AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 51 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il s'agit d'un récit complet indépendant. Il est initialement paru en 2014, écrit et dessiné à 4 mains par Benjamin Flao et Troubs (Jean-Marc Troubet).

Ce tome commence par 5 pages avec une grande illustration centrale (sur une page ou sur deux) avec des pavés de texte présentant rapidement les Tuamotu (un archipel de la Polynésie française) et l'atoll de Fakarava, avec ses 800 habitants pour 16km² de terres émergées. Il est entre autres rappelé que cet atoll a été classé comme une réserve de biosphère par l'UNESCO. Au vu du savoir-faire ancestral des Paumotu (les habitants des Tuamotu) pour construire des pirogues et naviguer sur l'océan, Julien Girardot et Ato Lissant ont monté le projet de favoriser le retour de la pirogue à voile (supplantée dans les années 1960/1970 par le canot à moteur) dans la vie quotidienne des Paumotu, projet appelé Va'a Motu (= pirogue des îles en dialecte Paumotu). C'est dans ce cadre que les 2 auteurs sont invités à séjourner à Fakarava.

Les 2 compères arrivent donc à Fakarava, avec une belle vue du ciel, et découvrent la simplicité du site, ainsi que leur première maison. Ils notent les différents équipements implantés alentours : la maison de leurs hôtes, la douche en extérieur, la cuve de récupération de l'eau de pluie, les panneaux solaires, la végétation pour protéger des embruns, les cocotiers pour se baigner à l'ombre. Ils ressentent l'effet de la chaleur au soleil de midi et ils apprécient les bienfaits des spirales anti-moustiques. Ils apprennent à se méfier des noix de coco qui peuvent tomber des arbres. Ils s'habituent au bruit incessant de la mer contre le récif de corail. Ils récupèrent la pirogue du propriétaire et la rafistolent pour pouvoir sortir sur le lagon. Ils comprennent vite que ce modèle de pirogue avec un seul balancier nécessite un peu d'expérience pour pouvoir être manoeuvrable, même sur l'eau très calme du lagon.

Dès la couverture, le lecteur peut avoir un aperçu des choix graphiques des 2 dessinateurs. Ils préfèrent l'un et l'autre détourer les formes avec des traits parfois non jointifs, parfois un peu gras, parfois au contraire très secs. Ils se représentent de manière filiforme, un peu dégingandée, sans trop insister sur les traits de leur visage. Ils sont avant les narrateurs, plus que les acteurs de ce journal de bord. Ils représentent les autres personnages avec plus de détails, qu'il s'agisse d'Ato Lissant, Désiré (un voisin), Titéré (un Paumotu polynésien), la mère de Titéré, une charmante voisine avec une fleur de tiaré dans les cheveux, le groupe de touristes en surpoids, Pierrette une autre voisine plus âgée, Daniel Snow un vieux Paumotu, le vieux Firi un asiatique, et d'autres encore. Les tenues ne sont pas très variées car un short et un teeshirt suffisent pour affronter tous les temps. Néanmoins les coupes ne sont pas toutes les mêmes, en fonction de la morphologie des individus.

Avec ces traits de contour un peu lâches, Flao et Troubs ont le chic pour donner de la vie à n'importe quelle scène. Les postures des personnages sont naturelles et le parti pris de ne pas se donner d'importance à eux-mêmes permet de conserver le centre d'intérêt sur les locaux. La première double page consacrée à Fakarava est réalisée à l'aquarelle, en laissant beaucoup de place à la couleur blanche. D'ailleurs les auteurs l'indiquent explicitement en page 19 : il fait si chaud que […] rien n'est plus fort que le blanc. Ce choix leur permet de rendre compte de l'éblouissante luminosité. Cette bande dessinée prend la forme d'une forme hybride de journal et de courtes explications. Les auteurs prennent le parti de montrer par les dessins, laissant les explications à une poignée de phylactères un peu plus importants quand ils font parler un autochtone (en plus des 5 pages d'introduction). du coup, ils privilégient les grandes cases un tiers, la moitié d'une page, un dessin en pleine page, un dessin en double page. Cela permet au lecteur d'observer l'atoll, le ciel, le lagon, les poissons. En outre la variation de la mise en page correspond à l'état d'esprit du moment des auteurs, et introduit une forme de variété.

C'est tout le paradoxe de cet ouvrage qui installe le lecteur sur un atoll de belle taille, mais où il n'y a que le soleil, la mer, la barrière de corail et quelques habitants, et qui en même temps en montre toute la richesse et la diversité. Si le lecteur n'a jamais eu l'occasion de se rendre dans un de ces endroits paradisiaques, il bénéficie pleinement de la dimension touristique, mais un touriste qui prend le temps de séjourner, de vivre au rythme des habitants, de les connaître, de s'acculturer autant que c'est possible. S'il a déjà séjourné en Polynésie, il retrouve les sensations qu'il a pu éprouver, ainsi que les mots de vocabulaire spécifiques comme le Fare, la patate (de corail), le coprah (albumen séché de la noix de coco dont on tire le beurre de coco), etc. En particulier le lecteur apprécie la capacité des auteurs à rendre compte de la beauté du lagon et de la blancheur du corail. Dans un premier temps, Fao et Troubs montrent la surface étale de l'eau du lagon, ainsi que sa couleur pâle. Puis il dessine quelques vagues formes visibles depuis la pirogue, qui correspondent aux patates de corail. À partir de la page 49, ils commencent à jouer avec la transparence de l'eau, à montrer quelques poissons exotiques et un requin de lagon (requin pointes noires). En page 74, un homme nage en faisant du snorkeling (randonnée subaquatique avec masque et tuba), rendant admirablement compte du calme régnant sous l'eau et de la sensation d'être coupé du monde. Il y aussi quelques images dans lesquelles la pirogue semble suspendue dans le vide au-dessus du fond du lagon, du fait de la transparence exceptionnelle de l'eau. Magique. D'ailleurs les auteurs adressent un clin d'oeil au lecteur en faisant observer : Regarde ça, on est beau comme un dessin d'Hugo Pratt.

Non seulement Benjamin Flao et Jean-Marc Troubet rendent compte de la beauté du lagon et de son eau comme si le lecteur avait les pieds dans l'eau, mais en plus ils savent montrer les caractéristiques de la terre ferme. Il y a les cocotiers, et ce sol composé de sable, de débris de coquillages et corail blanc. Il y a une végétation d'une grande vitalité du fait de l'ensoleillement, même si elle n'est pas très dense du fait du manque de terre végétale. Il y a la douceur de l'ombre sous le soleil implacable, la vie sans chichi du fait que tous les produits manufacturés doivent être amenés en bateau. Il y a une forme de langueur et d'indolence dans le rythme de vie que l'on ressent quand on vit dans un environnement où le temps semble immuable, où chaque jour ressemble au précédent, avec la même possibilité d'aller boire une bière au bord du lagon (occupation peut-être un peu sous-estimée dans cet ouvrage) et d'aller se baigner dans une eau calme et chaude.

Toujours par les images, le lecteur peut voir les occupations du quotidien : la baignade, la cuisson des poissons sur un barbecue improvisé, les différents types de pêche (avec canne à pêche, à avec filet attaché sur des pieux fixés dans le sol, avec des gants sur la barrière de corail pour attraper des homards), ramer sur la pirogue, récupérer ce que la mer a ramené sur la plage, se déplacer à pied ou en vélo, fumer un peu de tabac (le pakalolo n'est pas évoqué malgré sa haute teneur en alcaloïdes), un peu de couture avec une vieille machine à coudre, réparer une gouttière, etc. L'intelligence narrative des auteurs fait qu'il ne s'agit jamais de leçon, mais de tranches de vie organiques, comme si le lecteur se trouvait à leurs côtés, voyant ce qui les entoure, bénéficiant des conseils et des explications succinctes des Paumotu.

Cette bande dessinée ne se limite pas à une immersion de très haute qualité dans le mode de vie des Paumotu sur l'atoll de Fakarava, ce qui est déjà très agréable. Au début du récit, Benjamin Flao et Troubs ont une mission clairement établie : participer à la réintroduction des pirogues à voile dans leur milieu naturel, ou plutôt redonner aux Paumotu un moyen de développement autonome, qui ne dépendent ni des approvisionnements par bateau, ni d'un combustible fossile. Une bonne moitié des séquences de cette chronique tourne donc autour de la construction d'une pirogue de ce type qui soit viable. le lecteur peut voir les auteurs bricoler différentes pirogues, à partir de certaines délaissées par leurs propriétaires, avec l'aide d'un vieux Paumotu disposant encore du savoir-faire correspondant. Il constate donc rapidement que leur mission n'est pas de construire une pirogue entièrement avec les matériaux disponibles sur l'atoll. Il ne comprend pas forcément bien leur relation avec Julien Girardot et Ato Lissant, même si ce dernier apparaît dans une séquence. Dans la mesure où il s'agit de tranches de vie, le lecteur ne doit pas s'attendre à une résolution, ni même à un point d'étape sur le succès ou non du projet de Va'a Motu. Il n'y a pas donc pas d'intrigue.

Néanmoins les auteurs ne se contentent pas de tranches de vie, comme aller naviguer sur le lagon, pêcher avec les Paumotu, ou chasser les insectes. Ils ajoutent également des commentaires, souvent informatifs, sur le détail de la vie quotidienne, avec un dispositif narratif qui s'avère aussi efficace qu'humoristique, en faisant parler des animaux (des poules, des moustiques, des oiseaux), chacun le temps d'une séquence, ou en faisant parler des objets (une pirogue, une voile) également le temps d'une séquence. Tout ceci contribue à une atmosphère détendue et sereine. Au fil des discussions avec les Paumotu, ils en apprennent plus sur l'histoire de cet atoll et de cet archipel. Il y a donc de brefs rappels historiques, à commencer par les conséquences financières des essais nucléaires. Dans un phylactère copieux, ils rappellent que la France a indemnisé la Polynésie de 1966 à 1996, ce qui a pour double effet un apport d'argent et un bouleversement du mode de vie, aux dépends du mode de vie traditionnel. À l'instar du phénomène de désertification des campagnes, les jeunes des atolls et des îles ont préféré aller étudier à Tahiti, et s'y installer, pour profiter des avantages de la technologie. Ils insèrent également une remarque sarcastique sur Gaston Flosse, sa façon très particulière d'exercer le pouvoir, et sa relation privilégiée avec Jacques Chirac, juste le temps d'une phrase ou deux, mais c'est suffisant pour comprendre.

Les habitants de Fakarava interrogés évoquent également le mode de vie traditionnel, le système des secteurs : une communauté sous la responsabilité d'un chef qui se déplaçait tous les 3 mois pour aller occuper une autre partie de l'atoll ou une autre île le temps que les ressources naturelles se régénèrent. Ils évoquent également le savoir-faire des anciens en termes de navigation, en particulier le fait qu'à l'époque de la colonisation des îles polynésiennes, vers 1000 avant JC, les occidentaux ne faisaient encore que du cabotage en Méditerranée. le lecteur peut ainsi prendre la mesure de l'intelligence économique et écologique du mode de vie des Paumotu jusqu'à la fin des années 1960. le ton de la narration ne s'apparente ni à c'était mieux avant, ni à un discours catastrophique et alarmiste sur le pillage des réserves de la planète. Les auteurs ont fait le choix de décrire et suggérer que l'autosuffisance est encore possible. Mais la mère de Titéré déclare sans ambages qu'on ne reviendra pas en arrière. On ne peut pas aller contre le progrès à ce qu'il paraît.

De séquence en séquence, le lecteur constate que Flao et Troubs dressent un portrait à partir de multiples points de vue, certains revenant à différentes reprises, avec différents interlocuteurs. Il y a le regard croisé sur les touristes que les auteurs regardent avec mépris comme des individus trop pressés, animés d'un esprit trop marchand, incapables de saisir l'essence de la vie sur l'atoll. D'un autre côté les Paumotu les accueillent avec bienveillance, appréciant de pouvoir vendre leurs produits locaux, et de profiter de cet apport d'argent. Même si le lecteur peut éprouver l'impression que la construction de la pirogue à voile et la maîtrise des techniques de navigation ne sont qu'un prétexte, les 2 artistes incluent de nombreux schémas de conception de bateaux, attestant qu'ils ont dû effectuer de nombreuses esquisses pour représenter ce que leur expliquaient les anciens. Enfin, ils se montrent honnêtes en indiquant que la vie sur l'atoll présente de nombreux aspects paradisiaques, sous réserve de jouir d'une bonne santé, car il n'y a pas de médecin proche. Par ailleurs ils n'évoquent pas la lassitude existentielle que peut ressentir l'individu à bénéficier de ces conditions, jour après jour, sans grand changement notable, provoquant une forme de vague à l'âme désigné sous le mot de fiu par les locaux.

Cet ouvrage s'avère exceptionnel car il permet au lecteur de séjourner sur l'atoll de Fakarava dans l'archipel des Tuamotu comme une personne qui y vit et non pas comme un touriste de passage, pour un prix modique au regard de ce qu'il en coûte réellement. Non seulement le lecteur bénéficie de magnifiques visuels, de représentation enchanteresse du lagon, de la rencontre avec des Paumotu accueillants, mais en plus les auteurs lui offrent une vision élargie de cet endroit, par le biais de quelques éléments historiques, économiques et écologiques.
Commenter  J’apprécie          162
Voyage, voyage ....
Un superbe album qui donne envie de prendre le large !

Benjamin Flao et Troubs, deux dessinateurs de talent, nous font vivre au travers de ce magnifique carnet de voyage, leur séjour aux Tuamotu, en plein coeur de l'océan Pacifique, à l'est de Tahiti, déjà tout un programme ...
Et plus particulièrement les prémices d'une aventure un peu folle, la construction d'une pirogue traditionnelle, moyen de navigation complètement disparu au profit du bateau à moteur. Cette grande aventure humaine prendra le nom de projet Va'a motu, pirogue des îles.

Nous suivons donc ici nos dessinateurs, hyper sympas, qui découvrent l'atoll et ses habitants : Leurs tentatives de construction d'une pirogue, mais surtout leurs rencontres avec les habitants. Ainsi mine de rien, on commence à apprendre pas mal de choses très intéressantes.

Le visuel

Cet album est magnifique. Les dessins sont somptueux et je meurs d'envie de décrocher la planche p.50/51 pour l'accrocher sur mon mur ! Chaque dessin est superbe.
Les dialogues, façon BD, restituent bien l'ambiance de cette vie un peu au ralenti sur l'île, et de ce voyage de deux copains avant tout. Il y a beaucoup d'humour, de bonne humeur et d'auto dérision. Pour ceux qui connaissent, c'est un peu dans le style des carnets de Florent Chavouet, notamment Manabe shima, pour l'ambiance mais les dessins sont très différents.

Le fond

Les dialogues avec les locaux sont riches en apprentissage et pleins de bon sens. Les auteurs abordent même les sujets qui fâchent comme les essais nucléaires. Avec beaucoup d'empathie, ils restituent les diverses avis des habitants et surtout des anciens, avec l'évocation de la vie d'avant.

Bref, si vous voulez partir quelques heures, direction les Tuamotu aux côtés de nos deux jeunes aventuriers, dans un voyage immobile, n'hésitez pas. J'ai passé pour ma part, un moment délicieux.
Et pour votre information, le projet a depuis vu le jour...

Commenter  J’apprécie          70
C'est une bouffée de fraicheur. D'abord le dessin tout en gouache, normal on est au bord de l'eau et on s'en imprègne de cette eau, par le dessin, les formes, les vues aussi et puis tout y est représenté l'ambiance, les gens, le lieu, on a le plan du village, la vue plongeante sur toute la surface de l'ile, et le lagon d'un bleu transparent, tout est beau, frais. Au détour d'une page, une planche entière nous immerge dans le paysage bleu, vert ou sablonneux selon le moment. Sans oublier, les planches, plus techniques, qui nous expliquent le village, les maisons et bien sûr les pirogues. Et il y a la vie dans ce village de ce petit atoll, les gens accueillants, les animaux qui erres de ci de là, même les moustiques ont une vie animée sur cet atoll. En fait, les dessinateurs nous expriment que tout parle sur l'atoll, pas que les humains, les animaux, les insectes, les arbres et aussi les pirogues, tout parle, car tout vie pleinement ensemble dans cette nature isolée du bout du monde avec comme seul voisinage l'océan infini.

Je met 5 étoiles pour le dessin, pour les pirogues mais aussi pour l'histoire de l'atoll, une histoire difficile mais racontée avec douceur, sans colère simplement comme un fait accomplie sur lequel on ne peu revenir.
Commenter  J’apprécie          50
C'est un récit anthropologique relatant la vie sur un des atolls les plus isolés de la planète. le dessin de Benjamin Flao ne suit pas la même ligne mais s'exerce à différents styles, les couleurs et les rendus sont magnifiques. C'est aussi l'histoire d'un projet, restaurer l'usage de la pirogue à voile sur ces eaux turquoises, le tout en racontant la vie des habitants de cette île. Ces morceaux de corails sur les mers chaudes, plantés de palmiers ne riment pas forcément avec paradis. de toute façon il faut y adopter la "slow Life" que rendent très bien nos deux artistes qui font partie de la génération montante dans le domaine de la bande dessinée.
Commenter  J’apprécie          50
Voilà 2 compères qui ont tout compris à la vie !! Profiter au maximum lorsque l'occasion se présente ! Et elle s'est présentée sous forme de mission scientifique… ainsi ces 2 dessinateurs hors pairs nous offrent un carnet de voyage comme tout un chacun en rêverait… La chaleur, la mer, la vie cool, etc…

Ils nous décrivent leur vie et ressenti au cours de la saison qu'ils ont passé dans ces « îles au large », et ainsi nous témoigner de quelques us et coutumes locaux, de l'ambiance environnante et du fabuleux patrimoine (faune, flore, culture etc…) environnant. Et ce n'est pas pour rien que l'Unesco a reconnu cette partie du monde comme « réserve de biosphère ».

Les dessins, les styles, les mises en scènes, les couleurs :

Les dessins de ces 2 auteurs sont véritablement bien différents. Entre la finesse du trait et les tableaux plus qu'enjoliveurs en aquarelle de Benjamin Flao et le trait plus confus, simple, brut et libre de Troubs, chacun retrouvera donc un style qui lui conviendra.

Personnellement j'adore ces doubles pages d'aquarelle !!

Les couleurs claires sont véritablement chaleureuses et apaisantes et mettent bien en évidence le climat tropical et la nonchalance environnante. On est dans un autre monde, en dehors du temps... Une vie rêvée différente ! Dépaysement garanti !

Les mises en scène des cases sont tantôt simples en ciblant l'essentiel, et par moments fouillis et chargées, à la manière de carnets de voyage, mais magistralement orchestrées et bourrées d'informations.

L'ensemble fonctionne merveilleusement bien et le rendu final est une apothéose visuelle !

Scénario, découpage :

Cette BD est une BD reportage (ou documentaire), un récit d'un savoir vivre à la cool, à la roots, et de se satisfaire de ce que la nature nous propose. Une ode à la liberté, aux valeurs humaines, un retour aux sources dans un environnement accueillant, chaud et humide.

L'ensemble est construit comme un beau gros carnet de voyage, alternant pleines pages de paysage et croquis explicatifs, le tout agrémenté de quelques pages dites BD et surtout avec beaucoup de texte manuscrit narratifs et informatifs.

L'insouciance et le flegme transparait jusque dans le format des vignettes dont les bordures sont tracées à main levé, voire pas du tout tracées… (Ceci dit nos deux protagonistes ont quand même particulièrement soigné leurs dessins, à notre grand bonheur heureusement !)

Le découpage est à la fois indolent et son contraire, dynamique. On est attiré par cette lecture paraissant lancinante et dès qu'on y plonge dedans, on ne la lâche plus !

Mais derrière cette léthargie apparente se révèle aussi une triste vérité et une morale effrayante.

Ne serait-ce que par la difficulté à reconstruire un Va'a Motu qui prouve une perte évidente de savoir-faire au profit de la modernité, ou bien la désertification des îlots pour concentrer les populations autours des grandes villes pour « l'argent facile » du tourisme, et/ou auparavant l'industrie nucléaire, au détriment des coutumes et cultures ancestrales, etc...

Les pages où les touristes occidentaux débarquent sont, selon moi, très révélatrices et pertinentes sur l'état de notre société de surconsommation vis-à-vis de la pauvreté locale… Mais au final, qui est le plus heureux, le pauvre local ou bien le touriste qui a trimé toute l'année pour se payer des vacances dont il ne profite guère ?

Pour finir, ce livre fait du bien quelle que soit la saison de sa lecture, il apaise, apporte un peu de soleil et beaucoup de chaleur, et de rafraichissement en regard du bleu dominant de la mer. J'ai donc pris beaucoup de plaisir à relire cet ouvrage, celui-ci m'ayant apporté du rêve et un peu de moiteur tropical tant recherché en cette période de sec caniculaire!

Lien : http://www.7bd.fr/2015/08/va..
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (96) Voir plus



Quiz Voir plus

kilana song

Qui est le personnage principal

hassan
shillings
naim
wallid

12 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Kililana Song, tome 1 de Benjamin FlaoCréer un quiz sur ce livre

{* *}