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sur 2115 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Carnage à Carthage.
Pour honorer les 200 bougies de Gustave Flaubert, j'ai terminé l'année avec son péplum gore, salammbô, inspiré par ses voyages en Orient. Je n'ai pas dû fréquenter les mêmes clubs de vacances.
Bon moi, les tuniques moulantes, les Maciste en sandales, bien huilés et gonflés aux stéroïdes, les princesses qui s'aèrent le nombril, maquillées comme Nina Hagen, ce n'est pas ma tasse de thé à la menthe.
Nous sommes en 241 avant J.C et plus important pour bien vous situer, 2214 avant ODP31. Carthage est assiégée par des mercenaires qui s'estiment mal payés après plusieurs campagnes militaires. C'est important la reconnaissance en management.
Mathô, le rebelle en chef, tombe sous le charme fatal de la princesse de Carthage salammbô. Oui, c'est vrai, on dirait un nom d'une marque de cookies mais la demoiselle n'est pas seulemmbelle, elle est aussi mystique, tendance bien perchée dans les astres. Il faut dire qu'elle vit presque recluse dans palais et que son meilleur ami est un serpent qui lui caresse langoureusement les chevilles.
salammbô n'est pas Emma Bovary et elle ne comprend rien aux déclarations de Mathô qui vole un voile sacré pour la séduire. le barbare est un peu lourdingue côté drague mais n'ayant jamais vu le grand méchant loup, la princesse confond désir et malédiction.
Le père de la Miss Carthage, Hamilcar, prend très mal la mutinerie des mercenaires et comme le dialogue social n'est pas trop à la mode durant l'antiquité, le récit, tel mon dernier chapon, va être farci de massacres, de sacrifices et de batailles, les tripes à l'air.
Flaubert plonge son lecteur au milieu des combats et des trahisons sans lui épargner aucun détail. Il décrit avec beaucoup de réalisme les stratégies, plans de table et de batailles, et après ce roman, je crois pouvoir me lancer dans une thèse sur tous les modèles de catapultes de l'antiquité. Surtout, il développe une vraie esthétique de la violence et cette sauvagerie contraste avec la beauté d'un orient poétique et rêvé.
A sa sortie, salammbô va connaître un succès immense et même si la critique est divisée, ce roman poétique, vinaigrette de passions et de violences, va inspirer bon nombre d'artistes et notamment le peintre Gustave Moreau.
Pour ma part, ce roman m'a moins marqué que l'Education sentimentale, Madame Bovary ou le truculent Bouvard et Pécuchet mais on y retrouve cette plume sans illusion sur l'humanité et cette capacité unique à créer des mythes littéraires.
Quo Vadis Domine ? … Ben, je vais ouvrir mon agenda 2022. Bonne année.
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Adolescente, j'ai lu et aimé salammbô. Je n'en ai gardé que des souvenirs très vagues, ceux d'une lecture riche, d'un style foisonnant, de magnifiques tournures de phrases et d'une belle héroïne au destin tragique.
Suite à la superbe critique de Berni_29 que je remercie infiniment, j'ai eu envie de le relire.

*
L'histoire commence au IIIe siècle avant J.C., après la première guerre punique, au moment où les riches marchands de Carthage, plus soucieux de leurs richesses que de la ville, refusent de payer ce qu'ils doivent à l'armée de mercenaires qui a vaillamment combattu Rome auprès d'Hamilcar, le plus grand général carthaginois. Ils décident alors de se révolter et d'attaquer la ville.

*
"salammbô", c'est au départ Carthage qui nous apparaît dans toute sa magnificence, son opulence.
Gustave Flaubert commence son récit par de magnifiques descriptions de la ville. Sous les mots de l'auteur, elle se pare de majesté, de luxe et d'une surabondance de richesses.

"salammbô", c'est aussi le récit de cet incroyable siège que vont entamer les barbares, bien décidés à profiter des récompenses promises. Mais le plus beau joyau de Carthage, ne serait-il pas la magnifique salammbô, objet de toutes les convoitises ?

Car salammbô, c'est avant tout le nom d'une grande prêtresse de la déesse Tanit et la fille du grand Hamilcar Barca.
Mathô, un des chefs barbares, va en tomber follement amoureux.

« Sa chevelure, poudrée d'un sable violet, et réunie en forme de tour selon la mode des vierges chananéennes, la faisait paraître plus grande. Des tresses de perles attachées à ses tempes descendaient jusqu'aux coins de sa bouche, rose comme une grenade entrouverte. Il y avait sur sa poitrine un assemblage de pierres lumineuses, imitant par leur bigarrure les écailles d'une murène. Ses bras, garnis de diamants, sortaient nus de sa tunique sans manches, étoilée de fleurs rouges sur un fond tout noir. Elle portait entre les chevilles une chaînette d'or pour régler sa marche, et son grand manteau de pourpre sombre, taillé dans une étoffe inconnue, traînait derrière elle, faisant à chacun de ses pas comme une large vague qui la suivait. »

*
Ce que je retiens avant tout de cette histoire, c'est le style inimitable de Gustave Flaubert. Je me suis laissée porter par le rythme, la mélodie, les mots qu'impose le texte.
Dans une prose poétique et musicale soutenue par de longues phrases, l'auteur décrit le conflit avec un luxuriance de détails. Son écriture très visuelle, très sensorielle capte les couleurs, les odeurs, les mouvements, les bruits, créant une ambiance écrasante tout au long du récit.

*
Mais c'est aussi une oeuvre où domine la cruauté, la barbarie, la sauvagerie.
La délicatesse, le raffinement et la beauté flamboyante de Carthage ne sont qu'apparence. Sous la couche de vernis, se cache un peuple dur, impassible, menaçant, féroce, monstrueux.

« Cent pas plus loin ils en virent deux autres ; puis, tout à coup, parut une longue file de croix supportant des lions. Les uns étaient morts depuis si longtemps qu'il ne restait plus contre le bois que les débris de leurs squelettes ; d'autres à moitié rongés tordaient la gueule en faisant une horrible grimace ; il y en avait d'énormes ; l'arbre de la croix pliait sous eux ; et ils se balançaient au vent, tandis que sur leur tête des bandes de corbeaux tournoyaient dans l'air, sans jamais s'arrêter. Ainsi se vengeaient les paysans carthaginois quand ils avaient pris quelque bête féroce ; ils espéraient par cet exemple terrifier les autres. Les Barbares, cessant de rire, tombèrent dans un long étonnement. « Quel est ce peuple, – pensaient-ils, – qui s'amuse à crucifier des lions ! » »

Le lecteur est confronté à un très fort contraste entre la beauté exotique de Carthage, de salammbô et les horreurs de la guerre où les hommes s'entretuent dans des combats au corps à corps.

M'apparaissent plusieurs tableaux effrayants et écoeurants dans lesquels des lions agonisants sont crucifiés ; où des corps, soldats et animaux enchevêtrés, s'entassent et se fondent dans des mares de sang et de viscères ; où des entrailles humaines font comme des guirlandes autour des défenses des éléphants mutilés, dressés à tuer ; où des corbeaux festinent de cadavres humains en décomposition ; où des hommes mourant de faim se nourrissent de la chair de leurs camarades morts ; où des enfants sont offerts aux Dieux pour obtenir leur clémence.

*
Ce récit m'a beaucoup plu, mais j'ai tout de même quelques petits regrets qui n'entachent en rien la qualité du récit. J'espère par mes aveux, ne pas m'attirer les foudres des passionnés de Gustave Flaubert.

Mon premier regret est que j'aurais aimé que la psychologie de salammbô soit davantage approfondie. On la sent cachée entre les lignes, délicieuse, obsédante, mais sa présence est voilée par les affres d'une guerre impitoyable.

L'amour entre salammbô et Mathô est présenté de manière passionnelle, tout en gardant beaucoup de pudeur et de retenue. Les deux amants sont déchirés par des émotions contradictoires, amour et haine, attirance et dégoût, détachement et convoitise. Les mots choisis par l'auteur magnifient cette relation par un jeu de symbolisme et de silences dans la narration.

« salammbô était envahie par une mollesse où elle perdait toute conscience d'elle-même. Quelque chose à la fois d'intime et de supérieur, un ordre des Dieux la forçait à s'y abandonner ; des nuages la soulevaient ; en défaillant, elle se renversa sur le lit dans les poils du lion. Mâtho lui saisit les talons, la chaînette d'or éclata, et les deux bouts, en s'envolant, frappèrent la toile comme deux vipères rebondissantes. »

Gustave Flaubert n'a pas son pareil pour nous décrire cet amour qu'ils se vouent, tout en nuances, mais et c'est mon second regret, je trouve que la relation amoureuse prend une place relativement minime au regard des scènes de guerre.

*
Pour conclure, ce roman est une épopée historique triomphante de cruauté et de violence, mais également une belle histoire d'amour vouée à l'échec. Tout au long du récit, le lecteur peut voir, dans la multitude de détails et de références à la mythologie, l'énorme travail de recherche effectué par Flaubert.
"salammbô" vaut la peine d'être lu pour la grandeur de Carthage, la beauté tragique de la jeune femme qui obsède Mathô, l'amour passionnée des deux amants, le récit épique des combats, mais surtout pour l'écriture fulgurante et lyrique de Gustave Flaubert.
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Ancien étudiant en Histoire et plus précisément de la deuxième guerre punique, je n'avais que jeté un oeil lointain sur le roman de Flaubert. Je me suis pourtant décidé, lors de mes vacances, à finalement le lire. Et l'on peut dire, que je n'ai pas été déçu.
Très bien documenté, agréable à lire, vivant, on s'imprègne assez bien de l'ambiance africaine.
La prose de Flaubert, en dépit de quelques longueurs - on a perdu l'habitude de ces descriptions très dixneuviemistes - nous emmène de pages en pages vers une fin que l'on sait inéluctable. La violence, la rage des protagonistes défient l'immobilisme des politiques et le mysticisme des prêtres. Cette épopée est riche et magistralement organisée. le rythme varie en intensité sans jamais nous lassé.
Le personnage central n'est au final que peu présent mais les apparitions de salammbô sonnent comme un rêve et c'est peut-être ce qu'est ce roman, une rêverie orientale.
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Flaubert a voulu « fixer un mirage ». Il a ainsi bien résumé l'oeuvre floue, flottante et capiteuse qu'est salammbô. Ses tableaux de Carthage sont d'une magnificence digne des Mille Et Une Nuits. La cruauté et la bestialité y côtoient le raffinement. Ce roman est un songe emmené par un style teinté de nacre, de pourpre et du bleu étoilé du Zaïmph. Certes, les tableaux sont beaux, mais l'histoire passe au second plan et le livre est tout en style ; Flaubert s'est lancé un défi documentaire qui l'a éloigné de ce que doit être une histoire : il s'est perdu et complu dans des galaxies de fantasmes contemplatifs. Au milieu de toutes ces descriptions, les personnages n'ont pas la place de se mouvoir et de se développer : ils sont écrasés par le style. D'où le contraste entre le flamboyant des tableaux et la platitude des dialogues qui dans Madame Bovary servaient l'histoire et ici la desservent.
Le même défaut dont souffrait le personnage d'Emma Bovary reparaît ici chez celui de salammbô : elle est fantomatique, on dirait une ombre, une coquille vide peinte pour donner l'apparence d'un être vivant. C'est un être de langueur, de dévotion, de superstition, manipulé par le grand prêtre Schahabarim. On s'attache plus facilement à Mathô, Spendius et Hamilcar qui, guerriers de leur état, constituent le moteur de l'histoire. Les scènes de batailles sont héroïques à souhait : les détails abondent et on se trouve projeté au coeur des évènements.
Le livre contient cependant des longueurs presque aussi arides que les déserts traversés. Et enfin l'amour mêlé de haine et de dégoût entre Mathô et salammbô reste pour moi une énigme insane et nauséabonde. Dans ce livre, on finit par étouffer du déséquilibre entre trop d'un côté et pas assez de l'autre : trop d'images oniriques et pas assez de clarté dans ce qui doit être des points de repère. C'était peut-être l'ambition de Flaubert que de nous faire perdre tous nos repères et de nous entraîner dans un tourbillon kaléidoscopique. de ce point de vue il n'a que trop bien réussi.
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Plus que jamais en cette rentrée littéraire qui démarre, il est sain de rappeler les bienfaits des grands classiques, histoire de conserver la tête froide, de lire avec un peu de perspective et – surtout - d'éviter de sortir trop vite certains superlatifs que l'on regrettera bien vite.

Et comme il ne vous a certainement pas échappé que c'était cette année le bicentenaire de la naissance de l'immense Gustave Flaubert, l'occasion était belle en cette fin d'été de me plonger dans salammbô, sa grande fresque épique, guerrière et poétique.

Carthago delenda est !

Même si la célèbre formule de Caton appelant à détruire Carthage est postérieure à la période de salammbô – et me renvoie d'un seul coup à mes études latines de lycée –, je l'ai eue en tête de manière lancinante pendant toute ma lecture.

Comme ses grands anciens Corneille ou Racine avant lui, Flaubert choisit dans salammbô de quitter son époque pour revisiter à son tour la tragédie antique. On est bien longtemps avant JC, juste après la première guerre punique où Carthage a plié un genou face à Rome.

La République d'Hamilcar, qui a su mobiliser tant de mercenaires, les voit maintenant se retourner contre elle, furieux de ne pas être récompensés comme promis. La guerre éclate : longue, violente, barbare !

salammbô, la fille d'Hamilcar si belle qu'elle approche le rang de déesse vivante, traverse ces guerres et le livre, écartelée entre son amour à la fois fasciné et contrarié pour Matho le chef des mercenaires, son peu d'attrait pour Narr'Havas a qui elle est promise et sa fidélité à son père et à son camp.

Voilà pour le pitch. Pour le reste, loin de moi l'idée, ni l'envie, ni les compétences pour chroniquer Flaubert. Mon retour ne sera donc que l'expression de l'amateur toujours subjugué par l'écriture du maître rouennais.

Et juste dire combien j'ai apprécié ce voyage dans le temps et dans cette langue incroyablement belle et imagée. Si quelques chapitres guerriers ont pu parfois me sembler longuets ou confusants, ils ont été à chaque fois effacés par la grâce de tous les passages où salammbô paraît ; par la splendeur descriptive de ces provinces de l'actuelle Tunisie ; par l'incroyable diversité des peuples qui l'habitaient alors ;

Mais surtout par la fascination d'un ensemble où Flaubert réussit parfaitement à tenir l'équilibre entre la cruauté de sa trame historique belliqueuse et l'élégance poétique et apaisante de la princesse à la beauté légendaire. Avec en point d'orgue les scènes de la première apparition de salammbô ou celle du Moloch.

Des scènes emblématiques de l'écriture « visuelle » de Flaubert, qui te donne à lire l'équivalent d'un film en technicolor où les scènes prennent vie dans l'esprit du lecteur, comme assis au spectacle. du très grand art pour cette lecture certes un peu ardue, mais tellement belle…
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Relecture pour faire écho à cette exposition "salammbô Fureur ! Passion ! Eléphants !" organisée par le Mucem de Marseille, en partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Rouen , l'Institut national du patrimoine de Tunis, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (né à Rouen en 1821- 1880).
Ce roman a été publié le 24 novembre 1862.
Quand on visite la cité carthaginoise on ne peut s'empêcher de vouloir rencontrer les deux héros de cette histoire exotique mais bien tragique : salammbô, la prêtresse de la déesse punique Tanit et son amoureux Mathô, le chef des mercenaires libyens révoltés contre Carthage.
C'est une oeuvre de longue maturation qui fourmille de détails précis que Flaubert recueillit minutieusement et interpréta après son voyage en Tunisie
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C'est avant tout un roman historique situé dans l'antiquité, 200-300 ans avant Jésus-Christ, à Carthage, grande puissance de l'époque et rivale de Rome. J'avoue m'être dit au cours des premiers chapitres : mais qu'est-ce que c'est que ça ? le but principal selon moi est de tenter de nous représenter un peuple et une époque qui sont très loins et très différents des notres. Comment était la vie, comment étaient les gens et les moeurs, comment pouvait se vivre une histoire d'amour. Je crois que Flaubert réussi magistralement à nous imbiber de cette atmosphère particulière. En nous racontant un épisode véridique de l'histoire de cette ville, il nous donne un aperçu de la violence, de la rudesse, de l'extrême opulence des riches et des puissants, de l'influence des superstitions, des cultes païens, etc. le tout est agrémenté de personnages forts et intéressants et de scènes mémorables. Je pense entre autre à l'entrée furtive de Mâtho dans la ville et de sa sortie plus mouvementée, ainsi que la fin du livre. À découvrir pour les intéressés !
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« La température devint si lourde que les corps, se gonflant, ne pouvaient plus entrer dans les cercueils. On les brûlait au milieu des cours. Les feux, trop à l'étroit, incendiaient les murailles voisines, et de longues flammes s'échappaient des maisons comme du sang qui jaillit d'une artère. Ainsi Moloch possédait Carthage ; il étreignait les remparts, il se roulait dans les rues, il dévorait jusqu'aux cadavres. ».

Quel étonnant roman ! Loin des univers, en apparence plus feutrés, de « Madame Bovary » et de « L'éducation sentimentale », ce brûlot nous emmène loin dans le passé, dans un épisode des fameuses guerres puniques, près de trois cent ans avant J.C.

Je ne sais si Flaubert a été inspiré par les poèmes cruels et sanglants de Victor Hugo dans « Les Orientales », parus trente ans plus tôt, avec eux aussi leur lot de sang et de têtes coupées sur des piques, mais le caractère cruel de ce texte reste confondant.

Flaubert, pour préparer ce roman a fait un séjour de quelques mois en Tunisie, sur les traces de l'ancienne Carthage. Et il a aussi, et surtout, lu et relu tout ce qui était alors disponible sur le sujet.
Ces lectures lui seront fort utiles pour tenter de se justifier, après les critiques reçues. Pour faire court, on lui reproche (notamment Sainte-Beuve) d'en avoir trop fait dans le sadisme et la volonté d'épater le bourgeois.

On sent que pendant ces années d'écriture Flaubert jubile vraiment avec le langage : emploi de vocabulaire rare, situations extrêmes en effet. La ligne rouge à ne pas franchir à l'époque, c'était des scènes de sexe explicite, comme on dit aujourd'hui. Et en effet, la nuit que salammbô et Mathô passent ensemble est floue. Mais symboliquement tout caractère sexuel n'est pas absent avec notamment la présence auprès de salammbô d'un énorme serpent, avec lequel elle joue.

L'action n'est pas toujours très claire, tant les factions et les personnages en présence sont changeants. Il m'en restera, je pense, une sensation d'avoir vraiment lu un roman unique et puissant.
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Un roman fascinant qui impose toutefois une certaine persévérance, tant les descriptions sont nombreuses, les personnages complexes et les glissements conduisant à de spectaculaires retournements de situations parfois difficiles à appréhender. C'est cependant toute la puissance démiurgique de Flaubert que salammbô révèle et qui subjugue. La trame historique de la révolte des mercenaires contre Carthage qui les avait employés lors de la première guerre punique qui l'opposa à Rome n'est qu'un prétexte pour donner vie à un univers fait de contrastes, d'exagération, d'excès, de mysticisme, de violence et de sang, de ruse et de trahison. L'homme y donne libre cours à ses instincts les plus primitifs et la belle et sensuelle salammbô incarne quant à elle le désir et le mystère qui peut lui faire accomplir les folies les plus audacieuses. En contrepoint de la force brute qui s'exprime lors des combats homériques que Flaubert décrit avec nombre de détails rivalisant de cruauté, la force de salammbô réside dans sa féminité qui exerce sur les hommes qui la croisent, Mathô, le chef des mercenaires en premier lieu, un pouvoir réel d'attraction et de fascination. Sa force réside également dans sa volonté inflexible et dans le caractère et le courage qu'elle démontre. Les combats qu'elle livre (intérieurs notamment) n'en sont pas pour autant moins violents et sources de retournements et de trahisons.
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J'avais adoré, dans ma jeunesse, « Madame Bovary ». J'ai voulu réessayer Flaubert. le thème de « salammbô », Carthage et Rome, me semblait intéressant. J'ai particulièrement apprécié certains passages comme le festin du début , la bataille qui aboutit à l'allée des lions crucifiés… Les descriptions de Flaubert sont extraordinaires de réalisme.Mais je crois que c'est avec ce livre que j'ai vraiment pris conscience du décalage narratif avec une littérature plus contemporaine. Les auteurs du XIXe décrivent beaucoup, prennent le temps pour décomposer une action ou un sentiment. C'est encore plus flagrant avec Balzac. Et là, je bloque un peu. J'avoue avoir terminé le livre en diagonale. Je suis conscient de mon sacrilège et j'avoue. Je suis très ambivalent concernant ce livre. J'ai aimé certains passages, mais j'ai été incapable de le finir correctement. Lassitude face à une écriture qui ne me correspond plus.
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