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EAN : 9782221126349
468 pages
Robert Laffont (22/08/2013)
3.69/5   35 notes
Résumé :

Quand une célèbre écrivain sud-africaine rencontre un jeune universitaire chargé d'écrire sa biographie... Un duel littéraire fascinant qui tourne au thriller psychologique post-apartheid.

Clare Wald, icône du microcosme littéraire blanc et de gauche de Cape Town, est contactée par Sam Leroux, un jeune universitaire qui souhaite retracer sa carrière dans une biographie. Depuis la fin de l'apartheid, un travail de mémoire est mené pour aider le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Eh bien, mais quel bouquin ! C'est quelque chose ! Voilà un livre très fort, qui marque.

Un jeune universitaire, Sam Leroux, qui vient de rentrer en Afrique du Sud après avoir fait ses études, s'être marié et avoir un peu travaillé aux USA, a obtenu la possibilité tout à fait exceptionnelle d'interviewer une auteure, sud-africaine également, Clare Wald, pour rédiger sa biographie. Il se souvient bien l'avoir déjà rencontrée à Amsterdam, elle, dit ne pas s'en souvenir. C'est une femme âgée qui n'a pas un caractère facile, elle est séparée de son mari, avocat et professeur de droit et a eu deux enfants : une fille qui s'est engagée dans la lutte armée anti apartheid en 1989 et qui a disparu ensuite, et un garçon Mark, avocat, qui semble avoir des rapports curieux avec sa mère.
Premier sujet abordé par Sam et Clare, la politique ; Clare dit être apolitique, plutôt libérale, et on apprend qu'elle avait une soeur aînée, Nora, qui a été assassinée en même temps que son mari, un boer, dirigeant du "National Party" (parti à l'origine de l'apartheid). Ce sujet de la soeur aînée haineuse et jalouse parcourt tout le livre, apportant des révélations successives plutôt étonnantes.
Dans le chapitre suivant, l'auteur raconte l'attaque de la maison de Clare ; c'est aussi l'un des sujets du livre, les graves problèmes de sécurité, dans la ville du Cap (et à Johannesbourg plus tard dans le récit) ; Clare et son assistante seront obligées de déménager dans une maison complètement blindée et surveillée.
Dans un certain nombre de chapitres Clare parle à Laura, sa fille disparue ; à partir de lettres que Laura lui avait adressées - bien que leurs rapports aient été très difficiles - des carnets qu'elle a laissés, d'articles de journaux et de son imagination, Clare pose de multiples questions et essaie de reconstituer ce qui a pu arriver à sa fille. Elle aurait été prise en stop par le conducteur d'un camion, Bernard, accompagné d'un enfant s'appelant Sam... Ce petit garçon, orphelin, dont on comprend que ses parents ont dû mourir en perpétrant un attentat, sera élevé ensuite par une tante ; ce qui est sûr, contrairement à ce que pense Clare, c'est que Sam connaissait déjà Laura, amie de ses parents, et que Bernard n'est pas mort accidentellement. Clare avoue à sa fille qu'elle a tout de suite reconnu Sam et qu'elle sait ce qui les lie.
Petit à petit, le récit progresse, les personnages s'étoffent, le lecteur est pris par l'histoire, passionnante, quasiment un thriller ; l'auteur distille ses révélations à son rythme, échafaudant les différents étages de ce qu'il veut construire.
Et puis il y a l'Histoire du pays, remarquablement racontée - en tout cas sur une assez longue période - à travers ce qui est arrivé à Clare, Sam et Laura.
Ce qui est le plus intéressant dans cette "plongée sud-africaine, c'est de se rendre compte que les choses sont tout de même un peu plus complexes qu'un "simple" problème blanc / noir ; les discussions de Clare et de son fils Mark en particulier sont passionnantes. Ici le problème est vu du côté blanc, les descendants des anglais et ceux des hollandais, les afrikaners, formant deux mondes assez différents.

Un livre remarquable, profond, d'une grande richesse de thèmes et écrit par un auteur qui maîtrise parfaitement ses sujets. de la belle littérature !
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Sam Leroux a la difficle tâche d'écrire la biographie d'une des grandes figures de la littérature sud-africaine : Clare Wade. Écrivain intimidant et peu accueillant, elle avait toujours refusé que l'on écrive sa vie. Avancée en âge, Clare finit par se laisser faire. Sam, qui revient dans son pays après de nombreuses années passées à New York, souhaite procéder par interviews successifs. le jeune homme est passionné par l'oeuvre de Clare mais également par son comportement durant l'apartheid. Clare était une progressiste, défendant les droits de l'homme. Il semble néanmoins que son comportement n'ait pas été si clair durant cette période tourmentée de l'Afrique du Sud. D'ailleurs, Clare fait également des recherches sur cette période puisque sa fille Laura s'est engagée dans la lutte armée en 1989. Celle-ci a disparu sans que personne ne sache ce qui lui est arrivé. La vérité sera difficile à trouver pour Clare et Sam.

"Absolution" est le premier roman de Patrick Flanery et il y fait preuve d'une extraordinaire maîtrise. La construction est très travaillée et elle nous donne à voir les évènements de différents points de vue. Il y a le récit de Sam à son retour en Afrique du Sud et celui de Clare au moment où commencent les entretiens. S'ajoutent à ces voix du présent, le dernier roman de Clare intitulé "Absolution" : "(…) un volume de souvenirs fictionnalisés" et le récit des évènements de 1989. A l'intérieur de ces différentes parties, on peut également lire le journal intime de Laura ou des compte-rendus de la commission vérité et réconciliation (CVR). Après un petit temps d'adaptation aux changements d'époques, le roman se lit avec beaucoup de fluidité.

Clare et Sam sont tous les deux à la recherche de la vérité sur un passé qui les lie. Laura est au centre de leur questionnement mais chacun ne détient qu'une part de la vérité qui est obscurcie par bien des secrets. Patrick Flanery nous montre à travers sa construction à quel point la vérité est subjective. Elle l'est d'autant plus dans un pays en reconstruction. La CVR avait pour but de réconcilier les différentes communautés d'Afrique du Sud et de solder les comptes pour repartir sur des bases saines. Mais comment oublier les humiliations, les attentats et emprisonnements politiques ? Les auditions de la CVR ne pouvaient régler des siècles d'une histoire complexe et tourmentée. Les différences ne peuvent s'effacer si facilement. Patrick Flanery, qui n'est pourtant pas sud africain, rend compte de la complexité de ce pays et des oppositions qui y existent toujours. Les blancs riches vivent à Cape Town dans une totale paranoïa. "Entre nous et l'homme à l'extérieur, il y a deux portails – celui entre le jardin et l'allée, et celui qui est à son extrémité – puis il y a la maison elle-même, avec ses alarmes, ses boutons d'appel, son générateur de secours, ses verrous, ses barreaux, son verre renforcé à l'épreuve des balles." Cette défiance envers l'extérieur n'est d'ailleurs pas tellement injustifiée car une ville comme Cape Town a un taux très élevé de criminalité. La jolie nation arc-en-ciel n'est encore qu'un lointain rêve.

"Absolution" est un roman riche et passionnant sur un pays au passé douloureux où chacun tente de se reconstruire en cherchant la vérité ou en la recomposant dans la fiction.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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L'Afrique du Sud toujours, une de mes obsessions. Ce livre difficile raconte la nouvelle Afrique du Sud qui se cherche entre violence des uns et enfermement des autres derrière de hautes barrières de sécurité. le retour sur un passé proche, de la lutte armée pour renverser un régime indigne et pour les tenants de l'apartheid, pour ne pas voir leur monde disparaitre. Au milieu de cela, Clare l'écrivain est à la recherche de réponses sur le rôle de sa fille disparue présumée morte, jamais retrouvée. Un roman très fort, jamais manichéen.
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Absolution?

"Ce livre m'a été proposé par Robert Laffont, que je remercie, et j'avoue que dès la couverture, j'ai senti qu'il s'y cachait quelque chose d'intense."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...


"Clare Wade, une romancière et une vieille dame d'Afrique du Sud, accepte de recevoir chez elle Sam Leroux, jeune universitaire qui écrit sa biographie. Mais au milieu de ces entretiens et de ces questions banales, chacun cache des secrets et cherche des vérités."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous?


"C'est un livre d'une grande richesse auquel il faut se consacrer entièrement durant sa lecture. Plusieurs récits des mêmes évènements se croisent, plus ou moins fidèles à ce qu'il s'est passé, plusieurs époques également et il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver. Dans ce roman qui parle pourtant de sujets graves, de politique, de racisme, d'insécurité, tout est délicat, tout est dit à demi-mot. C'est vraiment une belle façon de raconter toutes ces souffrances, toutes ses questions... On s'attache beaucoup aux personnages, présents et absents, et on a du mal à reposer le livre tant on voudrait savoir ce qu'il va advenir d'eux et les secrets de leur passé!"

Et comment cela s'est-il fini?


"On attend toujours beaucoup de la fin d'un ouvrage mais sûrement encore plus quand celui-ci nous promet des révélations et entremêlent de nombreux récits qui doivent finir par croiser leurs chemins à ce moment-là. Pour moi, c'est le talon d'Achille d'Absolution. Je trouve que la plupart des révélations se sont faites durant le récit et que la fin ne nous donne pas tout ce qu'elle nous avait promis et que nous aurions pourtant bien mérité après cette lecture."

Lien : http://booksaremywonderland...
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On est en Afrique du Sud, un pays qui est loin d'avoir pansé toutes ses plaies, où la violence et la misère sont telles que chacun se barricade à l'abri de tous types de systèmes de sécurité. Sam est engagé pour écrire la biographie de Clare, écrivain à succès, connue pour ses prises de position contre l'apartheid et dont la fille, ancienne militante de la lutte armée, disparue depuis 20 ans, hante les jours et les cauchemars. Les deux protagonistes portent en eux de lourds secrets ayant à voir avec la culpabilité, qu'ils ne lâcheront qu'aux dernières pages.

Ne venez pas apprendre ici l'histoire de l'Afrique du Sud, l'auteur reste centrée sur les destins individuels, écartelés entre le bien et le mal, la faute et le pardon. Son intrigue va de révélation en révélation, d'aveux en remises en question de la vérité, qui nuancent habilement cette brillante réflexion sur l'engagement, la sincérité et le libre-arbitre. le livre aurait sans doute gagné à moins chercher la performance : Flanery multiplie les points de vue, les époques et enchevêtre habilement réalité, fiction et mémoire, dans un exercice de haute voltige, qui, sans pourtant décourager le lecteur, fait perdre au récit un degré d'intensité.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
17 décembre 2013
Une savante narration qui interroge la culpabilité, le bien, le mal, les limites de la démocratie et de la liberté. Brillante et captivante de bout en bout.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Je te supplie de ne rien mettre de tout cela dans l'un de tes livres. Ce que nous nous sommes dit ne concerne que toi et moi. ça ne concerne pas les autres. Je veux que personne d'autre ne le lise, quelle que soit la manière dont tu essaierais de le déguiser. N'invente pas un personnage qui fasse quoi que ce soit de semblable à ce que j'ai fait à Laura, pas même de loin. Ne consigne pas la confession que je t'ai faite dans des journaux ou des écrits intimes que les gens pourraient lire après ta mort. N'emprunte ni mon histoire ni mes mots. Ce sont mes mots à moi. P 420
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Pour un écrivain qui essaie d’écrire dans les conditions de répression et de censure qui existaient dans ce pays sous l’ancien gouvernement, chaque instant, de nuit comme de jour, imposait une forme de brutalité artistique et intellectuelle. Comme pour la femme battue qui choisit de rester avec son mari violent et croit qu’elle ne peut pas lui échapper sans risquer sa vie ou celle de ses enfants. Elle tremble et supplie, pèse chacun de ses mots et de ses actes, anticipant – parce qu’elle connaît intimement son tortionnaire – les répercussions de ses moindres faits et gestes, de sorte qu’elle parle et agit toujours de façon calculée, visant tel ou tel effet, voire l’absence de conséquences.
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On ne peut pas se mettre à écrire le matin sans soupeser l’implication de chaque lettre, parce que l’esprit censeur, grammairien et rigoriste, est à la recherche d’un sens jusque dans l’orthographe et la ponctuation. Et c’est là qu’on sait que le censeur a gagné, parce que, en fin de compte, ce qu’il veut le plus ce n’est pas le contrôle total de l’information, c’est que tous les écrivains s’autocensurent.
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Les gens comme vous ne choisiraient jamais d’être censeurs, parce qu’il ne pourrait y avoir travail plus pénible que d’être obligé de lire des écrits – livres, magazines, articles, poèmes – qu’on n’a pas choisis. Et on pourrait également penser que ce serait abominable pour un écrivain – comme vous particulièrement – d’avoir à dénicher des œuvres subversives pour empêcher leur publication.
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Un guerrier n’écoutait pas de musique sauf quand il allait au combat, un guerrier entraînait son corps à réduire ses besoins, à manger seulement une fois par jour, deux fois tout au plus. Un guerrier connaissait la psychologie de son ennemi.
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