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EAN : 9782845622241
129 pages
La Passe du Vent (21/03/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
La poésie de Dinu Flamand n’est pas accommodante, elle est souvent amère et cruelle (cruelle d’abord vis-à-vis de son auteur, ce qui est la moindre des élégances).Elle porte constamment, comme un signe au front, sa blessure, la cicatrice qu’à nous tous laisse l’existence pour l’avoir trop aimée, trop désirée fidèle aux promesses de l’enfance qui nous promettait le monde. Flamand n’est pas un cynique mais il est trop lucide pour nous en conter. S’il conserve toujours... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour ma pause déjeuner, je me suis trouvé(e) un "colț cu soare" (que je traduirai exceptionnellement par "un coin tranquille" en clin d'oeil à l'auteur qui autorise par moments au langage familier des descentes d'une brutale [p. 113 il y une clef] tendresse, un peu comme ces titres qui me "ravigotent" souvent, c'est-à-dire ceux des "Chemical Brothers" notamment [Dig your own hole] de ma playlist et avec lesquels la comparaison, pour surprenante qu'elle soit, passera pour un compliment auprès de l'intéressé) dans le but de compléter la lecture de ce recueil par ses textes annexes, ainsi que par un échantillon de vers en roumain d'Anchidim récoltés sur la toile. Nouvelle parenthèse pour savourer le mystérieux prénom que Dinu Flamand a abandonné comme une sorte d'exuvie de l'exil. Moi-même j'ai fait jadis ce choix. de l'importance du mystère, voilà qui est abordé par la préface de Jean-Pierre Siméon qui, par une bienheureuse réciprocité, a eu la chance d'être traduit en roumain par Dinu Flamand.
"Absence d'indulgence", telle est ma disposition du moment, alors que ce "confrère" traducteur et ce compatriote de l'exil me pardonne de souligner plutôt les points que j'ai moins appréciés (et l'éditeur est également concerné), car son encouragement de la fin "il faut continuer de marcher", suppose aussi "accélérer un peu parfois".
Lucian Blaga est cité dans la préface : une note éditeur aurait été souhaitable pour ces vers fort connus : "Je ne foule pas la corolle de merveilles du monde/ je ne tue pas/ avec ma raison les mystères rencontrés/ en chemin/ dans les fleurs, les yeux, sur les lèvres ou les tombes." (p. 21 de "L'étoile la plus triste", dans la traduction de Sanda Stolojan).
Je dis non à ce noir de papier carbone qui, hélas, me semble paradoxalement ternir la noirceur élégante de nombreux poèmes. Ainsi, le cynisme de Flamând (affamé en roumain) dont j'ai trouvé une trace exquise ailleurs (dans "Ordinea și dezordinea" [L'ordre et le désordre] : le chien Diogène rime malicieusement avec la paupière de cet oeil scrutateur du néant définitif de la mort sur laquelle crache avec pitoyable mais majestueuse pitié ce fossoyeur perché haut sur... le tant de ? ) devient ici mode philosophique de déplacement dans ces sciences pas très exactes de la vie : fractalité (p. 43) masses de Planck, probabilités, ventouse (p. 40) pour fixer cet intrépide temps héraclitéen qui "abreuve [l]'enfance" (p. 60), mais surtout la force sibylline de l'amour (physique ou platonique). Il est vrai qu'on veut tous percer le mystère ("la vulve fécondable du secret," p. 66) avec ou sans le "murmure d'un latin transylvain" (p. 99), c'est pourquoi nous devons cultiver ("plantes que personne n'a jamais plantées", flânerie "rue des plantes", p. 107 dans "les Balkans d'autrefois") la joie poétique, fut-elle cette lie d'éternité au fond d'une bouteille vidée au "bistrot l'Avenir" et son exhortation à laquelle j'adhère inconditionnellement à délivrer le temps des chiffres, oui, à bas les statistiques !
Je me demande si "l'heure du chien" (p. 57) n'est pas un clin d'oeil au Japon et aux traditions ancestrales à l'honneur dans le livre, quand il s'agit de la sagesse populaire des montagnes roumaines.
Je relève également l'absence d'indication des titres originaux. Il y a, sauf erreur de ma part, plusieurs cycles poétiques, publiés initialement séparément et la fausse table des matières n'aide pas vraiment (les titres de poèmes ne sont pas repris). À l'instar du Dinu Flamand qui déclare (p. 123) cette "habitude de lire les poètes en les traduisant", j'ai acquis pour ma part la plutôt fâcheuse tendance à comparer les traductions à l'original. En conclusion, un moment de lecteur dont je me souviendrai encore, sans aucun doute et un billet critique qui, je l'espère, ne déplaira pas trop au poète-traducteur.

P.S : en exclusivité sur Babelio j'ose lancer un défi à Dinu Flamand : un concours organisé par ses soins aux fins de traduction du poème "Caravana cinematografică" (à moins qu'il n'ait déjà été traduit, car il y a d'autres publications en français de Dinu Flamand, y compris dans ma propre bibliothèque) où je retrouve un admirable condensé de Gheorghe Crăciun et dont le titre alternatif pourrait être le "communiste liberticide" en 156 mots :

Caravana cinematografică

Vagonul pe linia moartă, se dă film deseară
Fanfan la Tulipe, cu bătaie,
ţăranii asudă(nu fumaţi că face explozie!)
şi jurnal agrar înainte. Se scarpină.
Hoaspe de grâu îi mănâncă sub guler
"hă, hă, în căpiţă...dat dracu'franţuzu"
cămaşa miroase a pleavă. În pumn s-a udat
biletul cel galben. Fanfan la Tulipe, o,
fandează
şi filmul se rupe. Lumină!
Se-aude
batoza tuşind într-o arie, Fanfan
a ajuns general şi se-nsoară. E vară.
Sub roata vagonului cântă un greier în gară
şi marş triumfal, megafoane...
Pe garduri inscripţii cu var:
"Nici un bob risipit"-recolta şi ţara
sânt tinere, "Spic cu spic, patriei snop!"
te ustură mâinile-n somn de la brusturi, neghina
duşmanul acesta, neghina
cum se strecoară în lan. S-o învingem!
Te ţine o surdă durere-n piept, te-nvârţi
şi n-ai somn, iar spre ziuă visezi
albăstriţe în lan şi un cuib
cu ouă pestriţe de codobatură. Pe garduri
lozincile ard.
"Ai cules la timp, ai câştigat!"
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
même si l'eau vieillie
dans les méta-univers qui nous humilient
mon éternité s'évapore
à la limite
thermodynamique de la connaissance

ainsi mes pores restent-ils insensibles
au froid cosmique dans lequel sommeillait
autrefois le serpent du temps lorsque
disait-on
le temps précédait la matière

et même si je me rebiffe
à mon tour
je remonte tout au long d'une chute
aux côtés des autres mortels
(ivrognes fanfarons et suicidaires)
et la flèche en direction de l'avenir arrive à chaque fois dans le passé
chargée d'une mélancolie consternante

en vain je tente de percer la sagesse des
cinquante masses Planck et le sens du nuage initial
des particules lourdes

la mort continue à déposer ses larves
dans cette densité

et moi je reste
sa pitance gratuite

(p. 41, pitance)
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La poésie de Dinu Flamand n’est pas accommodante, elle est souvent amère et cruelle (cruelle d’abord vis-à-vis de son auteur, ce qui est la moindre des élégances). Elle porte constamment, comme un signe au front, sa blessure, la cicatrice qu’à nous tous laisse l’existence pour l’avoir trop aimée, trop désirée fidèle aux promesses de l’enfance qui nous promettait le monde. Flamand n’est pas un cynique mais il est trop lucide pour nous en conter. S’il conserve toujours « la petite pièce de l’espoir / dans un nœud de mouchoir », un nœud pour ne pas totalement oublier, il sait que la poésie c’est « sucer la moelle du cri ». Quel est ce cri ? Celui de Munch assurément, d’effroi métaphysique et d’effarement devant la sourde et impitoyable violence des faits, ceux d’une existence, ceux de l’Histoire.

Extrait de la préface de Jean-Pierre Siméon
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Le livre avait échappé à la grande purge des bibliothèques et se cachait entre le manuel du bon apiculteur et l'éternel roman exaltant la collectivisation des terres.
(p. 126)
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noeud de mouchoir

et il y a de l'avenir dans le désespoir
ou - enfin - la résonance railleuse du secret
qui se souvient avoir gardé la petite pièce de l'espoir
dans un noeud de mouchoir

pour acheter le pain irréversible

(également en 4ème de couverture)
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et de ces glorieux accords du coucher de soleil
sur le bord du grand océan
surgissent tout à coup devant toi pour te saluer
les montagnes qui habitent ta mémoire et continuent de grandir
Tomnatec
Heniu
Suhard
encore plus loin
les sommets d'ombres boisées
de l'enfance toujours abreuvée par le temps

(p. 60, montagnes)
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