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EAN : 9782072568732
224 pages
Gallimard (03/09/2015)
3.97/5   30 notes
Résumé :
Nous ne sommes pas remplaçables. L’État de droit n’est rien sans l’irremplaçabilité des individus. L’individu, si décrié, s’est souvent vu défini comme le responsable de l’atomisation de la chose publique, comme le contempteur des valeurs et des principes de l’État de droit. Pourtant, la démocratie n’est rien sans le maintien des sujets libres, rien sans l’engagement des individus, sans leur détermination à protéger sa durabilité. Ce n’est pas la normalisation – ni ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cynthia Fleury s'interroge dans cet essai sur le moyen de sauver la démocratie en favorisant l'individuation des citoyens et leur sortie de l'état de "minorité" qui les transforme en travailleurs et consommateurs soumis et frustrés. Nul n'est "remplaçable", c'est-à-dire que chacun a la charge incontournable et unique de s'accomplir soi-même (de "s'individuer") en créant des liens réciproques, transmissionnels et empathiques avec autrui. Bien plus, nul ne peut parvenir à pleine maturité sans l'exercice de ce lien tourné vers l'extérieur, indispensable non seulement à la société mais à la constitution du sujet lui-même.

La finalité n'est pas d'évacuer l'autorité, nécessaire au fonctionnement social mais d'éviter que cette autorité ne devienne "pouvoir" c'est-à-dire que celui qui l'exerce "surplombe" ceux sur qui elle est exercée en confondant sa personne et son rôle : le roi, l'empereur, le président doivent rester conscients de n'exercer qu'une fonction, faute de quoi l'autorité légitime se transforme en "pouvoir" qui pèse sur les individus, empêche leur réflexion et finit par asphyxier tout le corps social, menant à terme à sa destruction.

Dominants et dominés ont chacun leur part de responsabilité dans la transformation de l'autorité en pouvoir : les uns par l'arrogance, le mépris, la mégalomanie, l'appropriation des richesses et le mensonge, les autres par la passivité, la rouerie, l'hypocrisie, le chapardage, le développement de stratégies d'évitement, et un mélange de haine et d'adulation qui finit par produire un clivage de leur personnalité.

J'ai noté un très beau chapitre sur la famille et la transmission entre générations, ce que l'auteure appelle "faire famille".

La lecture de cet ouvrage est moyennement aisée pour un néophyte en philosophie mais cependant abordable ; de nombreuses citations enrichissent le lecture et l'ouvrent sur la pensée du 20 ème siècle (Bourdieu, Anders, Jankelevitch, Foucault).
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Par le premier regard que le nouveau-né échange avec sa mère, l'être humain en devenir fonde son individuation, sa solitude née de l'échange et son irremplaçabilité. L'essai de Cynthia Fleury va à l'encontre du chemin pris par la société de consommation qui jette et remplace en un ordre absurde et aliénant. Partant du coeur de l'individu irremplaçable parce qu'il est humain, conscient de sa finitude qu'il dépasse par le lien avec l'autre, le temps et l'avenir, Cynthia Fleury nous emmène au coeur de la société à la démocratie menacée lorsqu'elle robotise l'individu, lorsqu'elle veut ériger une idée en un système figé qui nie la mobilité de l'humain. L'essai "les irremplaçables" invite à l'exploration de soi ; il invite à nouer avec l'autre un lien authentique, à se projeter dans l'avenir, à faire de l'éducation un projet essentiel qui démarre dans la famille et se poursuit avec exigence dans la société .
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Bonjour,

Je ne l'ai pas tout-à-fait terminé et je crois devoir le relire pour me prononcer définitivement.

Oui, cet ouvrage doit être lu ... Par ceux qui peuvent le lire.

Cet ouvrage dénonce les mécanismes chez l'individu et dans son environnement, qui vont tout simplement l'empêcher d'exister, c'est à dire de vivre en homme individué, contributeur positif d'une société qui s'invente, se construit, se réinvente et se reconstruit en permanence.

Il s'agit d'un essai, c'est-à-dire que l'auteure effectue une démonstration de savoir-faire et de savoir tout court. Son exposé parvient à concilier les concepts issus de la psychanalyse et de la philosophie. Il y a de très belles pages, mais cette démonstration s'adresse somme toute à un public averti et peut-être pas à celui qui en aurait le plus besoin : les victimes des mécanismes dénoncés, qui peinent à penser, à se penser et à exister dans une société qui les met tout en bas de hiérarchies artificielles par des procédés d'évaluation précisément dénoncés dans cet ouvrage ; et à les confiner à la fonction consommatrice.

L'auteure cite les Evangiles notamment le passage relatif aux enfants qu'il ne convient pas de blesser, car leurs anges voient la face de Dieu, par quoi elle rappelle la nécessité des soins qu'on leur doit. Elle parle de l'amour aussi, et fort heureusement. Mais l'ouvrage me fait aussi penser à un morceau de concours destiné à séduire le jury de ses pairs (au nom des pairs) et je ne doute pas que dans les loges maçonniques certains se réjouiront de pouvoir se nourrir d'une pensée qui construit un système sans Dieu (?), en tous cas sans Eglise (?).

Je vous le dis Mme FLEURY, si votre discours croît s'affranchir de Dieu, du Dieu que je connais, qui m'a sauvé quand je confinais au néant, alors je le trouve un peu désespérant, comme ces modes d'emploi de bricolages sophistiqués. Sur les photos tout semble simple et beau, mais je n'ai jamais assez d'argent pour acheter tous les outils et quand je vois mon ouvrage, je m'aperçois que le modèle a été réalisé par un professionnel.
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critiques presse (1)
Liberation
07 septembre 2015
Philosophe et psychanalyste, l’auteure de la Fin du courage prend le problème par les deux bouts, étatique et subjectif, (...) celui de la régulation démocratique et de la «régulation» individuelle.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les formes modernes de l'absence de pensée.

Tel est le nouvel âge du décervelage: la société de consommation et des "loisirs forcés"; la tutelle des puissances de divertissement. Derrière cette forme de "loisir", il n'y a pas de scholé, pas de lieu propre pour l'homme pour construire son processus d'individuation. "La majorité de ceux qui mènent une vie absurde ne sont pas encore conscients de ce malheur. C'est la vie qu'on les contraint à mener qui les empêche de percevoir qu'elle est absurde. Voilà pourquoi ils ne font rien contre elle. Mieux: même ce qu'ils font à côté de cette vie absurde est quelque chose qu'on fait à leur place, quelque chose qu'on leur livre. [...] puisqu'on les prive de leur autonomie, de la chance de devenir autonomes, ils restent aussi non autonomes pendant leur temps libre. Ils s'acquittent de leur plaisir servilement, tout aussi servilement qu'ils s'acquittent de leur job."
(p.52/53, éd. Gallimard)
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Le sentiment d'absurdité de la vie n'est pas le symptôme d'une pathologie, mais une disposition à la vérité, non altérée par l' illusion que les notions mêmes de "sens", de "finalité" peuvent provoquer. (...) L'absurdité est le chemin même offert à l'homme, comme matière à sublimation. "Les psychothérapeutes qui osent refiler une volonté de sens aux millions d'hommes qui traînent leur existence dans des bureaux, ou des usines, ou, en tant que chômeurs devant les écrans de télévision ne valent pas mieux que les hommes d'Etat recommandant aux affamés une volonté d'être rassasiés et leur faisant croire que cette volonté constitue déjà une moitié de pain avec laquelle, s'ils le voulaient vraiment, ils pourraient se rassasier sur le champ."
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Le temps est toujours à l’endroit, même quand il est à l’envers, même quand le devenir semble marcher à rebrousse-temps. Une liberté qui ne saisit pas l’instant qui lui est présenté est une liberté disparue, définitivement manquante. Certes, d’autres occasions se présenteront, mais nullement similaires. L’irréversibilité du temps donne ainsi à l’individuation de l’homme une dimension irréversible. Ne pas saisir l’instant pour cheminer vers soi, ne pas articuler le « connais l’instant » avec le « connais-toi toi-même », c’est manquer la possibilité de l’individuation, l’ajourner pour une venue plus improbable encore.
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L’individu n’est pas tout-puissant. Il est résolument fini. Il n’est que frontière, ligne au-delà de laquelle il se fantasme, ligne en deçà de laquelle il se déçoit. Alors porter le regard vers l’autre et l’horizon du monde l’aide à ne pas sombrer dans le miroir de son âme.
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L’allusion au printemps n’est pas neutre dans la mesure où elle évoque la régénérescence. Le printemps est cette saison dont l’allure est celle des matins perpétuels. C’est l’éveil en soi.
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Videos de Cynthia Fleury (76) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cynthia Fleury
"Les femmes ont obtenu la protection des hommes parce qu'elles se sont tues. Celles qui ont pris la décision de parler ont pris le risque de devenir une femme publique et donc de recevoir la rumeur, la diffamation, la honte etc.." C'est l'analyse que livre la philosophe Cynthia Fleury sur le plateau de la grande librairie. Philosophe qui s'est longtemps battue pour dénoncer le manque de courage salue celui de ces femmes qui osent parler.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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