On ne peut pas toujours voyager mais on ne peut pas toujours rester au même endroit. Tout est dit. du plaisir d'être sédentaire entre deux expéditions à l'autre bout du monde ou du département (les deux ont leur charme); de l'excitation du départ au bonheur de rentrer au nid.
Le livre de Foch-Esseytte est donc partagé en deux parties d'égale longueur: « ailleurs » et « la maison », elles-mêmes subdivisées en courts chapitres qui ont tout à voir avec l'art des listes: « Choses qui font voyager dans le temps », « Choses qui réveillent l'enfance », « Images du dedans et du dehors », « La cheminée »…
On y grappille des aphorismes souvent délicieux.
Mais, tandis que je tournais les pages, sourire un peu niais aux lèvres, j'ai commencé à me sentir mal à l'aise en me disant que ce bouquin me rappelait quelque chose. Mais quoi?
Et puis j'ai trouvé. Je tenais là ma première lecture instagramable.
Et va z'y que je déniche une toque en laine feutrée en Azerbaïdjan et que sur une barge laotienne « le reflet de la pleine lune gondole sur le Mékong ».
Quand
Elisabeth Foch-Eyssette entre dans une maison inconnue, elle se demande si ses habitants ont un poêle ou une cheminée. J'ai regardé mes radiateurs d'un oeil torve.
Quand elle revient chez elle, le soir, elle quitte ses chaussures pour goûter la douceur du parquet sous ses pieds, allume un feu et ouvre un livre.
Personnellement, je commence par déposer les sacs de courses sur la table, du coup j'ai eu le temps de laisser des traces boueuses sur le carrelage, tout en déballant le jambon et les pizzas, je crie « C'est moi » pour rassurer le reste de la famille qui aurait pu croire que la porte du réfrigérateur était claquée par un cambrioleur suffisamment affamé pour ne pas bouder les rogatons de fromage dont plus personne ne veut mais qu'un vieux fond tiers-mondiste empêche de jeter, je fonce dans la chambre des enfants pour les surprendre plongés dans One piece au lieu de réviser pour le DM de maths mais ils sont plus rapides que moi et ont déjà rangé l'objet du délit tout en exhibant le carnet de liaison qui m'intime d'avoir acheté Manon Lescaut pour demain 10 h., en les agonissant, j'en profite pour récupérer les emballages des goûters, au moment de les jeter je m'aperçois que la poubelle est pleine et qu'il faut changer le sac dont miracle il reste un exemplaire caché derrière les gants Mappa.
Avez-vous trouvé les sept erreurs ?
Pour être tout à fait honnête, je dois préciser que moi aussi, quand je rentre chez moi, j'ouvre un livre (à 22 heures).
Quant à celui-ci, je crois que je vais l'abandonner lâchement dans le RER.