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EAN : 9782847421460
157 pages
Le Passage (14/01/2010)
3.42/5   39 notes
Résumé :
Il y a les vies que nous aimerions vivre... et celles que nous vivons, faites de compromis, de doutes, de fantasmes : le fils qui fait de la scène pour attirer l'attention de son père, la jeune femme qui comprend que ses opérations de chirurgie plastique n'ont pas réglé ses problèmes, le fan de David Bowie qui perd le sens de la réalité, l'homme qui à force de ratures, de biffures sur son agenda se rend compte que c'est son existence qu'il annule jour après jour, la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Décidément, elle me plaît beaucoup, Madame Fives! Après la découverte avec Une femme au téléphone, j'ai enchaîné avec son recueil Quand nous serons heureux. Noir et caustique mais tellement bien fait qu'on en redemande.

Le titre laisse entendre tout de suite que le "quand nous serons" en question, ce n'est pas demain la veille. En une trentaine de très courtes nouvelles, Carole Fives dresse un bilan cru et incisif de la société actuelle. Une sorte d'étude de caractères, un point sur les relations humaines : homme-femme, parents-enfants, collègues, amants, amis, etc. Tout le monde y passe, pas de jaloux, du RMIste à la fan de David Bowie, de l'écrivain pédant à l'employée RH compétente et investie mais... moche.

En seulement quelques mots, elle brosse le portrait de ses personnages et ses mises en situation font mouche. Un point les rassemble : l'écart (le gouffre pour certains) entre la vie qu'ils se voyaient vivre et celle effectivement vécue. Y transparaissent également les diktats standardisant de la publicité, de la mode et de la société de consommation ("Mammoplastie", "After eight"). Et l'évolution des rêves et des existences ne va pas dans un sens positif. Tout comme nombre de relations de couples après quelques années. Alors forcément, ces récits, ça égratigne au passage, ça jette sans fard des quotidiens peu reluisants, peu encourageants, un chouïa déprimant ("Ploucville" ouvre le bal de manière brillante, de ce point de vue).

La réussite des textes vient de la véracité que l'auteure y met. On pourrait reconnaître une collègue, un voisin, sa mère. Ou soi (là aussi, ça peut faire mal, la lucidité).
Pourtant, elle maintient sa plume à la limite de la sinistrose définitive grâce à sa pointe d'ironie, la dérision qu'elle instille dans certaines situations ("Le goût des filles" a une chute savoureuse), son humour certes noir et corrosif. Elle conclue sur une note d'autodérision avec la dernière nouvelle "Tes nouvelles" où une amie commente son recueil et lui conseille de suivre plutôt la tendance développement personnel ou "feel good books".

Surtout, Madame Fives, n'écoutez pas cette soi-disant amie! Restez comme vous êtes et écrivez de même!
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En une trentaine de minuscules histoires Carole Fives coud un patchwork de portraits d''individus qui ont en commun d'être en décalage avec la vie dont ils rêvent et celle qu'ils vivent. Ces nouvelles captent des petits instants de vie qui explorent les relations humaines (surtout homme/ femmes et parent/enfant) dans ce qu'elles ont de plus triste et désespérant. C'est réaliste, chacun de ces personnages pourrait être votre voisin(e), votre ami(e), votre parent(e) ou pourquoi pas vous, moi ou même l'auteur.....
Ce qui sauve ce recueil de la sinistrose c'est l'écriture de Carole Fives : vive, piquante et teintée d'humour, elle arrive à faire sourire malgré la férocité de son propos.
Je trouve assez cruelle l'ironie du titre car on a bien l'impression que pour tous les personnages mis en scène , c'est pas demain la veille qu'ils risquent d'être heureux...
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Ce recueil de micro-nouvelles a une identité très marquée. La plupart du temps écrits "comme on parle", les textes qui le composent se veulent refléter des moments de vie et des situations du quotidien dans lesquelles on peut tous plus ou moins s'identifier parce qu'affreusement banales, sur un ton délicieusement cynique, voire satirique, façon exutoire. C'est la catharsis par l'humour et la désinvolture. Pourtant, parfois, de légères touches de poésie émergent au milieu du sarcasme.
C'est très surprenant mais bien pensé, avec une postface pleine d'autodérision qui confirme tout l'intérêt de la démarche.
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Le bonheur dont il est question dans le titre semble bien loin des protagonistes… Carole Fives nous présente dans ses nouvelles des êtres désenchantés, malmenés par la vie et par les autres, des hommes et des femmes à l'avenir sans espoir. Mais elle peint leur quotidien avec un ton acide et décalé qui évite le naufrage dans un désespoir sans fond, et qui, subtilement amène le lecteur vers une réflexion constructive. La forme courte et expéditive des nouvelles permet aussi de ne pas s'enferrer dans les situations glauques, mais de simplement les effleurer, les suggérer pour mieux les faire chuter en fin de nouvelle.



« C'est pas parce que la vie est dégoûtante qu'il faut encore en rajouter dans un bouquin, merci. » (p. 155) conseille une amie à l'auteur dans le dernier chapitre, lui enjoignant de plutôt écrire des romans comme Anna Gavalda « plein d'espoir ». Carole Fives est une auteure effectivement bien loin des stratégies commerciales, et qui écrit simplement ce qu'elle ressent, dans un acte de partage sans calcul. Elle choisit délibérément de pointer les travers de la société et de nos semblables plutôt que d'édulcorer comme tant d'auteurs contemporains populaires le monde qui nous entoure… Parce qu'on ne peut pas se cacher les yeux éternellement et que viendra un jour où il faudra peut-être revoir notre rapport aux autres…



Ce que j'ai moins aimé :



J'ai lu ces nouvelles en ayant en tête le dynamisme et la gentillesse de Carole rencontrée par hasard un soir de mai. Je n'ai donc pas ressenti le côté plombant des nouvelles, mais je reconnais que leur cynisme pourrait en désarmer certains…


Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Vous reprendrez bien une petite dose de cynisme ?Voici un recueil de courtes nouvelles plutôt “noires”...Pas de happy ends , seulement différents protagonistes : femmes /hommes /parents ou encore enfants qu'on peut qualifier de désenchantés...Un quotidien morne et acide , la dureté de la réalité ...Si vous avez des tendances dépressives passez votre chemin car c'est loin d'être joyeux même si il y'a énormément d'humour noir ...Cependant c'est une lecture plaisante , les nouvelles font trois pages au grand maximum la lecture est super rapide et fluide , amatrice du genre je suis assez gâtée , lecture efficace & savoureuse sans pourtant que ce ne soit un coup de coeur cela peint parfaitement le réel !J'avais beaucoup apprécié “Tenir jusqu'à l'aube “ un roman poignant et addictif , je n'ai pas eu le même coup de coeur pour cet ouvrage ci mais il reste correct je suis tout de même ravie de l'avoir lu et apprécié !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce n'est pas moi qu'ils répliquent mais mes implants, les faux seins, mes fausses lèvres, ma silhouette équarrie.
(...)
Et ces regards qui auraient dû me sauver, sont devenus insoutenables, clairement ils me tuent. Ils me tuent parce qu'ils ne m'apportent pas le bonheur escompté, si chèrement payé. (...) Aucune caresse d'aucun homme sur mon corps remodelé ne saura me consoler des étreintes dont ma disgrâce m'a tenue écartée tant d'années, aucune ne pourra apaiser mon corps affolé.

"Mammoplastie"
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Je me suis toujours senti différent, alors que je n'aspirais qu'à une chose, être normal. Ni plus ni moins.
Le souci de la norme ne m'a jamais lâché. M'en tenir éloigné me provoque de pénibles vertiges et m'empêche de descendre vers onze heures saluer le concierge et récupérer mes factures. C'est que je voudrais tant recevoir des cartes postales bleu Méditerranée l'été, des faire-part de naissance jaune gazouillis au printemps et des cartons de vernissage à mon nom dès l'automne, c'est que je voudrais tant être comme tout le monde.
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On n'apprend nulle part à dire non. Sûrement pas en famille, où le refus du jeune enfant est vécu comme un caprice, et aussitôt réprimé, ni à l'école bien entendu et encore moins au travail. Pour moi, tout vient de là. De cette impossibilité à dire non, de ces demi-choix, ces demi-vies, qu'on subit sans penser à protester. La fuite, c'est peut-être ce qu'il reste à ceux qui n'ont jamais osé s'opposer. La fuite, ou la mort.
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La beauté est une aristocratie naturelle, celui qui la possède exerce sur ses pairs une autorité que nul ne songe à contester.
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Videos de Carole Fives (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carole Fives
« Moi, je ne réalisais pas vraiment ce qu'on allait faire là-bas. On vivait minute par minute, et c'est ça la vie, finalement, c'est : minute par minute, le reste, c'est du vent. »
Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent.
Paru aux éditions JC Lattès en août 2023.
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