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Critique de Davalian


En fin d'année 2006, la nouvelle adaptation cinématographique de Casino Royale allait apporter un vent de nouveauté (pour le meilleur pour les uns, pour le pire, pour les adeptes de la première heure) qui allait durablement marquer les aventures de James Bond.

Près de onze ans plus tard, les éditions Dynamite (pour la version originale) allaient tenter le pari d'oser une adaptation en bande dessinée… le pari est d'autant plus risqué que l'adaptation ne porte pas sur l'adaptation en film mais sur le texte original. Car si vous l'ignoriez, oui l'adaptation cinématographique n'est pas vraiment respectueuse du texte puisqu'elle celle visait à donner une nouvelle jeunesse à l'agent 007 (tout en profitant d'une question de droits).

Ici, il n'est pas question de tenter le pari de la jasonbournisation cinématographique, mais bien de coller au texte. La démarche est d'autant plus audacieuse… qu'elle est réussie. Nous avons ici affaire à une adaptation qui respecte l'esprit mais aussi le texte, le style, bref tout le chef d'oeuvre de Ian Fleming.

Bien plus réussie que le film, voici une adaptation qui pourra ouvrir les yeux de certains fans qui s'extasient sur la réussite du film de 2006, tout en ayant jamais lu le roman (les mêmes qui ignorent généralement qu'il ne s'agit pas de la seule adaptation).

Donc ici clairement nous retournons à la guerre froide. Non James Bond ne joue pas au poker mais au baccara. Et le Chiffre n'est pas un méchant qui joue avec l'argent des terroristes mais juste un traitre en puissance qui est en fin de course. Oui James Bond n'est pas le type glamour, mais bien un type qui échappe (sans le vouloir) à la mort, parce que les agents chargés de le liquider sont… nuls ! Vous pensiez qu'il allait lâcher un truc du genre « oups, le quartier est plutôt explosif », ah ben non, il est juste humain. Donc non, il ne faudra pas s'attendre à des « y a l'autre qui me gratte, vous voulez bien… », mais à quelque chose de bien différent.

Malgré l'audace du pari, les auteurs n'y vont pas de main morte : oui Bond est misogyne et ses meilleurs amis aussi (forcément). Oui le surnom de sa chère et tendre est bien « la garce »… Oui à l'époque ça clopait dans tous les sens… et quand à la consommation d'alcool et bien oui ça aussi c'était bien avant nos campagnes de sensibilisation. La différence est particulièrement palpable dans les séquences en voiture. Avis aux amateurs !

Autrement dit, il faudra accepter de faire un sacré bond dans le passé pour apprécier ce roman graphique particulièrement long. Malgré la réussite de l'ensemble deux choses piquent aux yeux. La première est assez anecdotique : la psychologie des personnages (pas forcément le point fort de l'oeuvre originale) est ici réduite à sa plus simple expression, notamment pour le protagoniste.

Le deuxième bémol concerne les dessins. le trait est assez imprécis au point qu'il est parfois difficile de reconnaitre les personnages. Même Bond donne l'impression de changer parfois de tête. Les personnages secondaires (Vesper et Mathis) ne sont pas à leur avantage. Tout cela peut s'expliquer (notamment pour les séquences au casino enfumé), reste le prix à payer pour la mise en couleurs (qui ne coule pas forcément de source pour un volume de cet ampleur) mais reste dommageable. La première de couverture n'est pas révélatrice du reste de l'oeuvre et cela est bien regrettable, car fausse la première approche.

En tout cas, l'oeuvre est respectueuse du texte, quitte à faire des choix particulièrement bien vus : citations de Fleming et petit aperçu de la logique bondienne. le chapîtrage offre une découpe intéressante, jamais linéaire, dynamique permettant d'arriver facilement au bout de ces 160 pages bien denses.

Sans être exempt de quelques déceptions, cette adaptation de Casino Royale est une franche réussite qui mériterait d'être mise en toutes les mains (surtout de certains laudateurs du film de 2006). Il ne reste plus qu'à espérer qu'elle en entraînera bien d'autres…
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