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Citations sur L'ivresse de la marche (17)

Pour moi, le vrai sens du voyage, et notamment du voyage à pied, est dans l'effort personnel, égotiste, qui consiste à se mettre en harmonie avec le monde – la nature et les hommes. Cet effort inutile ne contribue pas de manière spectaculaire à sauver la planète, mais il présente au moins l'immense mérite de ne pas lui nuire ni de mentir aux hommes qui la peuplent. Car la marche est d'abord, par le dépouillement qu'elle implique, par sa simplicité, une démarche de sincérité.
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Il m'est arrivé de croiser un ours brun, accablé comme moi par la pluie continuelle, de la manière la plus courtoise qui soit. Nous étant arrêtés à 12 mètres l'un de l'autre pour nous dévisager, nous entreprîmes juste de nous écarter légérement, chacun par sa droite, de la sente animalière où, à cet instant, nous n'avions pas la moindre intention de nous chercher noise, pour poursuivre aussitôt tête baissée notre cheminement taciturne. (...) Plantigrade, omnivore, l'ours est réellement, plutôt que l'ennemi de l'homme, son magnifique cousin va-nu-pieds.
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Si elle ouvre les portes, la marche ne donne aucun droit, quel que soit l'état de fatigue ou de précarité dans lequel celui qui s'y livre s'est placé de plein gré. Elle oblige au contraire le marcheur à conserver, en la renouvelant sans cesse, une faculté inestimable: l'émerveillement.
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Plus mensonger encore que de vouloir récupérer une part de l’aura des grands voyageurs d’antan est à mes yeux le fait d’alléguer des motifs humanitaires, écologiques, culturels ou scientifiques pour se mettre en route. Marcher au profit d’une instance charitable quelle qu’elle soit, pour attirer l’attention sur la préservation d’un écosystème menacé, en faveur de la cause de telle population persécutée ou en vue de l’avancée de telle recherche médicale procède d’une intention méritoire mais qui, à l’usage, est vite corrompue par l’objectif de publicité. On exagère ses réalisations pour accroître les dons, on utilise des moyens lourds et bien peu écologiques pour filmer sa progression dans le milieu à défendre, on modifie son itinéraire et sa pertinence pour passer au journal de 20 heures, on fait croire que les données collectées en route apportent une contribution décisive à la connaissance de l’épaisseur de la banquise ou du rôle de la canopée, alors que des équipes et des instruments scientifiques dédiés étudient ces questions depuis des décennies. Plus dangereux encore, les marcheurs ou autres sportifs qui, à grand renfort de tests médicaux avant, pendant et après leur exploit, veulent persuader qu’ils apportent une meilleure compréhension de la nature et de la résistance humaines : l’homme dans le chaud, le froid, l’obscurité, la solitude. Comme si, malheureusement, l’histoire humaine, toutes les histoires des hommes, ne nous avait pas abondamment renseignés sur le sujet. Pour moi, le vrai sens du voyage, et notamment du voyage à pied, est dans l’effort personnel, égotiste, qui consiste à se mettre en harmonie avec le monde – la nature et les hommes. Cet effort inutile ne contribue pas de manière spectaculaire à sauver la planète, mais il présente au moins l’immense mérite de ne pas lui nuire ni de mentir aux hommes qui la peuplent. Car la marche est d’abord, par le dépouillement qu’elle implique, par sa simplicité, une démarche de sincérité.
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Lecteur, j'aimerais que tu ne retiennes qu'une chose au terme de ces lignes.
Que ni la gloire, ni la recherche de l'exploit, ni le dépit ne t'animent, mais seulement le désir de voyager. Ne crains rien, ni l'abandon des tiens ni celui de ta vie présente, ni ce que te réservent les lendemains de route.
Endosse ton sac et trace ton propre chemin, fût-il d'un jour, d'une semaine, d'un mois ou d'une vie.
Tu feras de l'amitié de fortune ta provende et de la nature ton amante. Ainsi, quand la pluie du ciel te deviendra aussi douce que l'eau de source, le bruit de l'orage précieux comme le grondement des cascades, quand la valse des floraisons et des saisons t'emportera, quand le chaud et le froid te seront indifférents, que tu appelleras la bise ou l'harmattan pour qu'ils t'instillent le goût du dépassement, que tu espéreras la neige pour qu'elle ranime en toi l'aspiration à la pureté et les sables pour qu'ils polissent ton dépouillement, tu connaîtras l'ivresse de la marche, une ivresse qui ne nuit jamais, une ivresse qui ne passe pas. (p. 88-89)
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Pour moi, le vrai sens du voyage, et notamment du voyage à pied, est dans l'effort personnel, égoïste, qui consiste à se mettre en harmonie avec le monde - la nature et les hommes. Cet effort inutile ne contribue pas de manière spectaculaire à sauver la planète, mais il présente au moins l'immense mérite de ne pas nuire ni de mentir aux hommes qui la peuplent. Car la marche est d'abord, par le dépouillement qu'elle implique, par sa simplicité, une démarche de sincérité.
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L'un des immenses privilèges du voyage à pied est de permettre à celui qui s'y adonne de goûter pleinement l'ivresse d'avoir parcouru un territoire à la seule force de ses mollets et de sa détermination, de lui offrir le sentiment gratifiant d'avoir été le seul artisan de la découverte d'un paysage ou d'un écosystème. Deviner dans le ciel voilé du matin les confins où l'on sera rendu au soir; apercevoir derrière soi, dans la forte lumière de midi, le lieu où l'on est parti au matin et, devant soi, celui où l'on parviendra à la nuit ; dans la sérénité du crépuscule, se dire que la veille on avait campé là, en ce point quasi indiscernable à présent, et qu'on s'y trouvait encore à l'aube. Puis, sans plus songer à la fatigue, à la chaleur ou au froid, à la faim ou à la soif, oser penser qu'en poursuivant jour après jour de la sorte on serait pratiquement en mesure de faire, pas après pas, le tour de la planète ...
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Et puis, peut-être par crainte de l'inconnu ou par manque d'imagination, nombre de voyageurs, plutôt que d'inventer leur route, mettent leurs pas dans ceux d'un prédécesseur.
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Personne ne marche par le seul pouvoir de ses pieds.
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Le chemin - ses détours, ses signes, ses embûches - autorise une communion unique entre tous ceux qui l'ont emprunté et continuent d'en fouler la poussière. Il ressuscite dans le même contexte, aux mêmes endroits, des émotions universelles. (p. 83)
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