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sur 4306 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Flaubert disait à propos de « L'Education Sentimentale » : "Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma génération; « sentimentale » serait plus vrai. C'est un livre d'amour, de passion; mais de passion telle qu'elle peut exister, c'est à dire inactive". Je trouve que ce paragraphe illustre parfaitement l'idée du livre, à savoir qu'à travers cette histoire, Flaubert nous offre un livre de Passions, et qui dit Passions dit également Souffrance.

En effet, l'auteur met en place une large palette de personnages, tous plus passionnés les uns que les autres, et ce de part leurs actes ou leurs ambitions: que ce soit la Passion ardente et sublime entre Frédéric Moreau et Mme Arnoux - mais aussi l'amour charnel avec Rosanette, ou intéressé avec Mme Dambreuse, qui n'en demeurent pas moins tous les deux, des amours passionnés -, ou bien celle de Deslauriers pour sa carrière et la gloire, celle d'Arnoux pour l'Argent et la Beauté, celle de Pellerin pour l'Art...
Mais, à l'image de l'amour silencieux et impossible entre le héros et Mme Arnoux, on constate que la recherche de l'idéal et de la félicité par chacun des individus est vaine. D'ailleurs, dans les dernières pages du roman, Frédéric et Deslauriers s'arrêtent sur leur passé, et constatent leur échec : "Et ils résumèrent leur vie. Ils l'avaient manquée tous les deux, celui qui avait rêvé l'amour [Frédéric], celui qui avait rêvé le pouvoir [Deslauriers]"

N'ayant pas entendu, à priori, que des louanges sur ce roman de Flaubert, j'ai ouvert ce livre avec beaucoup d'appréhensions et la peur de m'ennuyer lors de cette lecture... Mais il n'en n'est rien au final ! Bien sûr, il y a de nombreuses longueurs, mais en dépit de cela, j'ai beaucoup aimé cette lecture. Les amateurs du style de Flaubert ne seront certainement pas déçus par « L'Education Sentimentale ».
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L'Éducation sentimentale de Flaubert, c'est un livre franchement ennuyant, mais aussi incontestablement magnifiquement écrit. C'est ennuyant, mais d'un très bel ennui!
Flaubert, c'est un talent d'écriture et une capacité de travail qui tiennent du merveilleux. Il nous permet de voir avec une clarté sublime ce qu'il veut bien mettre en lumière devant les yeux des ses lecteurs, que ce soit la pose d'un personnage, le détail d'une scène, la subtilité d'un état d'âme, etc.
Son génie grandiose aura toutefois été constamment irrésistiblement attiré par la médiocrité, qu'il ne se lassera jamais de découvrir partout, pour la décrire et aussi pour la dénoncer.
Tout au long de son oeuvre, il s'attaquera ainsi avec un acharnement indéfectible à la bêtise, à la médiocrité, à la bourgeoisie, mais sans jamais montrer quoi que ce soit de mieux, en dehors de sa manière sublime d'exprimer ses dénonciations.
Sa soif d'idéal correspond bien à première vue à ce que l'on peut trouver de plus exigeant, mais comme il ne va jamais aller s'aventurer là où l'on trouve des possibilités dignes d'assouvir des exigences surhumaines, sa fin n'aura jamais voulu ses moyens et cela qui me donne l'impression de trouver chez lui plutôt une affectation de recherche sérieuse plutôt qu'une authentique quête de possibilités vraiment dignes d'être vécues. Il ressemble ainsi beaucoup à Nietzsche, qui l'appréciera d'ailleurs sans jamais s'en lasser. Tous deux me semble avoir fait mine de chercher l'idéal en soi avec des exigences absolues, mais sans jamais avoir rien fait d'autre que de critiquer les éléments médiocres des possibilités qui se déployaient autour d'eux. (Nietzsche aura bien proposé l'Éternel retour du même ou encore le surhomme, mais ce sera pour les détruire lui-même aussitôt)
Bref, Flaubert n'a jamais rien su faire de mieux que d'exprimer rageusement son dégoût de tout ce qui ne correspondait pas à ses aspirations réelles ou prétendues. Son combat, présenté avec un style d'un perfection, presque complètement absurde, puisqu'elle échappera à la grande majorité de son auditoire, comportera quelque chose d'une vanité absolue, risible, et sera poursuivi tout de même, sans espoir véritable, avec un cynisme envers lui-même frisant la volonté d'autodestruction.
Je trouvais important d'exposer ces réflexions sur l'oeuvre entière de Flaubert puisque, à mon avis, Flaubert atteint un sommet dans son genre dans l'Éducation sentimentale. le roman est en effet magnifiquement écrit, comme toujours chez lui, mais les états d'âmes du héros principal sont si petits qu'ils ont souvent failli glisser complètement en dessous de mon attention. Mon esprit restais constamment accroché dans les hauteurs sublimes où l'on trouve ses formulations magnifiques, je restais si souvent saisis devant l'exposition de détails si parfaitement exposés, qu'il me fallait parfois faire quelques efforts pour me souvenir du petit bonhomme de chemin insignifiant que Flaubert faisait traverser à son personnage principal.
Même la participation de Frédéric à des événements politiques pourtant bouillonnants et à des circonstances parfois terribles et tragiques prennent de la fadeur à son contact. Il est si imbu de lui-même et sa personne est si ennuyante!
Oui, définitivement, pour toutes ces raisons, l'Éducation sentimentale, c'est un très bel ennui!
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Frédéric Moreau c'est le double inverse d'Emma Bovary.

Emma meurt d'avoir trop vécu ses rêves, Frédéric vit en se laissant flotter au gré des rencontres comme un bouchon- sans choisir, sans risquer, sans extrapoler, sans anticiper.

Autant le monde d'Emma obéit à une cosmogonie précise, avec ses codes, ses lois, ses figures tutélaires et référentes, autant celui de Frédéric est mouvant, indistinct, peu caractérisé.

Homme d'affaires peu scrupuleux mais pas franc escroc, comme Arnoux, Femme légère et peu farouche mais pas vraie cocotte, comme Rosannette. Homme politique opportuniste, naviguant à vue , mais pas Machiavel, comme Dambreuse...

Un monde interchangeable aussi : Deslauriers, Sénécal, Hussonnet et Moreau sont les trois mousquetaires - et comme eux ils sont quatre- assez peu différenciés de ce roman de formation ...où la formation est justement si paresseuse, si aléatoire, si floue elle aussi.

Encore une fois, Flaubert pourfend la bourgeoisie de province, incarnée par ces jeunes gens prometteurs mais décevants, qui sont les rois de l'occasion manquée, les fils d'une révolution rangée des voitures, les enfants gâtés d'une classe sociale pour qui s'ouvrent toutes les portes, sans qu'ils aient besoin d'y donner des coups de pied. Tout cela ne leur a pas forgé le caractère, et Frédéric Moreau encore moins que les autres.

Il y a du Bel-Ami dans cet amateur du beau sexe mais sans le cynisme et sans le désir: Frédéric s'élève -socialement s'entend- grâce aux femmes mais sans vraiment le chercher ni le vouloir: il" couche" mollement, si vous me passez l'expression.

Il y a aussi du Félix de Vandenesse dans l'amour platonique de Frédéric pour la belle Marie Arnoux, - "madame Arnoux", femme fidèle, directe et aimante de l'affairiste déjà nommé,- mais sans le romantisme flamboyant et mélo De Balzac dans le Lys - sans cancer du pylore pour elle, sans brûlure d'un désir épanché avec une autre pour lui, sans mari bon à enfermer à sainte Anne comme le comte de Mortsauf : Monsieur Arnoux est un bon pépère qui aime le cigare et sa petite famille.

Frédéric ne brûle pas: il cristallise: "Ce fut comme une apparition"... Madame Arnoux ne souffre pas: elle consent à se laisser adorer de loin pourvu que ce petit jeune homme n'aille pas troubler la paix de son ménage. Monsieur Arnoux n'est pas un fou jaloux et paranoïaque, il tape sur le ventre de Frédéric et le trouve d'agréable compagnie.

Pas de désir, pas d'obstacle, pas de difficulté particulière, pas de caractère fantasque ou torturé : l'Education sentimentale est un redoutable robinet d'eau tiède, une machine à distiller du bourgeois conformiste, un alambic à vaporiser sans douleur les illusions. Comme on accepte la chute des feuilles en automne.

Alors parfois on s'ennuie un peu. Pas plus ou pas moins que les personnages eux-mêmes. Mais le style lui est toujours là, parfait, ciselé, capable de rendre brillamment cet univers de grisaille, de dire avec une belle férocité la veulerie petite-bourgeoise des personnages.

Moins percutant, moins profondément ambigu que Madame Bovary, L'Education sentimentale est un miroir sans pitié que Flaubert se tend à lui-même et à toute sa génération.

Frédéric est vraiment le portrait d'un "homme sans qualité" et à ce titre le livre est d'une incroyable modernité.

Désenchanté, amer, sans concession.
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Entre les deux Normands, mon cœur ne balance pas. Je préfère indéniablement Maupassant à Flaubert.

Certes, le récit de la vie de Frédéric Moreau est édifiant : il est rare de voir conter avec tant de clairvoyance l’histoire d’un homme qui passe complètement à côté de sa vie. Les occasions ont été multiples et il n’en a saisi aucune, que ce soit dans sa vie amoureuse ou professionnelle. Il erre, de désirs en ambitions, de brèves tentatives en renonciations, allant comme une girouette de tel ami à telle connaissance, de telle femme légère à telle femme de tête. Aucun projet, aucune volonté, aucune constance. Ah ! si. Son amour pour Madame Arnoux, épouse d’un bonhomme plutôt sympathique et débonnaire mais aussi infidèle et hasardeux. Frédéric ne fera que tourner autour de cette femme, qui ne sera jamais à lui. Elle était d’une nature bien plus élevée que celles des maîtresses que le jeune homme aura (encore que sa passion de la fidélité souffrante exaspère la femme du 21ème siècle que je suis – c’est beau, c’est noble, c’est admirable, toute cette vertu, mais lorsque l’homme ne la mérite pas, c’est aussi une auto-flagellation non dénuée d’orgueil).

Pour autant, donc, malgré cette femme qui le hante et qui représente la perfection dans un monde où la moralité vire de droite et de gauche sans bien savoir où est son cap, Frédéric flanche. Il cherche à pénétrer les milieux du pouvoir, dans lesquels il échoue sans beaucoup d’efforts, simplement pour avoir séduit celle qu’il fallait. Il se laisse charmer par les projets de ses amis, promet son aide, ne l’apporte finalement pas. Il fait cent projets dont aucun n’aboutit, faute d’avoir été simplement entamé. Il vit comme un parasite dans une société où les inutiles abondent, simplement parce qu’ils ont l’argent ou les relations pour se le permettre – ce qui ne les empêche pas d’avoir moult opinions sur toutes choses et d’écraser sous le mépris ceux qui ne sont pas de leur monde. (À cet égard, le personnage de Dussardier est le seul que je n’ai pas eu envie de gifler pendant ma lecture.)

C’est donc un récit qui fait sens.

Mais quelle longue, très longue lecture ! Pensez qu’il faut attendre une cinquantaine de pages avant que Frédéric n’adresse la parole à Madame Arnoux et vous aurez une idée du rythme du roman. Certes, il faut prendre son temps pour dépeindre un tableau vivant, celui de ces années 1840 précédant la Révolution de 1848 ; mais, alors, pourquoi, quelquefois, ces rattrapages rapides, telles que les années de Frédéric passées auprès de sa petite voisine, escamotées en quelques pages et qui m’ont personnellement beaucoup manqué ? Tout tourne autour de Paris et de sa société brillante, non, devrais-je dire clinquante, comme ces babioles à trois sous qui jettent des éclats sous le soleil et ne valent rien.

Et puis, il y a les discussions politiques… Imaginez-vous qu’un visiteur du futur, 22ème siècle, surgisse soudain dans une conversation traitant de la politique française. Dans ses grandes lignes, il se situerait peut-être, pourvu qu’il ait eu quelques bases historiques. Eh bien, dans l’Éducation sentimentale, le visiteur, c’est le lecteur. Et, croyez-moi, j’avais quelques fondamentaux. Mais les petits mots politiques du moment ne passent pas toujours les siècles. Flaubert n’avait peut-être pas anticipé une telle postérité.

Nullement imméritée, d’ailleurs. Le roman a un but et il le remplit. Et la fin est vraiment de toute beauté.

Mais à qui voudrait lire un écrivain normand, je conseillerais plutôt Maupassant.
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En prépa littéraire, il y a des auteurs incontournables tels que Stendhal, Céline ou encore Flaubert qu'il est impossible d'éviter. Ou presque ! C'est ce que j'ai réussi à faire pour Flaubert… Pourquoi ? Je n'en sais rien. Les quelques extraits que j'avais étudiés de deux de ses romans, à savoir Madame Bovary et L'Éducation Sentimentale, ne m'avaient guère donné envie de me lancer dedans. Bien mal m'en a pris ! Car si Madame Bovary ne m'a pas convaincue par la suite, il n'en a pas été de même pour L'Éducation Sentimentale.
Autant j'entendais beaucoup de louanges sur Madame Bovary, autant celui-ci était aussi bien décrié que porté aux nues. Dans la mesure où je n'avais pas aimé le récit de la vie d'Emma, c'est avec beaucoup d'appréhension que j'attaquai celui de la vie de Frédéric. Pourtant, ce roman a été une véritable surprise : je me suis totalement laissée emporter par cette épopée. Car ce roman est un chef-d'oeuvre de la littérature française.

Frédéric est un jeune provincial qui décide de partir faire ses études à Paris. En revenant dans sa province natale pour quelques mois, il fait la rencontre de Jacques Arnoux, un amateur d'art exubérant, ainsi que de son épouse. Il connaîtra là ses premiers émois amoureux, tombant immédiatement sous le charme de Marie Arnoux. de retour à Paris, la tête pleine de rêves, le jeune homme romantique va errer de déception en déception, aussi bien professionnelles, politiques et qu'amoureuses. Mais plus que l'histoire de Frédéric, L'Éducation sentimentale est le récit de toute une génération : de ses attentes, de ses illusions, de ses espoirs et enfin de ses déceptions et de ses échecs.

Souvent, il est reproché à Flaubert son écriture lourde aux phrases particulièrement longues et complexes. L'Éducation Sentimentale ne fait pas exception, bien au contraire et certains trouveront cela particulièrement ennuyeux. Personnellement, j'ai adoré cet ennui. Flaubert parvient avec brio à nous passionner par un récit fait de petits riens. En assemblant les mille et un petits détails de la vie dans toute leur banalité, l'auteur parvient à nous peindre un tableau des plus captivants. Les descriptions sont nombreuses. Je dirais même que le livre est essentiellement fait de descriptions de paysages. Mais ce sont elles qui font tout le récit car sans elles, nous ne pourrions comprendre tous ces personnages et leur évolution dans le roman, en particulier Frédéric, le personnage principal.

Frédéric est le représentant de toute une génération de romantiques désabusés par la société dans laquelle ils vivent. Jeune et ambitieux, sa vie sera une succession de nombreux échecs : d'esprit faible et influençable, notre héros aspirera à une grandeur qu'il ne parviendra jamais à atteindre, en dépit de tous les moyens dont il disposera.
D'ailleurs, d'un point de vue historique, ce roman est un vrai trésor. Tous les grands évènements du milieu du XIXème siècle sont consignés ici : la fin de la Monarchie de Juillet, la Révolution de 1848, la Seconde République... Autant d'évènements qui ont marqué l'histoire de la France et dont Frédéric est le spectateur impuissant. Fréquentant tantôt les milieux socialistes révolutionnaires tantôt les milieux bourgeois, il ne parviendra jamais à trouver sa place, condamné à demeurer à la lisière de ces différents mondes. Cette impuissance à s'inscrire dans la société montre son incapacité à vivre pleinement sa vie notamment sentimentale. Entre des femmes inaccessibles, idéalisées, frivoles, provinciales, riches ou trop hautaines, Frédéric demeurera un éternel insatisfait.
La lente agonie de la monarchie et la perte des illusions républicaines vont servir de trame de fond à cette éducation sentimentale. Derrière celle-ci, c'est une France en pleine révolution que Flaubert nous présente, faisant de ce roman bien plus que la simple fresque d'une seule vie.

Zola se chargera de la conclusion mieux que moi : « Ce que l'auteur apporte, ce sont les profondeurs inconnues de l'être, les sourds désirs, les violences, les lâchetés, toutes les impuissances et toutes les énergies traduites par les niaiseries de la vie journalière. Et ce n'est pas un simple greffier. C'est un musicien doué dont les poèmes sont faits pour des oreilles sympathiques. »
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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On parle souvent de relire les classiques mais les lire tout simplement est souvent mon cas. Je me suis donc lancée avec le célèbre roman de Gustave Flaubert au doux titre de "L'éducation sentimentale" après avoir lu "L'année de l'Éducation sentimentale" de Dominique Barbéris, un roman récent qui montre que ce classique a marqué des générations d'étudiants et d'étudiantes en Lettres.
Comme souvent au 19ème siècle il s'agit d'un roman d'amour.
Frédéric Moreau a dix-huit ans quand il tombe éperdument amoureux de Madame Arnoux, une femme mariée et mère de famille. Toute sa vie il sera obsédé par cette passion.
Étudiant en droit à Paris il a une vie dissolue de dilettante. Il fréquente des bourgeois voire des aristocrates de tout bord et malgré sa fougue, on n'a peu d'empathie pour ce jeune homme qui ne s'intéresse qu'à lui-même.
Il passe à côté des émeutes révolutionnaires de 1848 et traite assez mal les femmes qui vont l'aimer, que ce soit Rosanette, Louise ou Madame Dambreuse.
Son désir inassouvi pour Madame Arnoux lui donne des allures de phallocrate et pourtant je trouve que Flaubert réussi à écrire sur la psychologie masculine en donnant corps à ce jeune héros désoeuvré, ce que je trouve intéressant.
J'écoutais récemment Frédéric Begbeider à la radio qui disait que de tout temps les hommes ont tenté de contrôler leurs désirs parce qu'il est effrayant. C'est probablement ce qui est arrivé au Frédéric de "L'éducation sentimentale" qui pense avoir raté sa vie.
Mais si je n'ai pas été séduite par le personnage de Flaubert son écriture m'a enchantée. Je suis encore sous le charme de belles phrases comme cet éloge de Madame Arnoux dont l'âge est avancé : "D'ailleurs, elle touchait au mois d'août des femmes, époque tout à la fois de réflexion et de tendresse, où la maturité qui commence colore le regard d'une flamme plus profonde, quand la force du coeur se mêle à l'expérience de la vie, et que, sur la fin de ses épanouissements, l'être complet déborde de richesses dans l'harmonie de sa beauté."


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Grand classique, avec son texte sur "l'apparition" que nous avons tous étudié au moins une fois, l'Education sentimentale tient ses promesses, et même plus. Je savais que je lirais un roman d'amour, j'ignorais à quel point cette intrigue s'appuyait sur la description des moeurs parisiennes des années 1840. Je n'ai pas été déçue : entre peinture de la nature humaine et expression politique, ce roman nous embarque dans une société qui ressemble finalement beaucoup à la nôtre. Certes, on remarque surtout les différences, et ces personnages qu'on a envie de gifler, parce qu'ils se laissent aller à la facilité d'être rentier ou de se faire entretenir, quand nous sommes attachés au travail. Mais j'ai refermé le livre avec le sentiment d'avoir lu un récit historique, où le héros observe de loin les événements, bien plus qu'une histoire d'amour bien trop extraordinaire pour être vraie.
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Chacun sait que l'on touche ici à monument. Pourtant, peut-on dire que ce livre, dans sa première partie, est un peu confus? Et que son intrigue n'est ni très vivante, ni très passionnante? Qu'il peut même décourager de la lecture des jeunes auxquels on voudrait l'imposer?
Au XIXème siècle, un usage fréquent était de convoiter la femme des autres. Dans ce roman largement autobiographique, Flaubert raconte d'abord son maladroit apprentissage auprès d'une femme mariée. La relation sera frustrante pour le jeune homme: une impasse platonique. La seconde sera l'amour passion: le jeune homme apprend, et prend de l'assurance. Il devient intéressé et cynique, et ce sera ainsi qu'il abordera la troisième relation. On sera là à côté de la morale, et le jeune homme pourra même en arriver, mettant au premier plan son intérêt, à abimer la relation amicale ancienne qu'il conservait avec un camarade de jeunesse.
Flaubert est inimitable par son style: c'est là où l'unanimité se fait. Pour le reste, si l'on ne peut nier l'intérêt littéraire de ce roman, on aura du mal à le placer, du point de vue du plaisir de sa lecture, au niveau des meilleurs.
On se trouve un peu comme face à Proust: quand on souffre en escaladant une montagne, y a-t'il plus de difficultés que de plaisir? C'est cette ambivalence que l'on ressent en suivant les aventures pas très aventureuses de Frédéric Moreau.
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J'avais lu ce roman il y a ...trente ans environs. Et ces jours-ci, à force de passer devant lui, bien rangé sur son rayonnage, je me suis rendue compte que j'avais oublié non seulement l'histoire, mais même le sujet.

"L'Education sentimentale" ? Mmm..ce devait être une histoire surannée de jeune homme boutonneux et gauche essayant de faire une conquête maladroite d'une bourgeoise mariée et mère d'une petite fille modèle , le tout avec autant de rebondissements qu'une séance à l'Assemblée Nationale ..

Las ...mon orgueil de lectrice m'a poussé à l'exhumer... Comment ? Ne plus savoir de quoi parle L'Education Sentimentale ? Quel scandale !

Et bien, mes amis, j'ai bien fait !
Il y a des romans - j'allais dire des classiques - qu'il vaut mieux lire à cinquante ans qu'à vingt ans ! L'Education sentimentale fait partie de ceux-là.

En effet, il faut avoir vécu pour goûter l'histoire, les sentiments des personnages et même expérimenter cette mise en face de soi-même auquel nous convie l'auteur.

L'Education sentimentale, un livre ennuyeux ?
Que nenni ! L'action n'arrête pas - ou plutôt la vie n'arrête pas : son flot se déroule, toujours en mouvement, toujours en changement.

Un roman tout en teinte sépia, l'Education sentimentale ?
Peut-être pour les esprits forts qui n'ont jamais ressenti la timidité auto-destructrice, la haine pour l'être adoré un instant auparavant, le regret mordant.

Naturellement, pour goûter tout cela, il faut avoir vécu...
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Ce n'est pas une lecture si facile. Mais par contre, j'adore sa plume ! Ce n'est certes pas un coup de coeur pour moi, malgré tout, j'ai apprécié découvrir un nouvel ouvrage de Flaubert. Mon coup de coeur étant "Madame Bovary".

Il y a beaucoup de longueurs dans ce roman d'apprentissage (surtout sur ses sentiments). le texte est assez pessimiste et peint une toile sombre de la société, des liens, de la vie en général. Par ailleurs, le côté historique est vraiment très intéressant ! Mais en soit, il ne s'y passe pas grand-chose.

Les personnages, divers et variés, sont tous des concentrés de passions en tout genres. Ils vont essayer de réaliser leurs rêves, leurs fantasmes... Mais souvent, la désillusion vient pointer le bout de son nez.

Les deux amis, Frédéric et Deslauriers vont un jour se résumer leur vie : L'un et l'autre l'ont raté. Frédéric par sa recherche de l'amour impossible et Deslauriers par la recherche de pouvoir et de gloire.

J'aime énormément Frédéric et Mme Arnoux. J'aime beaucoup moins le Mari de cette dernière et Deslauriers. L'un me semble tellement sûr de lui, hautain, vicelard et l'autre est selon moi un éternel insatisfait caractériel.
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