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Critique de Meps


Deux des écrits de jeunesse de Flaubert sont ici regroupés. Et ce n'est pas de vieille jeunesse dont il s'agit, Flaubert avait 15 ans quand il a écrit Un parfum à sentir. C'est assez particulier pour moi de découvrir Flaubert par ce biais... car oui je fais partie de ces gens qui n'ont jamais lu Flaubert, ni Madame Bovary, ni l'Education sentimentale, ni Salammbô... Ca va, je n'ai pas vu de pierres voler, vous êtes bien urbains.

Le choix de regrouper ces deux histoires est lié à ce que ce sont deux femmes terrassées par la jalousie pour l'une et la passion pour l'autre dont parle ici Flaubert.

Dans Un parfum à sentir, Flaubert montre toutes ses maladresses de jeunesse. Il harangue régulièrement le lecteur, cherchant à lui faire confirmer ses propres emportements d'adolescent face aux injustices du monde qu'il découvre lui-même. Lui fils de médecin qui n'a sans doute jamais connu la misère, met son lecteur face à la pauvreté des baladins, des mendiants, des prostituées, celle qu'on ne veut pas voir quand on a pas tous ses soucis. ll prend gauchement pour héroïne une femme qu'il dénigre lui-même dans toutes les descriptions physiques qu'il en fait et la confronte en plus à la jeunesse et la beauté d'une rivale. La naïveté de l'auteur quand il s'excuse presque de ce contraste dans son avant-propos, sa fougue dans la découverte de l'écriture en fin d'ouvrage, ses emportements contre la morale et la bien-pensance religieuse sont autant d'éléments qui rendent cette lecture touchante sur bien des points.

Passion et vertu, dans sa description de la passion adultère d'une femme mariée tout d'abord fort sage semble être un entrainement à Madame Bovary (pour ce que je connais malgré tout du classique de l'auteur). Même si, comme dans la première histoire, Flaubert ne ménage pas les hommes en mettant en avant leur muflerie et leur insensibilité, c'est bien encore ici la femme qu'il place sous son microscope. Un instrument de loisir enfantin plus que scientifique car on sent bien la jeunesse de l'auteur ici encore. Le style semble malgré tout plus maîtrisé, ses dénonciations d'injustice ne passent plus systématiquement par des biais maladroits et sont même parfois bien amenées.

Il est toujours intéressant d'observer le talent futur au moment de sa naissance. Il n'est que bouton et deviendra bientôt fleur épanouie, nourrie des expériences personnelles de l'auteur qui, je n'en doute pas, l'auront aidé à devenir par la suite un des écrivains français les plus célébrés de son temps.
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