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Les Etats Civils (01/03/2014)
4.25/5   4 notes
Résumé :
4 février 1974. Banlieue de San Francisco. Patricia Hearst est enlevée à son domicile par un groupe d'activistes d'extrême gauche. Pour l'opinion publique, elle n'est qu'une couverture de magazine en papier glacé; la fille héritière d'un riche magnat de la presse, Randolph Hearst. Pourtant, deux mois seulement après son kidnapping, la jeune femme se retrouve impliquée dans plusieurs actes criminels. Du statut de victime, elle passe à celui de combattante révolutionn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Certaines histoires ne devraient pas être oubliées, car elles parlent furieusement de nos contradictions. La prose poétique fine, épurée et sans concession de Jean-Marc Flahaut fait revivre cette aventure des années 70. À quoi bon raconter, quand les fragments, les détails, les interactions, les frôlements, les basculements insidieux disent tous d'eux même sur la nature humaine ? Outre le syndrome éponyme, l'ouvrage se concentre sur le sens de la révolution, son non-sens interdit, giratoire, oratoire et factuellement guidé vers une impasse. Comment ne pas se sentir concerné par ce cri des actes qui cherchent un sens à une vie qui n'en a plus. On a fini par se fatiguer de tourner en rond autour des ronds-points. Les armes de Jean-Marc Flahaut sont les mots qui dézinguent les a priori et posent les bonnes questions sans jamais y répondre de manière moralisante. La forme épistolaire - qui ressurgit dans le livre composé de fragments courts et concis - est très juste, car elle ramène la parole et l'écriture à sa plus simple dénomination : s'adresser à. À qui ? Stockholm s'adresse à tout le monde. Avons-nous le courage de l'admettre ?
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De Patricia Hearst, de l'Armée de Libération Symbionaise et d'un contexte états-unien de 1974, extraire de curieuses lignes de force et de fuite tout à fait contemporaines.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/06/03/note-de-lecture-stockholm-jean-marc-flahaut/

Publiée une première fois en 2014 et rééditée dans une version augmentée en 2021 chez Intervalle(s), la novella poétique « Stockholm », trois ans avant « Deadline » et quatre ans avant « Cinéma Inferno », illustre parfaitement l'acuité avec laquelle Jean-Marc Flahaut est capable de se saisir de motifs réputés contre-culturels, notamment ceux de l'underground politique et artistique états-unien des années 1970, pour en extraire une substance poétique et littéraire qui en magnifie les dimensions socio-politiques intemporelles.

Si l'Armée de Libération Symbionaise, avec ses vingt membres, sa langue révolutionnaire assez particulière (même pour l'époque), son étonnant syncrétisme et sa maladresse bizarre, est assez loin, comme matériau littéraire, poétique et critique, de la Rote Armee Fraktion si magnifiquement traitée par l'Alban Lefranc de « Si les bouches se ferment » , elle permet toutefois à l'auteur, en intégrant discrètement les codes souterrains de la clandestinité politique aux États-Unis explorés jadis par Dana SpiottaEat the Document », 2006), de nous proposer, en prétextant habilement s'enquérir des pouvoirs de la rééducation politique et de ses séquelles mortifères (on songera certainement, avec un degré d'horreur largement supplémentaire, aux Khmers rouges du « Kampuchéa » de Patrick Deville), une lecture à nouveau bien éclairée des dessous honteux et des envers mal décorés d'un certain rêve américain – dont le pouvoir spectaculaire marchand demeure presque intact de nos jours, comme le rappelaient à leur manière le Patrick Bouvet de « Petite histoire du spectacle industriel » (2017) et l'Éric Vuillard de « Tristesse de la terre » (2014), et comme l'auscultait encore récemment, par un angle bien différent, Jean-Marc Flahaut lui-même dans son « Paradise » (2019) écrit en commun avec Sophie G. Lucas. Ce sont bien dans les méandres des petits caractères de la domination capitaliste, et dans les mystères des résistances parfois hautement improbables qu'elle suscite, que peut se lire, par le truchement de l'entreprise poétique, une certain vérité mouvante et inquiétante de la femme et de l'homme nus face à elle – et à la possibilité d'écrasement qu'elle entretient en permanence.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Etats-Unis, années 70. Patricia Hearst, otage violentée, violée, « rééduquée », archétype du syndrome… de Stockholm, prend fait et cause pour ses ravisseurs, l'Armée du Peuple. Cette fille de milliardaire devient membre du groupe, prend part à des hold-ups, des exécutions… L'a-t-elle vraiment voulu ? Ce roman court ne livre aucune explication. Sa force tient dans ses ellipses et omissions. Ce roman noir percute la précision scientifique et historique à l'imaginaire façon Alice. Une manière de passer de l'autre côté du miroir. ( Let's Motiv - Juillet 2014 )
Lien : http://www.lm-magazine.com/b..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon nom est Kujichagulia.
Soldat de l’Armée du Peuple ET révolutionnaire Blanc aux ordres d’un chef Noir. Car seuls les Noirs peuvent prendre la tête de la lutte pour la liberté. Seuls les Noirs savent commander. Les Blancs eux, sont incapables de diriger. Ils trahissent toujours la cause des opprimés. Ils l’ont toujours fait. Voilà pourquoi, je suis si fier de combattre sous les ordres d’un homme ordinaire aux accents de la rue. J’espère ainsi prouver comme l’ensemble de mes camarades que tous les Blancs ne sont pas des oppresseurs.
Tout homme doit mourir un jour. Mais toutes les morts n’ont pas la même valeur. Il n’existe aucune base de négociation avec les ennemis du peuple. J’appelle tous mes frères Blancs à rejoindre le combat pour écraser la dictature fasciste.
Et libérer les opprimés de toutes les races.

VIVE LA GUÉRILLA URBAINE !
MORT À L’OISEAU DE PROIE FASCISTE
QUI SE NOURRIT DU SANG DU PEUPLE !
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19 février 1974 – La rééducation est aussi longue que nécessaire. Pénible comme tout le reste. Elle vise à éliminer les moindres résidus de sa mentalité et de ses passions bourgeoises. En commençant par ces traces de vernis sur ses ongles.
– Est-ce que les pauvres font ça ?
Elle contraint les membres du groupe à se relayer nuit et jour devant la porte du placard afin de lui réapprendre à parler comme tout le monde.
– Tu t’exprimes comme une riche avec des mots que le peuple ignore !
Ou lui enlever ses bonnes manières en l’obligeant à manger, une assiette posée en équilibre sur les genoux.
– Devine ce que tu bouffes ? C’est du frichti !
Se laver. Ou faire ses besoins. Sous le regard des autres.
– C’est simple, si tu veux aller aux toilettes, tu n’as qu’à dire : je veux pisser !
Plus le droit non plus de porter sa bague de fiançailles?
– Symbole sexiste !
Ni d’évoquer de près ou de loin ses études en Histoire de l’art.
– Magnifique exemple de consommation improductive !
Elle doit se laisser faire. Se plier à leurs moindres exigences. Ne pas réagir. Tout accepter. Même le pire.
– N’écoute jamais tes sentiments. Ils ne te sont d’aucun secours.
Elle devient leur chose. Un objet sans vie. Une espèce de poupée de chiffon dans le rêve de ses ravisseurs.
Elle pleure toujours.
Mais est-ce encore de vraies larmes ?
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4 février 1974 – Fin d’après-midi sur le campus de Berkeley, en Californie. De jeunes contestataires habillés de manière excentrique distribuent des tracts politiques ou des invitations à un concert. Certains étudiants s’arrêtent pour discuter avec eux. Le fond de l’air est rouge même si c’est encore l’hiver sur le calendrier.
Fidèle à ses habitudes, elle est restée cloîtrée toute la journée dans la bibliothèque, le nez plongé dans des bouquins d’art et de philosophie. Indifférente aux allées et venues des autres élèves comme à tous les bruissements du monde extérieur.
Elle n’a guère le temps de s’amuser ou d’aller manifester. Dans l’immédiat, elle a d’autres plans. D’autres projets. D’autres priorités.
Elle a dix-neuf ans. Un mariage prévu avant l’été. Elle n’a que faire de la liberté.
Même ici, au milieu de toute cette agitation.
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Trois individus avec des perruques font irruption dans l’appartement. En hurlant des propos étranges. Et en gesticulant dans tous les sens.
Le fiancé s’élance. Et récolte un coup de poing au visage. Elle, tente de s’enfuir mais l’un des inconnus parvient à l’attraper près de la porte et lui attache les mains derrière le dos.
Dans la rue, elle rapetisse tant et si bien que ses pieds nus ne touchent plus le sol. Le commando l’emporte comme un lapin en peluche gagné à la fête foraine. En arrosant la nuit de plusieurs rafales à l’arme automatique.
Elle est ensuite jetée dans le coffre d’une voiture qui démarre à vive allure pour se fondre dans l’obscurité.
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Réédition augmentée, éditions Interzone[s], 2021.
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