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Leah Fleming a écrit une très belle histoire, à partir de la vie d'une infirmière héroïque, Johanna Stravridi prise dans la tourmente de ces années d'épouvante. Ce roman met en scène Pénélope, (Penny pour les intimes) femme de l'aristocratie britannique, dans cet univers guindé et artificiel. Une vie dans les terres écossaises du coté de Blair Atholl (Le blair athol …un whisky extraordinaire mais là l'auteure n'en fait pas mention…). Le tableau introductif de cette famille aristocrate est peu flatteur mais très représentatif, une sensibilité de classe étriquée, ultra conservatrice jusqu'à flirter dans ces années 30 au plus haut niveau avec le nazisme, par naturel et aussi par haine du rouge. L'auteure est aussi taisante sur cet aspect beaucoup moins accessoire. L'héroïne est Pénélope Georgiou par son père, dont le nom n'est pas en cour dans ce petit monde, des racines grecques qui ne demandent qu'à fleurir, à s'embraser. Au royaume de downton abbey, un besoin d'oxygène pour Pénélope qui s'évade pour courir la lande, se frotter avec la terre, s'exercer au tir et… lit passionnément …tout ce qu'une jeune fille « bien née » ne doit pas faire. Elle se passionne pour l'archéologie, là-aussi en pratique occulte, tant ce goût est contraire à l'étiquette. Et puis sa bonne étoile lui offre deux ouvertures miraculeuses pour saisir la clef des champs Lors du « bal de l'ambassadeur » elle fait la connaissance de Bruce le mauvais garçon, elle est séduite par celui qui se présente comme archéologue, en mission en particulier en Grêce. Il l'incite puissamment à vivre sa vie, ses passions, à briser le carcan familial. Nous sommes en 1937, Penny a seize ans Sa soeur Evadné se marie avec un distingué membre du Foreign Office affecté à Athènes. Penelope rejoint les just maried, l'opportunité, officiellement d'ajouter une couche de vernis à la bonne éducation, en réalité de commencer son émancipation en inscrivant à l'Ecole britannique d'archéologie à Athènes. Mais rapidement elle rompt avec la famille et s'engage dans un cursus de formation d'infirmière à la Croix Rouge, où elle fait connaissance de Yolanda avec laquelle une amitié profonde va se nouer. Les cours d'archéologie n'auront guère d'application pratique, mais sa formation d'infirmière va se révéler infiniment précieuse. La funeste année 1941 est celle de la guerre contre l'Italie de Mussolini, Penny est sur le front en Albanie et se forge un savoir faire médical et humain hors pair dans des conditions éprouvantes. Mais le pire reste à venir, Hitler lance ses troupes dans les Balkans pour sauver son alliée ; la courageuse armée grecque cette fois ci est balayée malgré le secours des Britanniques qui doivent abandonner sans gloire avec un second Dunkerque. Une partie importante des débris de ce corps expéditionnaire fait escale en Crète, Penny découvre aussi cette île dans toute sa beauté printanière. Une grâce qui ne durera pas, au mois de mai 1941, l'ile est envahie par les airs et après un premier jour sanglant pour les parachutistes, la victoire est acquise aux soldats nazis. Pénélope refuse l'évacuation, préférant demeurer à quai pour accompagner ses blessés. Elle se retrouve prise dans les drames de l'occupation nazie de la Crète qui ne cessera qu'au mois de mai 1945 avec la reddition des troupes enfermées dans la ville de Chania (nommée aujourd'hui La Canée). Mille et une péripéties, toujours sur le fil du rasoir, pour soulager la misère mais aussi aider la résistance homérique des Crétois, aidés par les Britanniques. Dans ces aventures, elle retrouve Yolanda, également sur le front des soins et réfugiée avec sa famille dans la communauté juive, pensant naïvement et tragiquement qu'un communautarisme renforcé est la voie du salut. Sa vie intègre aussi deux hommes, Bruce l'insaisissable et infatigable combattant et encore plus déstabilisant, Rainer cet officier allemand, guerrier dans l'âme mais aussi peu à peu en rupture avec les excès sanglants de l'occupation. Un livre vraiment remarquable, à la fois tant par sa construction que par le fonds documentaire historique sur les événements tragiques directement évoqués, que l'on perçoit collecté, exploité minutieusement. Mais le récit offre encore davantage ; régulièrement au fil de l'eau, quad on y prête suffisamment d'attention c'est tout le patrimoine historique, géographique, culturel, humain de la Crète qui est célébré. Le titre est aussi très beau, sous sa fausse simplicité, très évocateur. Penny dans ce lieu devenu refuge se pose régulièrement sous un vénérable olivier avec lequel elle partage ses émotions, arbre bienfaisant, rassurant, comme on la comprend... Ce roman aurait mérité au moins le même succès que celui de Victoria Hislop « l'ile des oubliés », beau récit également sur la Crète mais pour « La jeune fille et l'olivier » c'est malheureusement le roman oublié.. + Lire la suite |