AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaBiblidOnee


Il n'était pas dans ma PAL, mais je n'ai pas pu résister lorsque je l'ai aperçu dans vos lectures. Un psy dans un avion, c'est tout ce dont j'avais besoin pour apprendre à me raisonner. Ou alors le contraire, tout ce dont j'avais besoin pour convaincre mon mari de NE PLUS me faire monter dans ces boites en ferraille. En plus, j'ai un ami qui bosse dans des usines qui fabriquent les pièces qui servent aux Airbus et… Non, je ne veux pas vous faire peur, vous qui croyez en la technologie humaine. Ou en la chance / la magie ? Bref, n'écoutant que ma curiosité déraisonnable pour ce psy effrayé qui me ressemble, j'ai donc sauté dans l'appareil avec mon aviophobie en bandoulière, allant à l'encontre de tout ce que mon être me criait. Après tout, au diable « les varices » (13 heures de vol aidant), comment ce roman pourrait me faire plus peur que ce que ressens déjà ?


Et puis une fois embarquée avec Mats (le psy), l'auteur ne m'a plus laissé l'occasion ni l'envie de faire demi-tour. le rythme enlevé de son écriture et la régularité de sa construction y sont pour beaucoup, les histoires de fous qui s'entremêlent dans les chapitres ont fait le reste. Fitzek sait faire monter la tension et la curiosité sans que le stress de la situation ne nous prenne à la gorge ni ne nous fasse faire des cauchemars. On se pose des questions, mais tout vient à point à qui sait attendre, et l'histoire avance à la vitesse de croisière idéale pour absorber les turbulences. Une fois installés, en ayant pris soin d'éviter le siège 7A, il suffit de tourner les pages et de se laisser porter par l'auteur, qui sait parfaitement où il nous emmène et comment nous y emmener. A ce stade, pas besoin de petite pilule qui fait dormir - mais je ne suis pas contre un petit apéro pour me détendre pendant le décollage, Chéri, merci.


« - Votre mission, docteur Krüger, si vous voulez sauver la vie de Nele, consiste à activer la bombe psychique qui se trouve à bord.
_ Que je… quoi ? lâcha Mats. »


Ok, rectification. Un psy n'est peut-être pas ce qu'il me faut dans cet avion, finalement… En plus de l'altitude qui menace de faire exploser ma tête, de la vue en dessous de moi qui me donne le vertige, des trous d'air qui promènent mon coeur dans tout mon corps, j'ai maintenant un problème philosophique à régler avec Mats - le psy : Un inconnu au téléphone lui donne le temps du vol pour manipuler une ancienne patiente, stabilisée mais pas guérie, afin qu'elle face s'écraser l'avion dans lequel nous sommes. Sinon il tue sa fille. Enceinte. Photos à l'appui. Et toutes ces questions qui tournent dans ma tête me donnent la migraine : Quel mobile peut donner envie à quelqu'un de tuer une femme enceinte et/ou 600 passagers ? Ca fait quand même un peu peur de vivre sur terre parmi ces grands malades, en sachant qu'ils peuvent être n'importe qui. Parce que visiblement, Mats le connaît. Que lui a-t-il fait ? Est-ce personnel ? Non, 600 passagers, ce n'est plus personnel. Alors pourquoi une arme psychique ? Plus facile à faire entrer ? Moins risquée pour l'instigateur ? Bien entendu, demander l'aide de la police n'est pas une option, car le gars du téléphone a engagé les moyens qu'il fallait dans l'aventure pour tout contrôler…


Alors là, on fait quoi, nous ? On tue 600 passagers inconnus, ou on laisse sa fille se faire tuer pour sauver les autres ? Je reformule : On se tue nous-mêmes avec les 600 passagers pour sauver une femme et son bébé avec qui il n'a plus de contact ? Ou on ne cède pas mais on tue la femme et l'enfant, la chair de la chair de Mats ? Allez, Mats, c'est toi le psy : réfléchis mais vite !


« Il ne put s'empêcher de penser à la déclaration de Genève, sorte de serment d'Hippocrate moderne auquel se soumettaient les médecins aujourd'hui. Il l'avait prononcé avec solennité.
Je considèrerai la santé et le bien être de mon patient comme ma priorité.
Je n'utiliserai pas mes connaissances médicales pour enfreindre les droits humains et les libertés civiques, MÊME SOUS LA CONTRAINTE.
Je fais ces promesses solennellement »…


*****

Ce fameux test de philosophie, dit du tramway, n'est pas nouveau. Il est notamment très utilisé dans la vie de tous les jours, par exemple pour le paramétrage de nos futures voitures autonomes (Pour éviter une vieille dame traversant hors passage piéton, la voiture va-t-elle choisir de faire un écart percutant deux enfants sur le trottoir ?), ou encore dans les questions morales d'enjeu international (doit-on torturer une personne pour obtenir des informations qui sauveraient des tas d'innocents ?). Mais il est toujours un peu faussé lorsqu'on répond à froid dans l'absolu, dans le confort de civil à l'abri.
Revisité sous forme de thriller, il montre que la réponse humaine à un acte inhumain ne peut pas toujours être logique et morale. La question demeure entière à chaque fois : Que ferions-nous dans le feu de l'action ? Eh bien il faudra lire ce thriller pour le découvrir… Car je ne parlerai pas, même sous la torture !!


« Je ne peux tout de même pas t'aider à sauver une seule et unique vie pour qu'à la fin, si on ne la retrouve pas, tu sacrifies un avion entier ! »


Message personnel à Chéri : Ai survécu au vol LEA 23. Par contre mon amour, le prochain vol que tu veux me faire prendre, ce sera à la Barracuda : Un bon coup sur la tête, ni-vu-ni-connu-j-t-embrouille, à l'ancienne. Sinon, ce sera sans moi.
Allez maintenant, s'il te plaît, j'ai besoin de revenir dans ma zone de confort : Attrape-moi un GRISHAM, vite !!
Commenter  J’apprécie          2317



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}