Nous connaissons
Flavie Flament comme une femme lumineuse et espiègle qui croque la vie à pleines dents.
Contraste saisissant avec la couverture de son roman
La consolation, qui présente la photo d'une adolescente mélancolique. Que dit le regard de Flavie sur cette photo ? Ou plutôt, que cherche-t-il à dire, qui n'a été exprimé et entendu que près de trente ans plus tard ?
La consolation suit une double temporalité, avec une alternance de chapitres consacrés à l'enfance et l'adolescence de Flavie et de (moins nombreux) chapitres à la première personne, dans lesquels une Flavie adulte, journaliste et mère de deux enfants, se retrouve terrassée par d'inexplicables crises de panique : à son insu, la jeune femme est rattrapée par un passé traumatique.
La femme parle d'elle-même à 5 ans, 9 ans, 13 ans, 15 ans à la troisième personne et sous le petit nom de Poupette, par un évident mécanisme de distanciation : « J'étais Poupette. Personne ne l'a aidée. Même pas moi. »
Flavie se revoit enfant, sevrée d'amour et de câlins parentaux, soumise à un régime drastique avec pesée quotidienne, pour être « belle » alors que ses parents la disent « moche » et « mauvaise ».
Elle se revoit adolescente, en vacances au Cap D'Agde avec Maman. Quand on a treize ans, « vacances » devrait rimer avec « insouciance » et non avec « violence ». Mais pour satisfaire son égo et son propre désir de plaire, la Maman de Poupette met son enfant dans les mains d'un pédophile, le photographe
David Hamilton. Puis de plusieurs autres hommes, qui abusent sexuellement de
la jeune fille.
Si le comportement déviant de ces hommes est une abomination, l'attitude de sa mère est scandaleusement choquante et, à mes yeux, impardonnable (pardon Flavie, je ne veux pas vous blesser).
En raison de la complaisance, de la complicité de cette mère dévorée d'ennui, frustrée de sa propre vie et affectivement immature, l'histoire de
Flavie Flament diffère des autres romans ou témoignages sur la pédophilie et/ou l'inceste que j'ai pu lire récemment.
En lisant
La consolation, j'ai eu envie d'enlever Poupette à ces adultes indignes, de la prendre dans mes bras, de l'emmener courir sur la plage et sauter dans les vagues. de lui rendre son innocence volée.
Je salue le courage de Flavie qui a, au terme d'un douloureux cheminement, trouvé les mots pour dire, la force d'avancer et de devenir la magnifique femme qu'elle est aujourd'hui.