Citations sur L'étrange histoire de Benjamin Button - La lie du bonheur (70)
Nous sommes censés perdre les gens que nous aimons sinon comment pourrait on savoir l’importance qu’ils ont pour nous.
Les rares personnes à qui la courtoisie ne faisait jamais défaut durent se creuser la cervelle pour trouver des formules de félicitation adéquates à adresser aux parents – ils eurent finalement l'ingénieuse idée de déclarer que le bébé ressemblait à son grand-père, ce qui, étant donné l'état habituel de décrépitude dans lequel se trouvent les hommes à l'âge de soixante-dix ans, ne pouvait être contesté. Cela ne fit pas plaisir à M. et Mme Roger Button et outragea terriblement le grand-père de Benjamin.
Le bruit avait couru qu'un fou avait réussi l'examen d'entrée à Yale et essayait de se faire passer pour un jeune de dix-huit ans. L'université était en effervescence. Des étudiants sortaient de leur salle de cours en courant, les joueurs de football cessaient de s'entraîner pour se joindre à la foule, les femmes des professeurs, la coiffure en désordre et la tournure de travers, poursuivaient, en braillant, la meute des agités, d'où fusait une bordée de lazzis destinés à blesser la sensibilité de Benjamin Button.
Pour ces deux-là, la vie n'avait fait que passer, laissant de la pitié et non de l'amertume ; une simple douleur et non de la désillusion. Le clair de lune était déjà suffisant quand ils se serrèrent la main pour que chacun pût voir la tendresse contenue dans les yeux de l'autre.
On va tous dans la même direction, on prend des chemins différents c’est tout.
Il n'est jamais trop tard ou, dans mon cas, trop tôt pour être ce que l'on veut être. Il n'y a pas de limite, on s'arrête quand on veut. Tu peux changer, ou rester la même.
il n'y a pas de règle pour ces choses. Nous pouvons en faire le meilleur ou le pire. J'espère que tu en feras le meilleur. J'espère que tu verras les choses qui t'effraient. J'espère que tu sentiras des choses que tu n'as jamais senti. J'espère que tu rencontreras des personnes avec un point de vue différent. J'espère que tu vivras une vie dont tu seras fière. Si tu ne trouves pas, j'espère que tu auras la force d'en démarrer une nouvelle.
Au temps lointain de l'année 1860, il était de bon ton de naître chez soi. Je me suis laissé dire que les divinités toutes-puissantes de la médecine avaient désormais décrété que les premiers cris des enfants devaient résonner dans l'air aseptisé d'un hôpital, en vue si possible. Les jeunes Mr. et Mrs. Roger Button avaient donc cinquante ans d'avance sur la mode lorsqu'ils décidèrent, un jour de l'été de 1860, que leur premier enfant naîtrait dans un hôpital. On ne saura jamais si cet anachronisme a eu une quelconque incidence sur l'histoire ahurissante que je m'apprête à relater.
Je vais vous rapporter les faits et vous laisser juger par vous-même.
Les Roger Button jouissaient d'une situation enviable, tant du point de vue social que financier, dans le Baltimore d'avant la guerre de Sécession.
Ils étaient parents de Telle famille et de Telle autre, ce qui les qualifiait, comme le savait tout Sudiste, pour appartenir à cette vaste noblesse dont la Confédération était largement peuplée.
C'était la première fois qu'ils se prêtaient à cette vieille coutume charmante consistant à avoir un bébé. Mr. Button était naturellement nerveux.
Il espérait que ce serait un garçon, pour pouvoir l'envoyer à l'université de Yale dans le Connecticut, établissement où Mr. Button lui-même avait été connu quatre années durant sous le surnom assez facile de « Manchette ».
Le matin de septembre où devait avoir lieu le grand événement, il se leva, nerveux, à 6 heures, s'habilla, régla impeccablement son nœud de cravate et traversa à la hâte les rues de Baltimore pour rejoindre l'hôpital, afin de savoir si la nuit profonde avait fait éclore une nouvelle vie sur son sein.
Arrivé à une centaine de mètres du Maryland Private Hospital for Ladies and Gentlemen, il vit le docteur Keene, le médecin de famille, en descendre le perron en se frottant les mains comme pour se les laver - geste recommandé aux docteurs par l'éthique tacite de leur profession.
[...] devoured already by that eternal inertia which comes to live with each of us one day and stays with us to the end.
( [...] déjà atteinte par cette langueur infinie qui nous gagne tous un jour et nous accompagne jusqu'à la fin de nos jours.)
Twenty-five is too wordly-wise ; thirty is apt to be pale from overwork; forty is the age of long stories that take a whole cigar to tell; sixty is - oh, sixty is too near seventy; but fifty is the mellow age.
(À vingt-cinq ans, on est trop terre à terre; à trente ans, on a de fortes chances d'être épuisé par son travail; à quarante ans, on raconte des histoires tellement longues qu'il faut fumer des cigares pour prendre le temps de les raconter; à soixante ans - ah, soixante, c'est trop près de soixante-dix; mais cinquante, c'est le bel âge.)
Personne ne le trouvait désagréable, ce petit garçon, sur le visage naïf et jovial duquel on pouvait lire un soupçon de tristesse, sauf, précisément, Roscoe, pour lequel sa présence était une source constante d’inquiétude. Comme l’on disait à l’époque, Roscoe trouvait cette affaire « navrante ». Il lui semblait que son père, en refusant de paraître ses soixante ans, ne s’était pas comporté comme un homme, « un vrai de vrai » - c’était l’expression préférée de Roscoe -, mais de manière bizarre et un peu perverse. En effet, il lui suffisait d’y penser pendant une demi-heure pour qu’il en perde presque la raison. Roscoe croyait que les « bains de jouvence » permettaient de rester jeunes, mais en abuser comme ça était… était navrant.