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Critique de berni_29


Trois contes est le dernier ouvrage publié du vivant de son auteur, Gustave Flaubert. J'ai beaucoup aimé ce texte, Gustave Flaubert est un auteur qui m'est cher pour différentes raisons, parfois je viens picorer dans sa riche Correspondance. Un jour je vous en parlerai.
Trois contes, ce sont trois histoires totalement distinctes, qui n'ont a priori rien à voir l'une avec l'autre.
Bien sûr, la première histoire prend de l'espace, du volume dans les quelques pages de ce très court livre. Ce premier conte s'appelle Un coeur simple. Des trois contes, c'est celui qui m'a le plus touché, c'est aussi celui qui ressemble davantage à une nouvelle. Comment en effet ne pas être touché par le cheminement de cette femme modeste, Félicité, dévouée auprès des siens, auprès de ceux qu'elle sert. C'est l'histoire d'un renoncement à l'amour, après une déception amoureuse lors de sa jeunesse, mais le coeur de cette femme ne s'est jamais refermé, il s'est simplement ouvert à d'autres horizons, les enfants de Madame Aubain auprès de laquelle elle confie ses services durant une très large part de sa vie. C'est un coeur épris d'humanité. Un coeur ébranlé aussi par les vicissitudes douloureuses de la vie... Comment ne pas être touché par l'affection presque ridicule qu'elle finit par porter à ce perroquet Loulou, comme un compagnon de fortune qui l'accompagne presque jusqu'à ses derniers jours ? Moquerie ou compassion de l'auteur à cet égard ? Sans doute un peu des deux... Cette nouvelle nous plonge avec jubilation dans la Normandie rurale du XIXème siècle qu'affectionnait Flaubert.
J'aime l'écriture de Gustave Flaubert, précise, ciselée. Parfois on lui reproche de ne pas laisser l'espace suffisant pour faire entrer l'émotion. Pourtant j'ai ressenti cette émotion à la rencontre de Félicité, que nous pouvons parfois côtoyer dans notre quotidien. Félicité est intemporelle. Son coeur simple appelle la compassion...
Étrangement les deux autres nouvelles n'ont rien à voir, semblent totalement décalées avec le premier récit. La légende de Saint Julien l'Hospitalier, plus proche du conte ancien que de la nouvelle, est une sorte d'allégorie sur la rédemption après la violence et la sauvagerie d'une vie. J'ai découvert par hasard que la ville close de Concarneau avait inspiré Flaubert, qui aimait la Bretagne, pour décrire le château des premières pages de ce récit.
Hérodias, de facture plus complexe, évoque le récit antique et nous plonge dans les débuts de notre ère en Orient, c'est un épisode de la vie du tétrarque Hérode Antipas. C'est un récit cruel, violent, charnel, chargé de déchirements, abordant en quelques pages d'une tension extrême plusieurs thèmes : la haine des juifs, l'inceste, la peur de Dieu, l'avidité et le désir. Dans une résonnance théâtrale, il invite les protagonistes à vivre un dilemme insoutenable, dont le paroxysme se dénouera lors d'un festin ultime où Hérodias exige auprès de son époux Antipas la tête de saint Jean-Baptiste...
Séduit par ces trois contes, je me suis demandé ce qui les reliait. A priori rien. Et pourtant, si. J'ai découvert qu'un vitrail de la cathédrale de Rouen avait inspiré le second conte. Il semble qu'un autre endroit de cette même cathédrale ait inspiré le troisième conte, le tympan du portail Saint-Jean, qui lui inspire la danse de Salomé marchant sur ses mains...
Il y a aussi une dimension mystique qui relie ces trois histoires, la bonté, la charité, sans doute aussi des abîmes intérieurs où les profondeurs de l'âme humaine sont abyssales.
Gustave Flaubert est un orfèvre de l'âme humaine. Il y a sans doute un dernier point commun qui scelle à jamais l'unité de ces trois textes : leur beauté somptueuse.
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