J'étais une jeune fille quand j'ai vu "
Beignets de tomates vertes" en film et déjà à l'époque j'avais adoré cette histoire me prenant d'affection notamment pour Idgie.
Mais le film est bien en deçà du livre. J'ai fini ma lecture vraiment émue et désolée de laisser ces personnages tellement attachants.
La plume de l'auteur est vraiment agréable, fluide. Elle jongle avec plusieurs types de narration et d'époques sans jamais nous perdre ni nous ennuyer.
Elle aborde des sujets graves et douloureux: la ségrégation, les femmes battues, la solitude, la crise de 29 aux Etats Unis...
Mais à aucun moment on sombre dans la tristesse. Au contraire cette histoire est une ode au bonheur, à l'amitié, à la fidélité. Pourtant, tous les personnages ont eu leur lot d'épreuves. Mais ils s'en sont sortis, ont relevé les manches. J'ai été touché par la dignité, le courage et l'amour qui lient ses personnages. La bienveillance aussi.
Dans les années 80, Evelyn Couch une presque cinquantenaire se rend chaque dimanche à la maison de retraite pour y voir sa belle mère. C'est là qu'elle va rencontrer Ninny Threadgoode une octogénaire qui va lui redonner goût à la vie.
Evelyn est en pleine crise, malheureuse, des idées suicidaires. Elle a essayé d'atteindre l'image de la femme modèle parfaite, sans y parvenir. Elle n'a pas de but, femme au foyer. Un mari qui l'a trahi, des enfants plutôt distants. Evelyn sombre dans la déprime, le dégout de soi et la boulimie.
C'est justement en se réfugiant dans la salle d'attente qu'elle tombe sur Ninny une sacrée bavarde et qu'au fil de leurs rencontres le dimanche elle va sortir de sa léthargie en écoutant le récit de la vie de la vieille dame.
Ninny va donc raconter l'histoire de sa famille. J'ai adoré chaque membre de cette famille nombreuse (elle est la belle fille) . On suit l'histoire des années 20 à 50 en Alabama.
Ce que le film occultait et c'est vraiment dommage c'est l'amour d'Idgie pour la jolie Ruth. un amour puissant, beau, passionné et raconté de manière très pudique. le film fait passer Ruth pour l'amoureuse de Buddy le frère d'idgie décédé tragiquement. Et c'est l'amour de Ruth et d'Idgie pour ce garçon parti trop tôt qui les aurait rapprochées. Alors que dans le livre on est vraiment touché surtout à cette époque par cet amour entre deux femmes.
Idgie est incontestablement mon personnage préféré. Garçon manqué, cette charmeuse d'abeilles qui ne porte que des pantalons, a de l'imagination à foison, une grande bouche mais aussi un coeur immense. Elle traite avec bonté les vagabonds, les noirs et tout le monde l'aime.
Elle tient avec Ruth qu'elle a sorti d'une mariage horrible, un café où tout le monde est le bienvenue. Résistant au ku klux klan et continue à servir souvent gratuitement à manger à la population noire ou aux vagabonds de passage. Elle est généreuse mais toujours discrètement.
Surtout Idgie est drôle et raconte avec ses amis des histoires à dormir debout comme celle des canards
"C'était un mois de novembre, et un vol de canards s'est abattu en plein milieu du lac. Oh, ils étaient nombreux, une bonne cinquantaine, et alors qu'ils barbotaient tranquillement cet après-midi-là, il s'est produit un drôle de truc. La température est tombée si vite, mais si vite, que tout le lac a gelé... une masse de glace dure comme la pierre... en quelques secondes. Oui, juste le temps de compter jusqu'à trois...
(...)
-Ça les a tués raide les canards, alors.
-Non, pourquoi ? Répliqua Idgie. Ils se sont envolés et ont emporté le lac avec eux. Et de puis ce jour-là, ce lac doit se trouver quelque part en Géorgie...
J'ai adoré également les parents threadgood, les recettes de Sipsey, le barbecue de Big George...
La gazette de la postière m'a bien fait rire aussi.
Un livre savoureux, tout en douceur, à déguster sans crainte.