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Critique de AMR_La_Pirate


Encore une fois, je découvre un nouvel auteur dans le cadre des 68 premières Fois.
Enfin un format court qui se justifie et qui correspond parfaitement à l'amplitude de l'écriture d'un conte poétique et philosophique sur l'enfance.

Dans Neverland de Thimothée de Fombelle, le narrateur part à la recherche d'un pays imaginaire, celui de l'enfance. C'est une véritable expédition, une chasse, avec ses préparatifs matériels et psychologiques. Ce récit de « voyage illuminé » à la première personne est rempli de figures métaphoriques empruntées à la nature et au monde animal ; tout y devient symbolique et porteur de sens. Cette aventure se fait exploration, effraction aussi parfois.
L'enfance n'est plus seulement cette période de la vie de tout un chacun qui va de la naissance à la préadolescence, mais elle devient un lieu, un territoire qui possède sa géographie, sa météo, ses saisons et ses paysages qui se confondent avec les souvenirs ; c'est aussi un monde plus ou moins dangereux selon les époques et les circonstances. le vocabulaire employé devient celui de la fantasy médiévale avec ses châteaux-forts, ses cavalcades et ses armes blanches.
La temporalité s'efface au profit d'un « instant suspendu » qui embrasse à la fois tout le pays imaginaire et chacun de ses détails. La trame narrative devient onirique, place le lecteur en apesanteur. Les âges extrêmes de la vie, enfance et vieillesse, se rencontrent et se rejoignent à la lisière de neverland…
Parfois, le récit se raccorde à la vraie vie, aux grands-parents, aux vacances, aux trajets en voiture, aux jeux avec les parents et la fratrie, aux pique-niques, aux bonnes recettes de familles, aux petits trésors au fond des tiroirs, aux terreurs nocturnes, aux peurs de l'abandon, au désordre d'une chambre, aux maladies et bobos divers, à tous les souvenirs, même les plus terrifiants… En grandissant, l'enfant découvre aussi l'ennui, les temps morts, le monde des adultes, la mort de gens qu'il connaissait… Il prend conscience de l'éveil de son corps. Plus tard encore, l'adulte qu'il est devenu plonge dans la poussière des mémoires familiales et tente de dérouler l'écheveau du passé.

Il faut entrer dans ce livre sans à priori, accepter de passer par l'imaginaire avant le réel, par l'interprétation avant les évènements ou les faits avérés, se laisser porter, emporter, s'arrêter si nécessaire, revenir en arrière si besoin, terminer sa lecture et pourquoi pas la recommencer. Le chapitrage court permet toutes les pauses possibles, toutes les directions envisageables. Avec Thimothée de Fombelle, chaque lecteur part à la recherche de l'enfant qu'il a été et le retrouve, sans doute : le livre semble écrit pour ça…
Et pourtant, je m'interroge en refermant Neverland… Alors, je le reprends et je le relis pour saisir son ossature ; mais ce livre est inclassable, hors-norme... L'écriture est fluide et poétique, comme à main levée ; c'est possible avec un peu de sensibilité et de talent, trop facile peut-être, pas assez maitrisé… C'est doux et agréable, rugueux et vif, mignon et écorché, comme l'enfance.
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