Un livre déprimant, car on sait qu'un jour ou l'autre nous serons dans le même cas, avoir un parent vieillissant ou nous-mêmes. La vieillesse reste un sujet difficile, et encore plus pour les enfants qui prennent en charge ce passage avant le grand départ. Accompagner, retarder, soulager, consoler, sans perdre la face, ne plus être l'enfant de sa mère, mais l'adulte, les rôles s'inverse. Tout cela, l'auteure nous en fait part.
Des réflexions sur ce sujet, rapport enfant-parent, parent-enfant, vieillesse, la fin de vie, comment vivre cela, voir ses parents s'effacer au fil des jours.
Si j'ai trouvé le sujet bien traité, je déplore quand même des passages qui reviennent trop souvent et une lecture déprimante que je peux comprendre.
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Un sujet très délicat à traiter : le vieillissement de ses parents, là , dans ce roman, de la mère de l'auteur.Le regard de la fille, écrivain, face au vieillissement de sa mère, sujet douloureux, qui m'a mise mal à l'aise , me rappelant le passé, l'accompagnement d'une personne chère , malade.
Et puis, la question, ce sera bientôt notre tour, comment se comporteront nos enfants devant une possible perte d'autonomie physique ou psychique? J'ai lu ce livre avec des sanglots dans la tête tant il est bien écrit, les rapports mère - fille analysés avec subtilité, et clairvoyance, c'est un livre sombre pour moi, parce qu'il nous interpelle sur la vie et la mort.
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Les pompiers sont arrivés, de très jeunes gens, extrêmement dévoués et efficaces. Mais : "Allez, papy, on va vous emmener à l'hôpital"; mon ami les a pris à part : "Nous sommes en état de faiblesse momentanée, ce n'est pas une raison pour nous traiter comme des déficients mentaux."
J'imagine sa voix posée, son autorité naturelle. Les gamins se sont excusés. Ce n'est pas "papy" qu'ils ont emmené à l'hôpital, mais M. Claude J.
Le bonheur est dangereux, le bonheur trop vif attire le malheur il faut être prudent avec le bonheur. Les gens de la campagne le savent.Ils ont des tactiques , des parades.On ne dit jamais "ça va bien" , mais "ça ne va pas trop mal, ma pauvre".Cela, ma mère veut bien le reconnaître, elle en rit.Elle est devenue une femme de la ville, elle aussi, elle a pris ses distances et elle s' amuse à me décrire ces comportements anciens.Mais jamais, jamais, elle ne veut en retourner l'enseignement sur elle - même.
Je suis une fille rebelle et je suis une fille soumise. J'ai confiance en moi parce qu'une mère a veillé sur moi, je n'ai aucune confiance en moi parce que je suis veillée par une mère. Je suis solide parce qu'elle tient à moi, je suis friable parce que je tiens à elle.
CELLOPHANE
Il y a, dans le pays où je vis, une ville qui ne ressemble à nulle autre.Les êtres qui la peuplent sont comme enveloppés d'une cellophane invisible.Les immeubles , bien que d'apparence massive, de granit ou de béton ne semblent que façades, et les rues ont un aspect irréel. Bien que je les fréquente depuis de nombreuses années je n'ai pu retenir leur nom.Je me dirige grâce à quelques repères , des commerces, des bâtiments utilitaires, mes trajets n'y varient guère.
Il y a un corbeau entre ma mère et moi, en cet instant, perché sur une branche nue, qui nous observe. Au-dessous, une dalle de granit, sur laquelle ma mère est couchée. Je ne vois pas ses traits, ils sont absorbés dans la pâleur de l'air, dans la pierre de la dalle, dans la texture de la terre. Je n'ai pas besoin de voir ses traits, je sais que c'est ma mère et sa voix m'enveloppe tout entière. Sa voix est douce, fondue à ma chair. Elle m'appelle, cette voix que j'ai toujours entendue au fond de moi. Elle veut que je me couche auprès d'elle, sur la dalle, que je la prenne dans mes bras et me mêle à elle, pour l'accompagner, pour que nous soyons ensemble là ou elle est, là où elle va. Elle veut mon amour, elle veut ma mort.
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits.
Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés.
Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés.
Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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