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Critique de Cosaque


Mort accidentelle est une pièce de combat. Dario Fo l'a écrite dans le feu de l'action en un temps record (à peine un mois) en 1970.
Le contexte italien de l'époque était explosif, au figuré comme au propre. Des groupes ultra-gauches n'hésitaient pas à recourir à la violence, tandis que les groupes fascistes posaient des bombes dans les lieux publics (banques, gares...) en en faisant porter la paternité à l'extrême gauche. Ces menées fascistes bénéficiaient de la complicité passive (sinon active ?) des forces polices. Cette stratégie avait pour but de créer un climat d'inquiétude dans la population quant à une possible prise de pouvoir par les communistes. Ce calcul devait permettre l'arrivée au pouvoir de factions militaro-policières, sensées lutter contre le péril rouge. Certains affirment que la CIA avait sa part dans cette manipulation en aidant les groupes d'extrême droite.
Voilà en très sommairement brossé la situation politique italienne des années 70, si vous voulez plus informations sur le sujet, je vous invite à voir une vidéo d'Arte Orchestre noir, il a également été mis en ligne dans une version réduite sur Youtube Orchestre noir: https://www.youtube.com/watch?v=vWF57yFH3Kg.
Pour revenir à notre anarchiste (Giuseppe Pinelli) celui-ci est arrêté, car soupçonné d'avoir participé à l'attentat à la bombe de la Piazza Fontana le 12 décembre 1969. Mais au cours de son interrogatoire il meurt victime d'une chute du quatrième étage d'un commissariat de Milan le 15 décembre. Après enquête l'on conclut à un suicide de Pinelli.
Cette mort a fait beaucoup de bruit et presque personne ne croit à la thèse du suicide, d'autant moins que le commissaire (L. Clabresi) avait une solide réputation de pratiquer des interrogatoires assez « musclés ». Dario Fo reprend les minutes de l'enquête dans le but d'en relever les contres vérités et la mauvaise foi notoire qui prévalut durant cette « enquête ».
Fo n'a pas eu besoin de faire beaucoup d'effort pour rendre absurde les arguments de la police pour se disculper de la mort de Pinelli, les dépositions des policiers sont par elles-mêmes proprement ahurissantes. Elles ont été éditées en France, malheureusement je ne me rappelle plus la référence du livre, si certains sont intéressés je pourrais faire l'effort d'une recherche. La faconde de Dario Fo et son sens du gag en font une pièce hilarante. Il utilise le personnage d'un mythomane qui s'introduit dans le commissariat où a lieu l'interrogatoire fatal. Ce fou sous la personnalité d'un juge mène une contre enquête sur les causes de la mort. C'est assez jouissif de voir ces braves pandores complètement désorientés par la virtuosité verbale de celui qu'ils prennent pour un juge. de plus sous leurs yeux il devient un ancien parachutiste de la légion étrangère et un vétéran du Vietnam et enfin un évêque. Cette pièce de théâtre est dans la tradition italienne de la Commedia dell'arte, avec des bouffonneries (lazzi) qui n'ont d'autre but que le comique et un jeu de scène qui réclame une virtuosité physique presque gymnique.
Cette excellente pièce, est sans doute un peu périmée, car elle fait référence à des événements qui sont aujourd'hui oubliés. Néanmoins malgré tous les éléments périmés, elle conserve son actualité dans sa dénonciation de méthodes policières qui n'ont guère changé : en Italie et ailleurs.

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