Intéressante lecture que celle de cette ligne pourpre autour d'un tableau bien connu de deux femmes au bain, l'une étant Gabrielle d'Estrées, l'autre présentée comme une de ses soeurs, mais peut-être en réalité une autre maîtresse d' Henri IV.
L'auteur a souhaité donner une forme romanesque à son enquête sur le tableau, les tableaux en fait, car ils sont plusieurs, mais un seul accroche réellement l'attention, celui sur lequel la pointe du sein droit de Gabrielle est pincée entre le pouce et l'index de la main gauche de sa partenaire au bain.
L'enquête va donc tourner autour de la destinée de Gabrielle, de celle d'Henri IV, de son divorce de Marguerite de Valois, de son futur mariage avec Marie de Médicis. Mais, l'héroïne c'est la femme du tableau, la belle Gabrielle.
Le roman est construit autour du peintre que l'auteur choisit de nommer Vignac, celui-ci souhaitant devenir peintre à la cour. Une multitude d'intrigues se déroulent auprès de lui dont il est tantôt acteur, tantôt spectateur impuissant.
Les anecdotes sur la vie quotidienne et mondaine en cette fin du XVIème siècle ne manquent pas avec notamment des passages médicaux nombreux allant d'une amputation de jambes jusqu'à l'éclampsie ou l'empoisonnement supposé par certains de Gabrielle, en passant par l'opération des calculs de la vessie du roi. Cette intervention est largement décrite, du moins dans ses préparatifs minutieux et aléatoires quant à sa réussite.
La papauté et les Médicis s'efforcent de tirer les ficelles d'un jeu politique où le destin de la France et les intérêts des Florentins doivent se conjuguer sur la personne du roi Henri dont on ne sait finalement pas quels furent exactement ses sentiments ayant guidé ses choix.
L'épilogue est essentielle pour comprendre cet essai qui, malgré le foisonnement des personnages et les histoires parallèles , me semble être finalement une bonne lecture, même si le mystère n'est pas résolu.
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Lu dans le cadre du challenge babélio abc 2011/2012.
Je l'ai acheté car j'avais lu le résumé chez mon voisin et il m'avait intéressé.
Au final, lecture faite, j'aime assez le concept de s'interroger sur le sens de telle ou telle oeuvre d'art.
Dans les faits, soyons francs, si l'auteur ne rajoute pas son épilogue et son cheminement quant à la rédaction de ce roman, il serait resté un livre plat, alambiqué, où on ne voit pas trop vers quoi on va, ce que l'auteur veut raconter, ce qu'il a à nous dire.
On serait même tenté assez vite de le refermer pour ne plus le réouvrir.
Mais voila, l'auteur nous explique ses recherches et son cheminement et c'est ce qui change tout, c'est ce qui fait que le bouquin vaut la peine d'être lu !
Sur le style de l'auteur : il est parfois assez compliqué parce que "confus". Il ne s'agit pas de lire ce livre pour le style de l'auteur mais bien pour ceux qui, comme moi, aiment la peinture et aiment chercher le sens des choses, la symbolique des oeuvres... les curieux quoi !
La raison qui pourrait me pousser à lire un second ouvrage de cet auteur serait qu'il nous parle d'un autre tableau par exemple. Cet auteur ne m'attirerait pas s'il écrivait un polar par exemple.
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L'histoire commence au XXIième siècle. Un de nos contemporains est intrigué par le tableau qui figure en couverture du livre. Par un heureux hasard, un ami lui donne des informations intéressantes à ce sujet
Ce n'est que par d'incessants allers-retours dans le temps que nous découvrirons les secrets que dissimule le tableau et les mystères qui entourent la mort de Gabrielle d'Estrées.
L'auteur a mélangé intrigue politique, enquête policière, roman damour et quête picturale dans cet épais roman. Malheureusement, les liens entre les différentes histoires sont souvent trop flous pour que l'on saisisse l'intérêt des différents récits. Les personnages sont trop furtivement abordés pour que l'on prenne le temps de s'y attacher.
Le style est parfois lourd et j'avoue avoir « décroché » à plusieurs reprises. La construction est assez originale. En effet, l'auteur utilise diverses formes d'écritures pour nous permettre d'entrer dans l'histoire par différents accès. Récit, journal, lettres, interrogatoires, sont autant de pistes pour percer le mystère qui entoure Mme D'Estrées. Mais cela complique encore la trame de l'histoire et on se perd dans des descriptions très longues. de plus, l'auteur doit sans cesse poser ses personnages pour qu'on s'y retrouve un peu
... Ceci étant, l'ouvrage et le thème abordé sont intéressants
Mais pas assez pour estomper la lourdeur et la complexité du livre.
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Sur le fleuve, en aval, le ciel s'embrasait. Rouge et jaune s'affrontaient, s'enlaçaient passionnément dans leur prison bleu nuit pour donner naissance à un sombre vermillon. Puis ils se détachaient l'un de l'autre, carmin et safran, lapis-lazuli, combattants épuisés et suicidaires qui, comme aiguillonnés par le blanc vif qui déclinait, se jetaient une dernière fois dans le noir qui les noyait dans un pourpre somptueux.
C'était cet instant où l'après-midi commence à basculer dans la soirée, cette transformation minime mais évidente de la lumière, dans laquelle les objets paraissent sortir brutalement de leur torpeur. Les tendres arrondis devenaient durs et froids, un léger frisson parcourait le monde dans cette direction et un puissant courant semblait partir de ce point à l'horion où, d'ici à quelques heures, disparaîtrait le grand disque rouge.
Des prairies alentour montaient les coassements de milliers de grenouilles, le grésillement et le bourdonnement d'insectes invisibles. Des hirondelles filaient à toute vitesse entre les murs et remontaient comme des flèches vers le ciel. De toutes parts montait le parfum des herbes te des fleurs que l'humidité du soir arrachait à la végétation et qui emplissait l'air d'un lourd arôme automnal.
Je voulais utiliser toute ma force créative pour arracher à l'éphémère la beauté de l'instant... et, oui, je l'admets volontiers, je voulais moi-même sortir de cette chute vers le néant, dérober au temps, ce voleur de grand chemin, une partie de son butin.
Un proverbe allemand dit que l'oeil dort jusqu'à ce que l'esprit l'interroge et le réveille. Il en va de même avec les livres. On commence une lecture qu'on abandonne bientôt parce qu'on ne la comprend pas. Et un beau jour, on reprend le livre et on ne le lâche plus.