László F. Földényi est un auteur hongrois, très peu connu en France, découvert grâce au blog indépendant de Juan Asensio, Stalker, est sous-titré Dissection du cadavre de la littérature. Ce recueil philosophique très court, au titre accrocheur, comme une petite virgule poétique alléchant le lecteur, Dostoïevski lit Hegel en Sibérie et fond en larmes, chante avec beaucoup de style et de pertinence l'exil de l'écrivain russe en Sibérie, à travers la lecture d'un texte lu d'Hegel.
Je n'ai pas la richesse culturelle et l'érudition verbale pour disséquer avec tant de finesse la plénitude de ce texte, que peut le faire Juan Asensio, mais comme je suis un homme curieux, je me suis mis à explorer ce texte d'une manière plus innocente, moins cérébrale, juste un avis de première pensée, sans approfondir dans l'abime intérieur de cette prose sublime.
Je suis un admirateur de Dostoïevski, j'ai lu quelques oeuvres de ce fantastique écrivain, sa puissance littéraire est profonde et riche d'enseignement du peuple Russe de cette époque, dans cet essai László F. Földényi amorce le changement survenu lors de cet exil en Sibérie, comme une révélation, cette liberté trouvé lorsque ‘il se retrouve prisonnier de cette Sibérie, exclus du monde, isolé comme l'Afrique de l'histoire d'Hegel. En effet pour lui l'Afrique ne fait pas partit de l'histoire, il y a trop d'irrationnelle dans ce peuple, le renvoyant à ses névroses, mais lors d'une émission radiographique sur France culture, l'invité Gilles Marmasse, sur l'exclusion Africaine, comme un aveuglement maladroit de Hegel, à cette époque, aucun historien ne faisait référence à cette Afrique, Hegel s'inspirant de ces textes historiques, resta hermétique et aveugle de ce continent, au contraire de László F. Földényi,ne l'excusant pas mais, dévoilant une fissure dans l'irrationalité de celui-ci.
De cet exil Dostoïevski écrira Souvenir de la maison des morts, paradoxal aussi le titre, sachant qu'il rencontrera l'âme russe dans toute sa splendeur, une vie nouvelle de liberté, une religion, l'enfer aussi celui de l'Europe perdu dans sa déchéance, László F. Földényi pense que la quête des réponses, entraine l'Europe dans un déni de l'humanité au profit de la science, comme si l'homme était au-dessus de l'homme, la notion de Dieu se fissure aussi au profit d'une politique asservissant l'homme le coupant de ses origines, le rendant aveugle.
Je relirais encore ce texte, pour aller plus loin, pour découvrir ses auteurs cités comme Hegel, Donoso Cortès, Carl Schmitt, Sören Kierkegaard, Walter Benjamin, Dante et Ossip Mandelstam, et aussi comprendre le nectar de cette prose et butiné chaque auteurs cités.
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La technique est le véritable vainqueur du XXe siècle. Le moyen “athée”, c’est-à-dire terrestre, est devenu une “fin divine”, une transcendance exclusive : elle a aliéné l’homme de lui-même. Elle l’a vaincu avec une telle ruse qu’elle lui a donné l’illusion de se croire vainqueur en dépit de sa condition d’esclave. Le prix en est qu’il a oublié l’essence cosmique de son propre être. Et le véritable enfer, l’enfer gris, c’est cet oubli et non l’hypertrophie démoniaque de la technique, laquelle n’est qu’une conséquence, le résultat de la blessure tragique de l’esprit humain.
Buñuel expliquait la disparition de la foi traditionnelle par les descriptions exagérées de l’Enfer. Or le véritable enfer n’est pas aussi pittoresque que dans les contes. Il paraît plutôt naturel, sobre, allant de soi. Comme le monde de Hegel que Dostoïevski a retrouvé à son retour de Sibérie. Le seul endroit où il pouvait aller. Dépourvu de toute magie. L’Enfer, c’est quand l’intégrité de l’Être, le Tout cosmique se réduit à un monde que la technique peut manipuler. Il n’a pas besoin de diables, de flammes qui s’élèvent dans les airs ni de lacs remplis de poix bouillante. L’oubli suffit, ainsi que l’illusion que la limite de l’homme n’est pas le divin, mais le palpable, que l’esprit ne se nourrit pas d’impossible, mais d’un possible suprêmement ennuyeux et rationnel.
Si l'infini et la transcendance se perdent derrière la finitude, alors on ne peut plus parler de liberté. Un dieu livré à la rationalité n'est pas celui de la liberté, mais celui de la politique, de la conquête et de la colonisation.
Nous avons tué Dieu par ambition - une ambition qui, a l'origine, pouvait Lui être plaisante et qui n'est autre qu'une solution à tout. Cette ambition s'est transformée en orgueil quand nous nous sommes mis à trouver des solutions à ce qui n'en avait manifestement pas.