Camille Claudel, la vie jeune

A l'occasion d'une visite au musée « La piscine » de Roubaix, quelques personnes s'interrogent sur une période de leur vie. « La petite châtelaine », sculpture de Camille Claudel nous est présentée comme le catalyseur de leurs pensées.
« Ses yeux fiévreux incandescents, sa présence si fragile et si évidente, petite fille de marbre, visage implorant tendrement relevé. »

Un homme debout devant elle pense à sa fillette handicapée, placée dans une maison spécialisée : « Tu es venu me chercher ? Tu es venu enfin ? Papa ! Ca fait des mois, des années que je t'attends, emmène-moi, ne me laisse pas seule ici ! ».

Le ton est totalement différent dans la nouvelle suivante ou nous découvrons une enseignante à bout de nerfs aux prises avec quelques enfants pas vraiment concernés par « la petite châtelaine » et encore moins par Camille Claudel.

Huit histoires nous sont présentées dans ce petit livre joliment illustré.
Huit instantanés de vie, parfois tristes, parfois drôles, souvent attendrissantes, portées par l'infini délicatesse de la plume de Carole Fives que j'ai récemment découverte avec « C'est dimanche et je n'y suis pour rien ».

Je suis très contente d'avoir lu cette (très) courte histoire, et ce à plusieurs titres.
D'abord, parce que ce livre traînait dans ma PAL depuis quelques années après l'avoir acheté à l'occasion d'une rencontre avec l'auteure lors d'une lecture dans un café très connu de ma ville qui, hélas !, changement de propriétaire oblige, a arrêté depuis ce genre de dédicace.
Ensuite, parce que Carole Fives est très très sympa, je me souviens beaucoup de sa gentillesse et de son humilité.
Enfin, parce que l'histoire se déroule au sein du sublime musée La Piscine de Roubaix, un bijou niché au coeur d'une ville à la mauvaise réputation.

La Petite Châtelaine de Camille Claudel se trouve au centre de ces huit destins croisés de personnages, chacun aux prises avec ses propres contradictions, ses propres désirs, face à son passé ou, au contraire, à son avenir, certains au carrefour de leur vie ou sur le point de prendre une décision irrémédiable. Et cette sculpture représentant une petite fille semble porter, c'est selon, tout l'espoir, la tristesse ou la joie du monde sur ses frêles épaules.

Et qui mieux que Caroles Fives, artiste plasticienne de formation, diplômée de l'école des beaux-arts de Tourcoing, ville tout aussi mal considérée que sa voisine roubaisienne, pour retranscrire toute l'émotion apportée par cette sculpture de cette artiste maudite que fut Camille Claudel ?
Une plume très imagée, très franche, très brute, à l'image de ces personnages en perdition.

Une jolie découverte

Challenge Riquiqui 2019
Challenge de l'avenir 2019

Carole Fives imagine des personnages autour d'un buste de petite fille, sculpté par Camille Claudel et exposé dans un musée de Roubaix. Cela donne lieu à des descriptions savoureuses: de la guide de visite un peu décalée au couple qui se dispute, de la réunion d'entreprise au rendez-vous manqué, toutes les situations ont un point commun: la statue que les personnage scrutent ou ignorent. Et quand ils la regardent , ils y projettent ce qu'ils sont et nous font rire ou nous émeuvent.
A prendre davantage comme un ensemble de nouvelles, ce petit ouvrage est original et beau :de nombreuses photos de la sculpture s'y trouvent. Un bon moment.