Cet ouvrage est écrit par
Fabrice Flipo l'un des spécialistes sur les questions de sobriété numérique. le titre de ce nouvel ouvrage « La numérisation du monde » défini bien son sujet, avec un sous-titre qui annonce tout de suite ou l'auteur veut en venir : « un désastre écologique ». L'auteur prends la hauteur et le recul nécessaire pour traiter son sujet, la conclusion est sans appel, en l'état actuel la numérisation du monde ne peut pas fonctionner. L'auteur s'attarde à démontrer que si on laisse faire les acteurs du numérique la situation écologique sera pire qu'avant. le numérique n'est pas la solution aux problèmes écologiques, au contraire.
Pour effectuer sa démonstration, M. Flipo déroule son plan selon 5 chapitres claire avant d'aboutir à une très belle conclusion avec des propositions concrètes.
L'intérêt de cet ouvrage c'est qu'il traite du sujet de façon transversale en invoquant des psychologues, sociologues, économistes et de nombreuses études écologiques.
L'auteur commence par définir nos modes de vie qui ont un impact sur notre consommation, elle diffère selon nos catégories socio-professionnel mais aussi nos goûts personnels (Chapitre 1). Dans le Chapitre 2 l'auteur nous démontre que les produits numériques sont mis en avant dans le discours publique. Il invoque l'auteur
James C. Scott et son « texte public ». le Crédoc participe à l'insémination d'un discours pro-numérique. Dans le chapitre 3 on apprend comment les acteurs développent leur réseau. L'économie de réseau consiste à financer de gros investissement (télécom puis câble, ADSL, 4G, Fibre optique, maintenant la 5G). Au final ce sont les consommateurs qui paye via des abonnements (offre triple play etc). Nos box et smartphone sont en réalité en leasing pour financer les coûteux investissements. Tout est fait pour que de nombreuses personnes payent un abonnement et que l'outil devienne indispensable. Comme une marche inéluctable au progrès technologiques ou il n'y aurait pas de limite à la croissance et aux capacités.
L'ouvrage décolle à partir du Chapitre 4, car on comprends ou l'auteur veut en venir. le numérique est incompatible avec les équilibre de la planète en raison de 4 dynamiques à l'oeuvre : « la consommation croissante du secteur numérique, son efficacité énergétique, qui réduit sa consommation relative mais alimente l'effet rebond, puisque ces gains sont rentables et dégagent des profits à investir ailleurs; l'effet globalement positif du numérique sur la croissance économique mondiale, d'où une consommation d'énergie en hausse; et, enfin, des effets ambivalent sur les autres secteurs mais qui vont généralement de pair avec des gains énergétiques, à nouveau, et donc avec des consommations croissantes. ». En résumé le numérique permets bien des économies d'énergie mais ces gains sont annihilés par l'effet rebond et l'investissement des économies réalisé en vue d'augmenter la production et la croissance.
Dans le chapitre 5 l'auteur fait un état des lieux sur les rapports de force. Les acteurs du numérique, que ce soit les GAFAM ou les constructeurs de matériels ont fait d'important progrès depuis les dernières études de l'auteur en 2013, mais ces gains sont annihilés par la croissance du numérique (effet rebond). Malgré la prise de conscience des acteurs du numérique sur les enjeux climatique, il ne faut pas attendre de leur part une diminution des émissions. La croissance verte et le développement durable ne peuvent pas fonctionner. Les ONG écologiques sont évoqués dans ce chapitre mais les propositions sont faibles au rayon du numérique et pas à la hauteur des enjeux. Les propositions concrète sont surtout évoqué en conclusion.
La conclusion est brillante car l'auteur sait ramasser son sujet de façon concise et nous démontre qu'il a parfaitement cerné tous les enjeux. le problème n'est pas que numérique mais il dépend aussi de nos modes de vies. Quel type de société voulons nous ? Jusqu'où voulons nous aller dans la numérisation du monde ?
Pour lutter contre l'envolé numérique il propose de limiter certains services, beaucoup trop consommateur, comme les objets connectés à foison, la voiture autonome, limité la 4K, abandonné le 8K, limité l'IA à certains projets, limité le développement de la 5G et l'idée d'une 6G etc
Il propose également des quotas d'émission liés à un prix global du carbone, davantage de recyclage des matériaux, un développement de la voiture low-tech et la dénumérisation des voitures, une garantie de 10 ans sur le matérielle et 20 ans sur le software, mais aussi l'écoconception pour que les programmes sont mieux conçus, davantage optimisé.
Sa mesure phrase pour le matériel serait d' « obliger les entreprises qui mettent un produit sur le marché à émettre un document certifié par un tiers de confiance (association de consommateur) évaluant les effets écologiques et sociaux de la généralisation du produit. ».
Ils proposent aussi un ancrage plus local du numérique et moins de publicité. Il encourage les communs qui devrait utiliser les mêmes armes que les marketeur pour la mise en réseau des initiatives et leur diffusion. Pour les communs il faut se méfier d'un enfermement trop communautaire qui aurait tendance à exclure.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, très actuel, et très au fait des enjeux. Il permets de prendre de la hauteur. Ma critique finalement et qui justifie mon 4/5 c'est qu'on peine à croire que les mesures soient facilement réalisable. C'est l'État et les institutions, donc les politiques, qui sont aux manettes pour encourager la majeur partie des propositions de l'auteur. En face de l'état on a des mastodontes capitalistes qui ne se laisserons pas faire. L'auteur le dit bien il faudrait changer de système – quitter le capitalisme pour un nouveau projet social, vers plus d'égalité mais sans uniformité. Cette ouvrage est un vrai travail universitaire avec de nombreuses notes ce qui est très agréable et ouvre la voie sur une connexion avec d'autres domaines, notamment dans les champs économique et politique.