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Critique de Alexein


Flaubert a voulu « fixer un mirage ». Il a ainsi bien résumé l'oeuvre floue, flottante et capiteuse qu'est salammbô. Ses tableaux de Carthage sont d'une magnificence digne des Mille Et Une Nuits. La cruauté et la bestialité y côtoient le raffinement. Ce roman est un songe emmené par un style teinté de nacre, de pourpre et du bleu étoilé du Zaïmph. Certes, les tableaux sont beaux, mais l'histoire passe au second plan et le livre est tout en style ; Flaubert s'est lancé un défi documentaire qui l'a éloigné de ce que doit être une histoire : il s'est perdu et complu dans des galaxies de fantasmes contemplatifs. Au milieu de toutes ces descriptions, les personnages n'ont pas la place de se mouvoir et de se développer : ils sont écrasés par le style. D'où le contraste entre le flamboyant des tableaux et la platitude des dialogues qui dans Madame Bovary servaient l'histoire et ici la desservent.
Le même défaut dont souffrait le personnage d'Emma Bovary reparaît ici chez celui de salammbô : elle est fantomatique, on dirait une ombre, une coquille vide peinte pour donner l'apparence d'un être vivant. C'est un être de langueur, de dévotion, de superstition, manipulé par le grand prêtre Schahabarim. On s'attache plus facilement à Mathô, Spendius et Hamilcar qui, guerriers de leur état, constituent le moteur de l'histoire. Les scènes de batailles sont héroïques à souhait : les détails abondent et on se trouve projeté au coeur des évènements.
Le livre contient cependant des longueurs presque aussi arides que les déserts traversés. Et enfin l'amour mêlé de haine et de dégoût entre Mathô et salammbô reste pour moi une énigme insane et nauséabonde. Dans ce livre, on finit par étouffer du déséquilibre entre trop d'un côté et pas assez de l'autre : trop d'images oniriques et pas assez de clarté dans ce qui doit être des points de repère. C'était peut-être l'ambition de Flaubert que de nous faire perdre tous nos repères et de nous entraîner dans un tourbillon kaléidoscopique. de ce point de vue il n'a que trop bien réussi.
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