils semblent indiquer que la semaine sainte n’est plus et paraissent se forcer pour atteindre la première table installée près de la porte.
À cette table, se sont assis (les quatre points cardinaux régissent les places attribuées aux joueurs) au nord et au sud Denis Fischesser et Myriam Fresnay, à l’est et à l’ouest Rosette Weber, aussi appelée Rosy, et Adeline Nauroy. Rosette et Adeline jouent toujours ensemble, contre vents et marées.
Elles ont le même âge, déjà septuagénaires, mais pas encore octogénaires. Elles ont pris leur retraite en même temps et ont appris à jouer ensemble dans un club aujourd’hui disparu. Depuis, elles semblent s’être juré fidélité.
Après avoir compté les bouteilles qui restent en stock, il soupèse la caisse : il estime qu’il y a un peu plus d’argent que d’habitude et se réjouit de faire les comptes à la maison. Il est vrai que le bar self service semble avoir eu plus de clients que d’habitude.
— Qu’est-ce qu’elle est pénible !
Denis sursaute : il n’a pas vu Guy entrer dans le bar.
Guy est également « mort » et il en profite pour se servir une bière bien fraîche. Il boit goulûment afin de perdre le moins de temps possible.
Guy rejoint sa table dans les meilleurs délais, Christelle semble y dominer un jeu de 3 SA (trois sans atout), tout en s’excusant à demi-mot des frasques de son mari, les larmes au bord des yeux, en s’adressant à ses adversaires.
La salle a bénéficié de travaux de restauration autour des années cinquante. Depuis, le comité de direction du club a toujours repoussé une nouvelle opération de rajeunissement parce que la trésorerie ne le permettait pas ou parce qu’il était question, tous les dix ans, d’achat ou de location de nouveaux locaux.
Quoi qu’il en soit, les membres du CCM exercent leur loisir dans un local suranné, au plafond haut plutôt grisâtre, avec des fenêtres à ogives donnant sur la place. Le bruit de la circulation a été atténué grâce à des doubles-vitrages offerts par un mécène qui avait fêté simultanément son soixantième anniversaire et un trophée obtenu, à la surprise générale, dans un tournoi de niveau national.
Le parquet grince, à l’instar des articulations de certains bridgeurs qui ont perdu la souplesse de leurs rotules, mais gardé toute leur tête.
Les tentures capturent et accumulent la poussière, tandis que les lambris qui tombent en décrépitude attendent qu’un volontaire féru de bricolage leur confère une nouvelle jeunesse.
Malgré ces signes d’indigence, il règne au CCM une ambiance désuète ne manquant pas de charme. Si bien que d’aucuns proclament sans ambages et non sans fierté qu’ils ont l’impression de se retrouver dans un de ces clubs qu’ils ont visité à l’occasion d’un séjour en Grande Bretagne.
De très anciens lustres en cristal de Baccarat éclairent avec parcimonie cette salle où douze tables de bridge ont été disposées. Au club, le comité a décidé de ne pas changer ces luminaires parce qu’ils sont d’époque et par conséquent d’une valeur inestimable.
Les tables de bridge ne déparent pas le décor Napoléon III. Les tapis plus ou moins verts sont râpés et de vieilles boîtes d’enchères rouges, aussi appelées « bidding box » par les anglophones sont fixées aux quatre pieds de chaque table.