« Se pouvait-il vraiment qu’une chèvre vive sur le toit ? Il n’y avait pas le moindre signe de la présence d’une chèvre à cet endroit pour le moment. Mais la façade de l’immeuble se poursuivait tout en haut par un parapet qui, depuis là où il se tenait, masquait la verrière qui se trouvait sur le toit. Or si celle-ci était cachée, la chèvre pouvait très bien l’être aussi.
Une chèvre, vraiment ? Ça ne rimait à rien. Ce n’était pas logique. Mais Kid comptait bien mener l’enquête. Elle allait se mettre à chercher tous les jours, et s’il y a vraiment une chèvre, se dit-elle, je la trouverai. »
En était-t-elle capable ? Oui. Sans aucun doute. Et elle allait le faire. Aujourd’hui. Tout de sui…
Tout à l’heure. Pour l’instant, elle devait se nourrir.
Il commença à taper quelque chose sur l’IPad et ce geste laissa Doris imaginer que le jour était enfin venu où il allait lâcher prise et redevenir Jonathan.
« Je », écrivit-il
- Oui, Jo chéri ? s’exclama-t-elle pleine d’espoir
« dois »
- Je dois! répéta-t-elle
« faire pipi »
Plus le début des répétitions de Lisa approchait, plus celle-ci s’inquiétait. Le mardi, elle alterna entre crises de paralysie et activités compulsives. Elle se mit à rassembler ses clefs, son porte-clefs porte-bonheur, ses chaussettes porte-bonheur, le texte de la pièce, son ordinateur, une figurine porte-bonheur. Devait-elle prendre un parapluie ? Il allait peut-être pleuvoir. Mais si elle le prenait, peut-être qu’il ne pleuvrait pas, et alors elle n’y penserait plus et l’oublierait quelque part. N’y a-t-il pas un adage selon lequel les parapluies perdus portent malheur ?
- Votre chien s’appelle Cat ? demanda la mère de Kid, en levant un sourcil.
- Votre enfant s’appelle Kid ? rétorqua-t-il avec la même expression.
Ils marquèrent une pause, puis ils balancèrent tous deux les épaules d’une façon qui semblait vouloir dire : « Vous me plaisez bien, vous. »
La chèvre ne savait pas grand-chose. Mais elle était certaine des choses suivantes : Le danger vient d’en bas. / Le danger vient d’en haut./ Les cabrioles, c’est le bonheur à l’état pur./ L’estomac n’est jamais assez rassasié.