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EAN : 9782070134816
208 pages
Gallimard (26/01/2012)
3.95/5   10 notes
Résumé :
Hawa et Toumbou sont sœurs jumelles siamoises. Mais tandis que la première, dont la beauté lui vaut des commentaires flatteurs, rêve d'amour, la seconde, perçue comme un monstre, ambitionne de devenir ministre.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'étrange rêve d'une femme inachevée
Roman
LIBAR M. FOFANA
Il y a des romans dont l'après-lecture vous laisse transformé ; si bien que vous avez envie de le relire, par crainte de ne pas en avoir retiré à la première lecture tout ce qu'il contenait d'original. ; et vous pourrez le relire encore et encore, c'est peut-être même le signe d'un chef d'oeuvre authentique. C'est ainsi que j'ai ressenti le roman de Libar M. Fofana.
On peut le lire à la manière d'un conte africain, avec le plaisir qu'on trouve à un imaginaire dont on sait bien qu'il n'est pas vrai, mais dans lequel on accepte bien volontiers de s'embarquer, tellement on aimerait que ce soit vrai.
On est au moins certain d'une chose : il ne s'agit pas d'un plat reportage sur la condition des frères ou soeurs siamois(es) dont on pourrait retirer de croustillantes anecdotes. On est dans un imaginaire fabuleux où l'on rencontre des personnages authentiques qui nous parlent de nous. le mensonge est délicieux, le seul vrai mensonge, celui de l'apologue, celui dont parle le Rousseau des Rêveries lorsqu'il dit « Les fictions qui ont un objet moral s'appellent apologues ou fables, & comme leur objet n'est ou ne doit être que d'envelopper des vérités utiles sous des formes sensibles & agréables, en pareil cas on ne s'attache guères à cacher le mensonge de fait qui n'est que l'habit de la vérité ; & celui qui ne débite une fable que pour une fable, ne ment en aucune façon. »
Chacun peut y prendre son sens : Les deux soeurs sont-elles comme le blanc et le noir, ou le yin et le yang, deux principes antagonistes de notre être ? Expriment-elles la dichotomie de l'être humain, partagé entre le bien et le mal, l'amour et la connaissance, les rêves de tendresse et ceux de pouvoir ? Rien de tout cela, ou plutôt, tout cela mais qui ne résume pas l'antagonisme entre Hawa et Rama, dont l'une serait la bonne, et l'autre la mauvaise. La leçon est moins simpliste, et nous pouvons identifier dans notre être les mêmes tendances antagonistes qui font la difficulté de notre condition d'être humains.
Mais le roman n'est pas une simple confrontation de moi à moi-même, ni du rêve opposé à la réalité, ou encore de l'impossibilité de concilier les aspirations antagonistes de notre moi. C'est aussi une confrontation de la différence opposée à la normalité. La confrontation entre l'amour sans limite de la mère adoptive des deux soeurs, et la lâcheté d'un père (au sens propre, au sens où il les abandonne) , ou encore la méchanceté de ceux qui ont deux bras et deux jambes, un corps et un sexe bien à eux, contre ceux que la nature (ou Allah, l'auteur ne tranche pas !) Entre le noble appétit de vivre face à la bêtise administrative. (sur ce plan, voilà qui introduit du sourire dans ce sujet sérieux !)
Enfin, que dire des grandes figures de sagesses croisées tout au long du livre : Saran la femme stérile qui reçoit comme un don de Dieu ces enfants inachevés, le docteur Francis, qui devra prendre, au péril de sa vie, une décision conforme à ses aspirations intérieures, plutôt que de respecter la loi formelle. Un personnage Sartrien, ou de François Jacob, qui laisse parler sa « statue intérieure ». Jusqu'à l'amant, des deux soeurs, qui saura sortir de cette contradiction… mais je ne vous dévoilerai pas la fin.
Tout ceci peut donner l'impression d'un imbroglio qui ne trouvera pas sa propre issue. Comme tous les contes de fée il y en a une : engagez vos paris, heureuse ?
Michel le Guen
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La chose se mit à brailler d'une voix double qui les poussa dehors

Un conte et une réflexion sur soi et l'autre.

Deux soeurs siamoises. Hawa et Toumbou/Ramatoulaye vivent, ensemble et séparément. Elles ont besoin l'une de l'autre et elles aimeraient être libre de corps. Elles ressentent chacune l'autre, au plus profond de leur intimité. Elles aiment et haïssent différemment. Leurs espoirs ne se conjuguent pas de la même façon.

Elles sont deux et elles sont une.

Un talent de conteur au service d'une poignante leçon d'humanité. Un conte, un livre, deux heures de plaisir, drôle et cruel. La vie.

« Elle avait entendu dire que la liberté se trouve d'abord dans la tête de celui qui y aspire, mais elle pensait que l'idiot qui prétendait cela n'habitait pas le corps d'un autre »
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UN UTÉRUS POUR DEUX.
Libar M. Fofana est un véritable griot qui des talents de narrateur : on l'imagine très bien racontant ce conte extraordinaire à un village guinéen rassemblé autour d'un feu. Avec cette histoire de soeurs siamoises qui vont devoir vivre ensemble, on verra défiler tous les instant d'amour, de haine, de jalousie, toutes les croyances africaines, superstitions religieuses tirées du coran et des marabouts. Les deux soeurs ont en commun intelligence et beauté, mais pas dans le même corps. Leur rapports sont pleins d'une ironie teintée d'humour et de cruauté. Mais leur rivalité deviendra amour et sacrifice dans le rôle transcendantal du don de la vie. Un très beau livre que l'on lit comme s'il était raconté.
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Dans l'étrange rêve d'une femme inachevée, Libar M. Fofana nous raconte l'histoire de deux soeurs siamoises Hawa et Toumbou que tout oppose. Hawa est belle et rêve d'amour, Toumbou a les membres peu développés et rêve d'une grande carrière politique. Deux jeunes filles qui souhaitent vivre indépendamment l'une de l'autre alors qu'elles fusionnent en un lien charnel indéfectible. Victimes d'un destin qu'elles n'ont pas choisi et qui les condamne à vivre ensemble pour toujours, elles vont sans cesse repousser les limites. Une rencontre avec un jeune homme, Mamadi, va bouleverser leur dualité et les confronter à faire un choix crucial pour elles.
Comment aller jusqu'au bout de son rêve quand on est guidé par les pas d'une autre qui aspire à des ambitions différentes des siens ? Questions que se posent les protagonistes et nous lecteurs. L'auteur a su nous transmettre les émotions et les frustrations des deux jumelles dans une histoire à la fois captivante et touchante où des situations insolites y sont dépeintes avec une pointe d'humour. Ce roman nous rappelle la méchanceté féroce de l'être humain générée par les croyances et la peur de la différence et du handicap que beaucoup ne veulent pas voir. C'est le premier roman que je lis de cet auteur et j'ai perçu de vérité dans sa manière d'écrire. Il traite de sujets tabous sans vraiment de pudeur mais avec des mots justes. J'avais l'impression de lire une histoire vraie et non une fiction.
Roman très réaliste et intéressant à lire. Un beau roman.
Lien : https://lacalebassealivres.c..
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critiques presse (1)
Lhumanite
04 juin 2012
Ce livre d’un réalisme proche du fantastique, truffé de dialogues à l’emporte-pièce, est en soi une parabole de très haut vol sur la quête d’identité à la première personne dans un monde, l’Afrique, où le collectif, à chacun, dicte impérativement sa loi.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cette quête d'identité était en réalité une quête de place. Quelle place ai-je dans ce monde ? Se sentant rejetées, elles se rapprochèrent l'une de l'autre.Face à ceux qui les excluaient, elles s'unirent à nouveau à résister. Cette alliance tacite modifia la nature de leur lien. Il devint protecteur. Ce besoin vital qu'elles avaient l'une de l'autre s'avéra à la longue une souffrance. car, là où elles cherchaient à s’émanciper et à affirmer chacune son identité, elles se retrouvèrent enchaînées à un destin commun
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Elle avait entendu dire que la liberté se trouve d’abord dans la tête de celui qui y aspire, mais elle pensait que l’idiot qui prétendait cela n’habitait pas le corps d’un autre
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Elle s’efforçait d’apprécier ce qu’elle avait, et de ne pas désirer ce qu’elle ne pouvait obtenir. C’était, selon elle, le secret du bonheur. Mais cela ne concernait que les choses matérielles. Au plus profond d’elle, un désir ancien était resté solidement ancré. Cette faim qui, chez bien des femmes, ne s’apaise jamais était d’enfanter. Ce que son corps ne pouvait plus lui offrir, son cœur refusait d’y renoncer. Alors celui-ci saignait sans arrêt. Car il est des blessures qui, quoi qu’on fasse, continuent de suinter. Il arrive néanmoins que le fruit d’un autre ventre guérisse un mal que l’on croyait incurable, et comble un vide qui nous paraissait insondable, parce que le bonheur d’une mère n’est pas plus dans l’acte de donner la vie que dans celui d’élever et d’aimer un enfant.
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Dans ces contrées plus qu’ailleurs, les fesses des femmes jouent un rôle très important dans la séduction. Elles agissent plus directement que toute autre partie de leur corps sur le désir sexuel des hommes. D’ailleurs, lorsque ces derniers se retournent au passage d’une belle, ce n’est jamais pour admirer ses épaules, fussent-elles nues. Se sentant reluquées, certaines femmes ondoient du postérieur avec une science qui laisse songeur l’observateur le plus blasé. Mais le pouvoir d’ensorcellement d’un fessier est fonction de sa taille. Plus il est énorme, plus le déhanchement est lascif. Bien des hommes semblent envoûtés par le spectacle des deux lobes qui se croisent et se recroisent dans une danse langoureuse, une invitation silencieuse à une joute amoureuse.
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Aller en ville était un des plus vieux rêves de Toumbou. Outre de meilleures opportunités de carrière, elle croyait que la ville lui offrirait des sensations inconnues des villageoises. Elle voulait d’autant plus y vivre que ceux qui en revenaient en faisaient rarement une description élogieuse. Cette vie citadine de débauche l’attirait comme un aimant. Elle se demandait souvent comment étaient les filles de la ville. Étaient-elles plus belles ? Avaient-elles la peau claire ? Aimaient-elles danser ? Elle ne regimbait que pour contrarier sa sœur.
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Videos de Libar M. Fofana (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Libar M. Fofana
Le diable dévot, de Libar Fofana
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