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Citations sur ''Nous allions à l'aventure par les champs et par les g.. (24)

Donc nous partîmes en avant,au-delà, sans nous soucier de la marée qui montait, ni s'il y aurait plus tard un passage pour regagner terre. Nous voulions jusqu'au bout abuser de notre plaisir, et le savourer sans en rien perdre. Plus légers que le matin, nous sautions, nous courions sans fatiguer; sans obstacle, une verve de corps nous emportait malgré nous et nous éprouvions dans les muscles des espèces de tressaillements d'une volupté robuste et singulière. Nous secouions nos têtes au vent, et nous avions du plaisir à toucher les herbes avec nos mains. Aspirant l'odeur ds flots, nous humions, nous évoquions à nous tout ce qu'il y avait de couleurs, de rayons, de murmures, le dessin des varechs, la douceur des grains de sable, la dureté du roc qui sonnait sous nos pieds, les altitudes de la falaise, la frange des vagues, les découpures du rivage, la voix de l'horizon; et puis c'était la brise qui passait, comme d'invisibles baisers qui nous coulaient sur la figure, c'était le ciel où il y avait des nuages allant vite, roulant une poudre d'or, la lune qui se levait, les étoiles qui se montraient. Nous nous roulions l'esprit dans la profusion de ces splendeurs, nous en repaissions nos yeux; nous en écartions les narines, nous en ouvrions les oreilles; quelque chose de la vie des éléments émanant d'eux-mêmes, sous l'attraction de nos regards, arrivait jusqu'à nous, s'y assimilant, faisait que nous les comprenions dans un rapport moins éloigné, que nous les sentions plus avant, grâce à cette union plus complexe.
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Là, couché par terre à plat dos sur le sable, le chapeau sur les yeux, les bras étendus en croix, je suis resté une grande heure et demie à chauffer ma guenille au soleil et à faire le lézard. On se sent le corps inerte, engourdi, inanimé, inhérent presque à la terre sur laquelle il se vautre tandis que l'âme, au contraire, partie bien loin, voltige dans les espaces comme une plume égarée.
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… ils ne purent croire que nous fussions des messieurs cheminant à pied pour leur récréation personnelle, cela leur paraissait inouï, absurde ; nous étions des dessinateurs ou des leveurs de plan qui voyageaient par ambition pour faire mieux que les autres et gagner par là la croix d’honneur ; nous étions salariés par le gouvernement pour inspecter les routes et surveiller les allumeurs des phares ; nous avions une mission secrète, un travail clandestin que nous ne voulions pas dire afin de surprendre les gens et de faire notre coup ; il y avait en nous quelque chose d’incompréhensible, de contradictoire et de ténébreux, et nous les effrayions presque, tant nous leur semblions étranges. Non, vive Dieu ! rien de tout cela ne nous pousse. Nous ne sommes que des contemplateurs humoristiques et des rêveurs littéraires.
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Il n'y a pas de fleurs dans la campagne, mais il y en a dans l'église ; on est pauvre, mais la Vierge est riche ; toujours belle, elle sourit pour tous et les âmes endolories vont se réchauffer sur ses genoux, comme à un foyer qui ne s'éteint pas.
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La marée baissait ; il fallait, pour passer, attendre le retrait des vagues. Nous les regardions venir. Elles écumaient dans les roches, à fleur d'eau, tourbillonnaient dans les creux, sautaient comme des écharpes qui s'envolent, retombaient en cascades et en perles, et dans un long balancement ramenaient à elles leur grande nappe verte. Quand une vague s'était retirée sur le sable, aussitôt les courants s'entrecroisaient en fuyant vers des niveaux plus bas. Les varechs remuaients leurs lanières gluantes, l'eau dbordait des petits cailloux, sortait par les fentes des pierres, faisait mille clapotements, mille jets. Le sable trempé buvait son onde, et, se séchant au soleil, blanchissait sa teine jaune.
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Chacun des arts a sa lèpre particulière, son ignominie mortelle qui lui ronge le visage. La peinture a le portrait de famille, la musique a la romance, la littérature a la critique et l'architecture a l'architecte.
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Comme ce qui est beau sera laid, comme ce qui est gracieux paraîtra sot, comme ce qui est riche semblera pauvre, nos délicieux boudoirs, nos charmants salons, nos ravissants costumes, nos intéressants feuilletons, nos drames palpitants, nos livres sérieux, oh ! oh! comme on nous fourrera au grenier, comme on en fera de la bourre, du papier, du fumier, de l’engrais ! Ô postérité ! n’oublie pas surtout nos parloirs gothiques, nos ameublements Renaissance, les discours de M. Pasquier, la forme de nos chapeaux et l’esthétique de la Revue des Deux-Mondes !
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CLISSON


Sur un coteau, au pied duquel se joignent deux rivières, dans un frais paysage égayé par les claires couleurs des toits en tuiles abaissés à l’italienne, et groupés là ainsi que dans les croquis d’Hubert, près d’une longue cascade basse qui fait tourner un moulin, tout caché dans le feuillage, le vieux château de Clisson montre sa tête ébréchée par-dessus les grands arbres. À l’entour, c’est calme et doux, les maisonnettes rient comme sous un ciel chaud ; les eaux font leur bruit, la mousse floconne sur le courant où se trempent de molles touffes de verdure. L’horizon s’allonge, d’un côté dans une perspective de prairies et, de l’autre, remonte tout à coup, enclos par un vallon boisé dont le flot vert s’évase et descend jusqu’en bas.
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Mais le paysan breton repart à jeun, il eût été trop cher de manger dehors ; il va retrouver sa galette de sarrasin et sa jatte de bouillie de maïs cuite depuis huit jours dont il se nourrit toute l'année, à côté des porcs qui rôdent sous la table et de la vache qui rumine là sur son fumier dans un coin de la même pièce.
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Un vent frais qui sentait l'âcreté de la mer s'éleva avec le crépuscule et la nuit était close quand nous arrivâmes à Lorient, dont il n'y a plus rien à dire sinon que c'est la ville la plus sotte de la géographie.
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