AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782259211413
408 pages
Plon (26/08/2010)
4.34/5   893 notes
Résumé :
Au cœur d'une période de désordre politique et religieux, dans l'Ecosse des massacres et des rois rivaux du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille maudite accusée de sorcellerie, attend le bûcher.

Le révérend Charles Leslie a fait le voyage depuis l'Irlande pour venir l'interroger sur les massacres dont elle a été témoin. Dans le clair-obscur d'une prison putride, les ombres du révérend et de la « sorcière » Corrag se frôlent et tremblent à la lueur de la... >Voir plus
Que lire après Un bûcher sous la neigeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (256) Voir plus Ajouter une critique
4,34

sur 893 notes
De l'Histoire de l'Écosse, je ne connais que ce que j'en ai lu dans la fabuleuse trilogie de Nathalie Dougal, "La mèche de guerre des Mac Donald". J'ai replongé avec délice dans cette période tourmentée (oui, je sais, cela peut paraître paradoxal) en lisant "Un bûcher sous la neige". Cette pauvre jeune femme, Corrag, vit ses dernières heures dans un cachot. le révérend Charles Leslie se rend à ses côtés afin qu'elle lui en dise plus sur le massacre auquel elle a assisté : celui de Glencoe. Il a besoin de savoir si le commanditaire de cette tuerie est bien le roi Guillaume.

Mais pourquoi Corrag se retrouve-t-elle dans cette situation ? Sa seule faute est d'être "libre" dans ce monde résolument encadré, aux normes parfois douteuses mais que l'on ne conteste pas et, surtout, que l'on ne contourne pas. Comme si cela n'était pas suffisant, elle a le don de "double vue" comme elle le dit. Et avoir des visions à cette époque n'est guère apprécié... On la traite de tous les noms d'oiseaux, dont le fatal "sorcière". Fatal car comme vous le savez, les "procès" (si on peut appeler cela ainsi) étaient vite réglés...

J'ai vraiment apprécié ce livre à double voix (le récit de Corrag d'un côté et la correspondance du révérend de l'autre). Je me suis retrouvée catapultée dans cette Écosse sauvage du XVIIe siècle, dans ce clan des MacDonald, dans cette société où tous les coups étaient permis. L'écriture est belle, empreinte de poésie là où l'on aurait pu attendre un style plus incisif. Je vous le conseille. Et je termine en remerciant la personne qui me l'a offert. Elle se reconnaîtra. Merci, merci, merci !

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          934
Un roman époustouflant ! Conte philosophique, roman historique, initiatique, il y a un peu de tout cela dans le récit de Corrag. Sorcière de mère en fille, c'est la seule hérédité qu'elle puisse revendiquer puisque sa génitrice Cora, a été pendue haut et court pour faits de sorcellerie. Cette étiquette lui colle à la peau, fait d'elle une paria, une hors-la-loi qui n'aura bien souvent d'autre issue que celle de fuir jusqu'au jour où elle va se retrouver dans une prison du clan Campbell, sale, pleine de vermine, avec aux pieds et aux mains de lourdes chaînes. le bûcher l'attend. Son crime : avoir aidé des membres du clan MacDonald à échapper au massacre perpétré par les soldats du roi Guillaume alors sur le trône d'Angleterre , un soir d'hiver de l'an 1692.
Le récit s'organise autour du récit tendu, échevelé de Corrag et des lettres du Révérend Charles Leslie venu en Ecosse pour recueillir son témoignage sur le massacre de Glencoe. Récit et lettres reposent sur des dialogues en décalé qui interpellent constamment le lecteur en l'obligeant à prendre la place de l'interlocuteur absent. Même habileté au niveau de l'effet miroir que créent toutes les remarques et les réflexions que se fait le Révérend concernant Corrag et qui vont l'amener progressivement à prendre une décision qui va à l'encontre de tous ses principes !
Mais c'est à la magie de l'écriture de Susan Fletcher qu'il faut rendre grâce avant tout. Elle a su combiner à merveille tous les détails réalistes découlant du contexte historique ; rudesse des moeurs, violences multiples liées aux querelles politico-religieux avec d'autres éléments liés à l'évocation des Highlands. Si le récit du Révérend fourmille de ces précisions qui ancrent l'histoire dans une Ecosse du XVIIème siècle où il ne faisait pas toujours bon vivre, les longs passages du récit de Corrag laissent à la place à des descriptions éminemment poétiques et suggestives. La langue très sensorielle de l'auteure donne à voir, à humer , à sentir les Highlands sous tous les cieux et au fil des saisons. Parfaite osmose enfin entre ces passages d'une grande densité poétique et ceux qui nous livrent, dans un langage enfantin, les ressentis, les émotions de Corrag et sa vision du monde.
J'ai cependant refermé ce roman sur un amer constat : toutes les époques ont leurs sorcières et la nôtre n'en manque pas hélas !
D'autres thématiques moins sombres aussi se dessinent en filigrane : la nécessité de témoigner, de prendre en main le cours de sa vie en repoussant le plus loin possible tous les déterminismes qui nous gouvernent.
Bref, un beau roman qui pour moi, sort des sentiers battus par sa richesse et sa complexité.
Commenter  J’apprécie          7111
En 1692, l'Angleterre envoya ses soldats massacrer par traîtrise les membres du clan McDonald, qui avait tardé à prêter allégeance à Guillaume III d'Angleterre : ce fut le massacre de Glencoe, dans les Highlands écossais. A partir de ce fait historique, l'auteur a brodé sa propre légende autour d'un personnage imaginaire : Corrag, jeune Anglaise issue d'une lignée de femmes ostracisées pour leur indépendance et exécutées pour sorcellerie.


Corrag attend le bûcher, lorsqu'elle reçoit dans son cachot la visite du révérend Charles Leslie, personnage réel qui, fervent jacobite, tenta de soutenir la cause des Stuart contre le roi Guillaume : c'est lui qui rendit public ce qui advint à Glencoe. Dans le roman, il vient secrètement interroger Corrag en tant que témoin du drame. La jeune femme raconte : son enfance persécutée en Angleterre, sa fuite solitaire jusqu'à Glencoe où elle fut accueillie sans préjugés, et finalement, la tragédie qui intéresse tant Charles Leslie.


Mêlant fiction et faits historiques, cette longue et vaste fresque bien construite présente plusieurs points d'accroche : campé dans le magnifique écrin de nature des Highlands qu'il met avantageusement en valeur, le récit fait agréablement découvrir un fait historique qui a marqué l'Ecosse. C'est aussi un hommage aux plus de cent milles femmes considérées "sorcières" et tuées en Europe entre les XIV et XVIème siècles, qui m'a fait penser à celui de Catherine Hermary-Vieille dans sa trilogie Les Dames de Brières.


Je n'ai malheureusement pas pu vraiment m'attacher aux personnages insuffisamment crédibles : Charles Leslie, peu fouillé, est plutôt inconsistant, basculant trop rapidement des pires préjugés à une grande estime pour la prisonnière, bêlant d'amour dans ses lettres à son épouse, où il expose en détails et sans crainte des prises de position politique qui pourraient lui valoir la mort. Jusqu'à son emprisonnement, Corrag se tire de tous les mauvais pas avec une facilité bien improbable, et fait preuve de raisonnements sans doute assez incongrus chez une paysanne sans éducation de cette époque. La fin est quant à elle un peu décevante de facilité.


On pourra aussi trouver l'ensemble parfois trop lyrique et débordant d'un excès de bons sentiments, affaibli par quelques longueurs et répétitions. Nonobstant ces défauts, le roman reste intéressant et se lit avec plaisir, porté par un souffle épique, la beauté des paysages d'Ecosse et un hommage à des hommes et des femmes qui connurent un destin cruel, causé par une diablerie toute humaine.


Prolongement sur le massacre de Glencoe de 1692 dans la rubrique le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/fletcher-susan-un-bucher-sous-la-neige.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          550
Comment vous expliquer ces moments délicieux que j'ai passé dans cette lecture?
Il existe un pays très cher à mon coeur : l'Écosse. Et dans ce pays un lieu sauvage des plus beaux : Glencoe, ou plus précisément Glen of Coe, la vallée étroite de la rivière Coe
J'ai connu Glencoe dans les années 70. C'était alors un lieu désert, âpre, d'une beauté presque terrifiante. Un lieu chargé d'une histoire sanglante. Bref, un endroit qui remue.
J'y suis retourné à plusieurs reprises jusqu'à l'année dernière. Et j'y ai vu de plus en plus de monde. Suffisamment de monde pour tout gâcher.
L'excès d'humains a, chez moi, cet effet de rompre mon émerveillement.
Et là, Susan Fletcher, me replonge dans cette beauté et même au delà. A une époque où nul n'osait trop s'aventurer dans ce "ravin" austère. Elle m'a fait oublier les troupeaux de singes hurleurs et parfumés. Quel plaisir !

Il y a bien longtemps que je n'avais pas connu un amour de roman.
Qu'est-ce donc que ce truc là, vous demandez-vous ?
Cette chose à laquelle on pense sans cesse, que l'on retrouve avec plaisir et avec laquelle on fait corps.
Et bien c'est bien ça. Ce roman m'a fait ça !
Cela m'a rappelé beaucoup de lectures enfantines, adolescentes et beaucoup moins de lectures adultes. Une sensibilité qui s'émousse ? Je ne sais pas. Mais là j'ai retrouvé ce plaisir voluptueux, cette impatience à me glisser encore et encore entre ses pages. Un réel bonheur.

Et encore je ne vous ai pas conté le plus fou du truc. Un détail peut être pour beaucoup, mais pour moi.... imaginez
Nous sommes en 1692. Corrag, la jeune héroïne, après avoir remonté le Nord de l'Angleterre et une partie de l'Écosse sur le dos de sa jument, arrive à Glencoe et décide de s'installer à Coire Gabhail , le vallon secret. Et cet endroit est le sein du sein pour moi. Un vallon caché et protégé accessible qu'après une bonne grimpette à pied. J'y étais en juin dernier et là, je suis au paradis des lecteurs.
Et Corrag nous mène avec elle de glens en collines, de cascade en loch, elle gravit et aime les montagnes qu'on appelle les trois soeurs, que je trouve aussi tellement belles.
Corrag, être simple, vit en parfaite harmonie avec la nature. Elle a trouvé, dans ce Glen of Coe, sa patrie. Mieux, sa maison.

Mais ce n'est pas suffisant. Dans ce roman à tiroirs. Il y est certes question de nature, de beauté, mais aussi d'amour et d'histoire.
Car nous gravitons autour du massacre des MacDonald, le 13 Février 1692 par des soldats à la solde de l'Angleterre. Soldats comprenant dans leurs rangs des écossais du clan Campbell ayant prêté serment au roi illégitime d'Angleterre, Guillaume d'Orange, et accueillis chez ces même MacDonald qu'ils vont assassiner. Un massacre fomenté par un seigneur de Stair aux motivations bassement cupides.
Bref, un truc pas joli joli dont les humains sont friands.

Autres tiroirs : Il y a deux narrateurs :

Corrag, donc, jeune femme accusée, comme sa mère et sa grand-mère, de sorcellerie, condamnée au bûcher

Charles Leslie : révérend irlandais, jacobite, venu interroger la sorcière sur ce qu'elle a vu du massacre afin de prouver l'implication du roi usurpateur.

Le roman est d'une très grande richesse historique et documentaire.
L'écriture très, comment dire, d'époque...
Suzan Fletcher a su reconstituer un langage imagé, puissamment évocateur de ce XVII ème siècle, à la fois pour l'homme d'église cultivé, réfléchi, amoureux qui l'interroge, et pour Corrag, la préjugée sorcière, plus rustique et proche des animaux, des plantes de l'eau, de la neige, du froid. Je trouve cela remarquable.

Il n'y a qu'une chose qui m'a gêné c'est l'absence d'un formalisme typographique, les tirets et les guillemets.
Ça peut paraître curieux mais une phrase dans laquelle se mêlent propos rapportés et mots prononcés sans distinctions autres que la mise en italique a quelque chose de déroutant et coupe systématiquement la fluidité du récit.

En voici un exemple :

Si je croisais l'auteur je lui dirais volontiers pensez à présenter vos dialogues pour faciliter la compréhension mais je ne croiserai jamais et je reste sur mon irritation, voyez-vous.

Déroutant, non ?
Commenter  J’apprécie          4623
Elle est toute petite. Ses yeux gris brillent sous sa chevelure emmêlée. Ses mains dansent quand elle parle d'une voix douce et fluette. On dirait une fée. Mais c'est une sorcière.

Une sorcière ? Mais oui, vous savez ? Celle qu'on brûle en la traitant de gueuse, de putain du diable. Celle qui est obligée de vivre à l'écart car elle fait peur.
Elles ont été nombreuses, ces femmes, à être pourchassées aux 16e, 17e, 18e siècles, parce qu'elles guérissaient à l'aide de leurs plantes, parce qu'elles avaient le coeur tourné vers les racines de la vie, parce qu'elles nourrissaient un lien intime et profond avec le ciel, l'herbe, les animaux, les montagnes.
En Ecosse, particulièrement.

Susan Fletcher nous emmène dans les Highlands en 1692, à travers la route parcourue par Corrag, cette petite jeune fille fragile, et qui pourtant a sauvé une partie de la population de Glencoe. L'auteure mêle un fait réel, le massacre du clan Mc Donald par les soldats du roi Guillaume d'Orange ayant pris le pouvoir sur le roi Jacques, à des faits inventés.
Corrag est-elle fictive ? J'espère que non, car des femmes comme ça devraient être réhabilitées, proclamées toutes-puissantes. Partie d'Angleterre, elle avait cherché refuge à proximité de ce clan perdu dans les hautes terres d'Ecosse après que sa mère – également une « méchante sorcière » - ait été sur le point d'être capturée pour être pendue. Elle avait su s'en faire aimer, car la bonté est reconnue par les gens simples. Mais le massacre a quand même eu lieu, malgré son intuition, malgré la force avec laquelle elle a essayé de convaincre ses amis de partir.
Et la voilà captive, jetée dans un sombre cachot, auprès duquel se déposent une à une les bûches avec lesquelles elle sera brûlée.
Mais Charles Leslie (il a existé), un révérend jacobite (càd pro-roi Jacques) lui rend visite et l'écoute raconter « ses quatre vies ». Il l'écoute, il l'écoute, il l'écoute. Et il écrit à sa femme. Et il prendra une grande décision…

Susan Fletcher a un talent particulier pour décrire la nature, grandiose et minuscule et tous les lieux. de la petite abeille au cerf sauvage et curieux, de la cabane au fond des bois aux rochers surplombant une vallée encaissée, de l'église abandonnée où nichent les pigeons à la garnison hérissée de barreaux et au cachot infâme, on est mêlé sans le vouloir à tous les endroits de cette histoire balayée par les vents et dominée par le ciel. Les saisons secouent les humains, mais Corrag, elle, préfère l'hiver.
Corrag qui est pleine de poésie et de compassion, Corrag qui proclame son amour de la vie, de chaque moment, mais qui voit le mal et voudrait tellement l'arracher de ses petites mains de fée.

Chasse aux sorcières, guerre des clans, traitrise, massacre.
Conte philosophique, liberté, bienveillance, ode à la vie.

C'est mon amie Claire qui m'avait parlé de ce roman, Claire qui était aussi un peu sorcière, et qui nous a quittés voilà déjà trois ans. Quel message lumineux tu m'as laissé à travers ce livre ! Merci !
Commenter  J’apprécie          4515

Citations et extraits (253) Voir plus Ajouter une citation
Je ne me suis pas arrêtée. C'est seulement arrivée sur l'autre face de la corniche que j'ai fait halte, car j'entendais des voix des Lowlands. Dans la neige, j'entendais des voix d'hommes. J'ai cligné des yeux. Pensé cache-toi. Deux habits-rouges grimpaient le col et s'approchaient, alors je me suis tapie. J'ai creusé une congère avec mes mains, me suis enfouie dans le trou et plaqué les mains sur la bouche pour museler mon souffle haché tandis qu'ils passaient devant moi. Ils se hâtaient. Un d'eux a dit je ne veux pas prendre part à ça ! Non ! Je ne peux pas... et l'autre a répondu c'est contraire à toutes les lois que je connais ! Et ils étaient aussi tourmentés que moi, ces deux hommes qui s'échappaient.
Ils se sont éloignés. Et j'ai pensé vas-y vite ! Cours ! Cours ! Je suis sortie de mon trou, et tandis que je descendais vers le glen j'ai trébuché, ce qui m'a fait tomber, rouler sur la pente comme une pierre, j'avais mal et je me sentais impuissante mais c'était une descente rapide, tout ce que je voulais. Puis j'ai couru vers l'ouest pour pénétrer dans le glen, par le même chemin que la première fois, une nuit silencieuse au clair de lune, et en atteignant le Mélange des eaux qui étaient gelées et d'un bleu luisant, j'ai regardé la vallée et vu une splendeur. Tout était blanc. Tout se taisait et brillait.
Commenter  J’apprécie          300
Gormshuil a dit 𝘵𝘶 𝘷𝘦𝘶𝘹 𝘭𝘦 𝘥𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘥𝘰𝘶𝘣𝘭𝘦 𝘷𝘶𝘦 ? 𝘓’𝘢𝘱𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 ? 𝘗𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦 𝘤𝘳é𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘶𝘯 𝘱𝘦𝘶 𝘧𝘰𝘭𝘭𝘦... 𝘛𝘶 𝘭’𝘢𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘦𝘶.
Elle disait vrai. Je l’avais. Agenouillée là, je l’ai compris. Je l’avais toujours eu, comme nous tous, comme tous les gens venus au monde avec un cœur ont le don de double vue car c’est la voix du coeur. C’est la chanson de l’âme. Je l’ai reçu de chaque ciel étoilé, de chaque abeille qui se cognait contre moi en s’envolant hors d’une fleur. Je l’ai reçu de la bonté, la mienne et celle des autres. Je l’ai reçu de mes poils qui se dressaient quand j’entendais un clan chanter autour du feu, de mes yeux remplis de larmes devant des choses belles et simples. Car c’est en ces moments-là que le coeur parle. Il dit 𝘰𝘶𝘪 ! ou 𝘭𝘶𝘪 ! ou à 𝘨𝘢𝘶𝘤𝘩𝘦 ou à 𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵𝘦. Ou 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘴.
Nous l’avons tous, ce don. Mais je crois que les gens comme nous - solitaires, épris du monde bouillonnant - entendent mieux leur cœur. Nous entendons son souffle, sentons ses mouvements. Nous voyons ce qu’il entrevoit.
Commenter  J’apprécie          162
La dernière exécution d’une prétendue sorcière en Grande-Bretagne eut lieu en l’an 1727. Le Witchcraft Act de 1735 mit fin à la peur et aux persécutions qui sévissaient depuis des lustres. On estime que durant les trois siècles précédents, ce sont plus de cent mille femmes – pour la plupart instruites, indépendantes, âgées ou ayant leur franc-parler – qui furent traduites en justice, accusées de sorcellerie. La torture était couramment pratiquée pour obtenir des aveux. En Europe, le nombre de ces meurtres se monte à quarante mille.
Commenter  J’apprécie          230
Alors, quand le terrain a commencé à s’élever, et qu’il est devenu plus rocheux, et que j’ai bu une eau fraîche et épaisse sur ma langue, au goût de tourbe, et que mes genoux se sont couverts d’une terre noire là où je les appuyais pour boire, et qu’il y avait de la brume sur les lochs, et que les oiseaux s’envolaient vers les pics, et que les châteaux devenus plus petits, nichés plus hauts dans les coins plus sombres, venteux, et que les foyers se faisaient plus rares et aussi les chevaux, et quand je suis descendue de ma jument pour traverser à gué une rivière, faute d’avoir trouvé un pont depuis des lieues et d’en voir un plus loin, si bien que je me suis demandé 𝘶𝘯 𝘦𝘵𝘳𝘦 𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯 𝘦𝘴𝘵-𝘪𝘭 𝘫𝘢𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴𝘴é 𝘱𝘢𝘳 𝘪𝘤𝘪 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘮𝘰𝘪, je n’étais pas effrayée. Pas du tout. Debout dans l’eau jusqu’à la taille, j’ai dit 𝘭𝘦𝘴 𝘏𝘪𝘨𝘩𝘭𝘢𝘯𝘥𝘴. Je le savais.
⠀.
Commenter  J’apprécie          91
Je suis faite pour certains endroits, comme vous savez. Me MacIain m'a demandé ''pour quoi es-tu prête à sacrifier la vie ?'' et je n'ai pas répondu. Mais tandis que je le recousais, j'aurais pu dire ''pour ce monde'', je pense. Pour de la bonté. Pour les moments simples, quotidiens que nous cessons de voir alors qu'il ne faudrait pas, une marmite où l'eau bout, ou une fleur plus ouverte que le jour d'avant. Parce que j'aime vraiment ces moments-là.
Commenter  J’apprécie          260

Videos de Susan Fletcher (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Susan Fletcher
Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Les Vertueux de Yasmina Khadra aux éditions Mialet Barrault https://www.lagriffenoire.com/les-vertueux.html • Vivre vite - Prix Goncourt 2022 de Brigitte Giraud aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/vivre-vite-1.html • L'Embuscade de Emilie Guillaumin aux éditions HarperCollins Poche https://www.lagriffenoire.com/l-embuscade-1.html • Petites dents, grands crocs de Emilie Guillaumin aux éditions HarperCollins https://www.lagriffenoire.com/petites-dents-grands-crocs.html • Au long des jours de Nathalie Rheims aux éditions Léo Sheer https://www.lagriffenoire.com/au-long-des-jours.html • Un jardin de mensonges de Susan Fletcher et Isabelle Chapman aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/un-jardin-de-mensonges-1.html • Rebecca (Nouvelle traduction) de Daphné du Maurier aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/rebecca-nouvelle-traduction.html • Manderley for ever de Tatiana de Rosnay aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/manderley-for-ever.html • Sneakers Addict: 1000 modèles cultes de Mathieu le Maux aux éditions L'Imprévu https://www.lagriffenoire.com/sneakers-addict-1000-modeles-cultes.html • 1800. La Main de sang de Tristan Mathieu aux éditions Presses de la Cité https://www.lagriffenoire.com/1800.-la-main-de-sang-1.html • Dans les yeux du procureur : Chronique de la justice ordinaire de Jeanne Quilfen aux éditions Hugo Document https://www.lagriffenoire.com/dans-les-yeux-du-procureur-chronique-de-la-justice-ordinaire.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #editionsflammarion #editionsmialetbarrault #editionsharpercollinspoche #editionsharpercollins #editionsleoscheer #editionsjailu #editionslelivredepoche #editionslimprevu #editionspressesdelacite #editionshugodocument
+ Lire la suite
autres livres classés : ecosseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (2177) Voir plus



Quiz Voir plus

Un Bûcher sous la Neige

Comment s'appelle la mère de Corrag ?

Sarah
Gormshuil
Cora
Jane

15 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Un bûcher sous la neige de Susan FletcherCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..