AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070137466
1792 pages
Gallimard (20/09/2012)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Cette édition propose tous les romans publiés du vivant de Fitzgerald, à quoi vient naturellement s’ajouter Le Dernier Nabab, «roman inachevé», dit-on généralement, alors qu’il s’agit plutôt d’un chantier littéraire : l’organisation interne de l’œuvre posait à l’auteur des problèmes qui n’avaient pas encore été résolus au moment de sa mort, le 21 décembre 1940. Le texte est ici retraduit sous le titre figurant sur le dactylogramme laissé par Fitzgerald : Stahr. A Ro... >Voir plus
Que lire après Romans, nouvelles et récits IIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tendre est la nuit.
F. Scott Fitzgerald (1896-1940)
Tome 2 Pléiade

F comme Fitzgerarld, le désenchantement de la "génération perdue", au coeur ou subséquemment au rêve américain qui se consuma comme un feu de paille, ou comme dit Cioran : "le charme de la vie brisée". Il y eut bien Rett Butler qui volait au secours d'une cause perdue qui avait vraiment le fond d'un brave homme finalement et quand une chance définitive s'offrit à lui de se refaire une réputation avec la plus jolie femme du monde : eût-il le tort de croquer ce fruit que le hasard de la vie avait mis sur sa route, était-ce un coup du destin pactisant avec le diable ? Avec Scott, nous sommes un peu dans ces eaux là. On se fiche franchement de la morale ! qui est-elle pour nous juger ? Ce rêve américain, sans complexes, sans limites, assez païen, avait réussi cela. Mais l'envers du décor une fois installé ne fut que plus effroyable !..

Nous avons notre Charles qui nous chante qu'il lui semble que la misère serait moins pénible au soleil ! Il n'est pas sûr ? Il est possible certes que les miettes à se partager sont moins parcimonieuses !..




Deux tomes Gallimard la Pléiade : ah quand même ! Je n'aurais pas cru qu'il avait publié tant que ça, en quoi en 20 ans de métier, mais on va y revenir sur son métier ! Bon il faut dire quand même que les deux tomes s'articulent sur ses deux chefs d'oeuvre qui trouvent tout de même quelques oppositions tenaces : Tendre est la nuit et Gatsby le magnifique.

Oui, il faut s'empresser de dire que Scott a écrit de la littérature de subsistance, inégale, car il lui est arrivé de bouffer de la vache enragée, et peut-être plus souvent qu'on ne le croit. S'il suffisait de s'appeler majordome dans le plus grand hôtel niçois pour connaître Monsieur Scott Fitzgerald, on aurait tout faux. Etait-il ce qu'il paraissait ? non ! Voulait-il être comme il apparaissait dans ses livres ? plutôt non, mais c'est plutôt comme ça qu'il était dans la vraie vie, cela dit ! Ce qui est fascinant chez ces écrivains, c'est qu'il faut lire leur oeuvre pour accéder à leur roman personnel !.. Ben oui, Scott se met en scène !

Si je ne le dis pas tout de suite, je vais oublier après. La question posée sur cet homme ne me lâcherait pas de la nuit, mais l'avantage paradoxal, subliminal, qu'il avait sur quantité de ses pairs, c'est qu'il arrive à dompter son pathos. Pour faire simple, il n'est jamais dans l'émotion : ô grand dieu jamais chez cet athée d'époque. Il ne triche pas, il ne vient pas pleurer, heureusement qu'il y a sa bibine qui l'aide car sa vie ne fut jamais un long fleuve tranquille, d'abord elle fut raccourcie de moitié puisqu'il s'éteint à 45 ans foudroyé par une crise cardiaque..

Pour moi, on ne le dit pas chez ses biographes ou observateurs, c'est typiquement l'enfant surdoué qui va pratiquement tout rater et qui ne va pas être heureux dans le fond, jamais. Si on commence par dire que ses premiers écrits sont de l'eau tiède, ça ne traduit rien du tout. Il connaît quoi d'un père qu'il va maltraiter en le traitant de raté puisqu'il apparaît à ses yeux comme un pousse-brouette. Ce n'est pas mon Vieux de Jean Ferrat avec son pardessus rappé.. que nous susurre jusqu'à la surdose notre ami Guichard depuis 50 ans. Mais qui n'a pas reproché un jour à ses parents de ne pas être une riche famille qui aurait pour effet d'assécher mille humiliations passagères?

Il est du sang de sa mère qui est bien née qui va perdre trois enfants en bas âge .. Bon il y a comme un problème chez Scott quand il dit qu'il ne se sent pas un enfant comme les autres. Il va passer à côté de ses études supérieures dans un institut brillant, humilié par l'esprit de classe qui s'en dégage, et il sent par comparaison son niveau de connaissances d'un bas affligeant, car le jeune homme n'est pas concentré, le fort en thème n'est nullement son affaire, c'est un artiste !..

Il me fait penser à un jardinier sûr de son pommier qui ne donne pas de pommes mais dont il sait très bien que s'il fallait produire, ce serait les plus belles pommes du monde. Ben oui, tout va de soi, concernant son talent littéraire, sauf qu'il écrit à reculons, il estime que son génie devrait se voir, s'entendre, se palper sans qu'il ait besoin de se justifier, être perçu comme quelqu'un qu'il veut être mais qu'il n'est pas tout à fait, c'est-à-dire du sérail et tutti quanti, mais dans cette société dont on estime qu'il y a une "génération perdue" en activité, ça ne passe pas, c'est même cruel. Scott est en permanence dans ce double langage et c'est lui qui souffre. Alors il a tellement de longueurs d'avance parce qu'il a conscience de tout ça, qu'il va ramer à contre courant et publier malgré tout ses deux chefs d'oeuvre.

On passerait à côté de cette incursion chez Scott si on n'entrait pas dans le jeu la belle actrice Zelda qu'il aime profondément. L'artiste se surpassera pour la conquérir. Scott est encore capable de ça ! Une fois le bonheur passé des mariés, la belle va se languir, son homme n'est pas une solidité de tous les instants dont elle a besoin, la mélancolie va la gagner, schizo même, et c'est son drame sans fard que nous raconte Scott dans son Tendre est la nuit, ce mot sublime de Keats ..

Pour moi l'intérêt principal chez Scott Fitzgerald est la meilleure preuve que l'homme et une oeuvre ne font qu'un, que l'un est consubstantiel de l'autre. On se casserait la tête à démontrer ici le contraire. La vraie ligne de la vérité n'est pas dans la première lecture de l'oeuvre, comme la vraie ligne de la vérité n'est pas dans l'apparence des choses à travers une vie d'artiste si contrastée. André Bay, traducteur réputé et fin critique d'art, dit que "Scott Fitzgerald se serait détesté de vivre plus longtemps". Qu'en sait-il dans le fond ? mais le plus important n'est-il pas dans ce qui l'a amené à le dire. Merci le gin, merci le jazz, fût-il inventé de toutes pièces...

-Ecoutez, je suis dans un état impossible à cause de vous. Quand une enfant peut troubler à ce point un monsieur d'un certain âge, tout se complique...
-Vous n'êtes pas un "monsieur d'un certain âge", Dick. Vous êtes l'être le plus jeune qui soit au monde !
-Rosemary ?
Silence, tandis que les regards de Dick s'attardaient sur une étagère où les plus subtils poisons de France étaient alignés : Otard, rhum Saint-James, Marie Brizard, punch, orangeade, André Fernet-Branca, Cherry Rocher et armagnac.
"Etes-vous seule ? Cela ne vous ennuie pas si je baisse le store ?
-Avec qui croyez-vous que je sois ?
-Voilà bien l'état où je suis .. Je donnerais beaucoup pour être auprès de vous maintenant.
Silence. Puis un soupir et la réponse :
-Je voudrais que vous soyez près de moi, maintenant ..

Scott Fitzgerarld était vraiment un authentique écrivain, brillant, et son parcours atypique ne traduit pas toujours son talent, ce talent tôt ou tard quand il s'écoute, eh ben ça donne ces deux perles de rosée indépassables que sont Tendre est la nuit, et Gatsby le magnifique.
Commenter  J’apprécie          102


Videos de Francis Scott Fitzgerald (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Scott Fitzgerald
« L'histoire de ma vie est celle du combat entre une envie irrésistible d'écrire et un concours de circonstances vouées à m'en empêcher. […] Puis, mon roman a été publié. Puis, je me suis marié. Maintenant, je passe mon temps à me demander comment tout cela est arrivé. Selon les mots de l'immortel Jules César : « Tout est dit ; il ne reste plus rien. » (Francis Scott Fitzgerald, « Qui est qui, et quoi? », paru dans le Saturday Evening Post du 18 septembre 1920.)
« […] En mai 1934, Fitzgerald [1896-1940] s'ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins [1884-1947] : « Comme vous le savez, je n'ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j'ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d'articles et de textes divers ont attiré l'attention d'un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l'humour à un soupçon de sagesse. » […] Perkins ne répond pas. Mais l'idée refait surface deux ans plus tard, en mars 1936, quand Fitzgerald lui propose « un livre de réminiscences, non pas une autobiographie, mais des réminiscences ». […] Fitzgerald, plus précis encore : « Il est plus triste de retrouver le passé et de s'apercevoir qu'il n'est pas à la hauteur du présent que de le voir s'échapper pour demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire. » Il s'agit donc, dans ce livre des réminiscences, au cours de cette délicate chasse aux papillons, de retrouver, en dépit de la tristesse et contre elle, un passé à la hauteur du présent, un passé qui tienne ses promesses à l'avenir. […] « Il se trouve que la plus grande partie de ces articles sont intensément personnels : alors qu'un journaliste doit trouver un sujet sur lequel écrire son article quotidien ou hebdomadaire, j'ai écrit ces articles uniquement lorsque l'impulsion venait de l'intérieur. En fait, j'ai les mains plus propres pour la non-fiction que pour la fiction. » […] le projet « Mains propre » était resté lettre morte. Que vive Un livre à soi. » (Pierre Guglielmina, Qu'est-ce qu'un « livre à soi »?)
« […]  […] Jamais la foi dans le destin de l'homme n'avait atteint les sommets auxquels elle est parvenue dans les années 1890 - rarement cette même foi a plongé aussi bas qu'aujourd'hui. Lorsque nous observons autour de nous un rapide déclin des idéaux de conduite, il existe nécessairement une cause fondamentale pour l'expliquer. Il est impossible d'être vicieux dans le vide. Quelque chose de sérieux (que seuls les évangélistes professionnels, les romanciers de gare et les politiciens corrompus prétendent comprendre) affecte le monde. Il faudra un coeur solide pour nager à contre-courant dans ces eaux troubles et ne pas être, comme ma génération, un peu cynique, un peu las et un peu triste. […] - doit-on s'étonner que nous redoutions presque d'ouvrir les journaux le matin de peur d'y découvrir une nouvelle dérive de la civilisation, une nouvelle infamie dans cette chambre obscure que nous appelons le coeur humain ! C'est sur ce monde que nos enfants ouvrent aujourd'hui les yeux. […] […] si mon enfant est un meilleur homme que moi, il viendra me voir enfin pour dire, non pas : « Père, tu avais raison concernant la vie », mais plutôt : « Père, tu avais complètement tort. » Et quand ce moment viendra, et il viendra, puis-je être assez juste et sage pour dire : « Bonne chance et adieu, car j'ai possédé autrefois ce monde qui t'appartient, mais je ne le possède plus. Suis ta voie à présent, avec vaillance dans le combat, et laisse-moi en paix, au milieu de tous ces torts passionnés que j'ai aimés, car je suis vieux et ma tâche est accomplie. » (Francis Scott Fitzgerald, « Attendez d'avoir des enfants à vous ! », paru dans Woman's Home Companion, juillet 1924)
« Crack-up (titre original de ce texte [Craquer]) signifie certes « craquer nerveusement », mais aussi, « rire » ou « faire rire ». Fitzgerald a certainement ce double sens en tête […] » (Note de Pierre Guglielmina)
0:04 - Craquer 13:51 - Générique
Référence bibliographique : Francis Scott Fitzgerald, Un livre à soi, traduit par Pierre Guglielmina, Éditions Les Belles Lettres, 2017
Image d'illustration : https://www.npr.org/2015/01/10/376118599/west-of-sunset-imagines-f-scott-fitzgeralds-last-years-in-hollywood
Bande sonore originale : Gotama - Inner Silence
Site : https://gotama-music.bandcamp.com/track/inner-silence
#FrancisScottFitzgerald #Craquer
+ Lire la suite
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Gatsby le Magnifique

Comment s'appelle le personnage principal qui est également le narrateur du roman ?

Gatsby le Magnifique
Nick Carraway
Tom Buchanan
Francis Scott Fitzgerald

10 questions
604 lecteurs ont répondu
Thème : Gatsby le magnifique de Francis Scott FitzgeraldCréer un quiz sur ce livre

{* *}