ANKAMA
2014
9782359104059
À PARTIR DE 6 ANS
: On aime bien cette version inversée où le loup est le petit personnage naïf et rêveur de l'affaire.
Nous dirons plutôt, après lecture, qu'il comprendra la raison des recommandations et l'importance d'obéïr.
C'est toujours un conte de prudence, doublé d'un conte de gourmandise, cela commencera par ça, tandis que la version d'origine s'achèvera là-dessus.
Si la petite fille encapuchonée de Perrault ne pensera pas à priori une seule seconde à se servir dans la galette du panier prévu pour la grand-mère ( garni de boudin et d'une bouteille de vin parfois dans certaines versions),
le petit loup rouge de cette histoire -corrigée par l'auteure illustratrice
Amélie Fléchais- ne pourra pas s'empêcher de goûter puis de manger le petit lapin tendre en entier pour mémé, comme dans certains contes tel que "Babborco" de
Muriel Bloch et
Andrée Prigent chez
Didier Jeunesse.
Peut-être l'auteur Perrault aurait dû ajouter du chocolat dans son panier mais ceci est une autre histoire.
Qui viendra en aide à notre Petit Loup rouge tout penaud, tout perdu et tout honteux?
Il ne faudrait pas tarder dans cette histoire car sa maman l'a prévenu de la présence d'un chasseur et de sa petite fille dans cette forêt.
Il ne serait pas bon d'offrir à nos petits lecteurs l'image final d'un estomac de louveteau grand ouvert, pas vrai? ( et le petit lapin avalé serait irrécupérable de surcroit)
L'auteure mettra sur le parcours du loup rouge une petite fille.
Une petite fille, c'est gentil, non?
Mais rappelez-vous, c'est un conte de prudence et il n'est pas recommandé de suivre n'importe qui dans les bois ( le loup ne ressemble pas toujours à un loup).
Cette histoire est douce-amère, dramatique, une version donc à réserver à partir de 8 ans.
Tout n'y est plus blanc ou noir, avec des loups dans la posture des héros.
Nous resterons sur le doute jusqu'à la fin et c'est le père de Loup rouge- qui veille heureusement prudemment sur sa meute- qui lui racontera une version d'un terrible affrontement chasseur/ Loups et ce n'est pas toujours ce que l'on croit. Ceci devrait servir de leçon.
C'est donc aussi ici l'aventure d'une grosse frousse.
On a aimé à la fois la douceur et la fermeté du conte.
Graphiquement, le travail et l'univers de conte d'
Amélie Fléchais, par son traitement mi sombre mi enfantin, par son esthétique un brin gothique, nous feront penser aux travaux de
Clément Lefèvre, remarqué sur des albums du même niveau comme "
La Magicienne" écrit par
Myriam Dahman chez Glénat Jeunesse ou des collections BD mais plus pré-ados tel que " L'Épouvantable Peur d'Épiphanie Frayeur " imaginé par Séverine Gautier.
On aime l'un et l'autre.