Victoria aime les livres, elle adore sa petite vie d'ado, de collégienne sans soucis mais elle rêve d'aventures.
Le petit Jo, qu'elle connaît, lui, cherche les apaches.
« Quand les rapporteras-tu ? » insiste t-il auprès de Victoria,
qui ne comprend coi.
Elle sait que le petit Jo est parfois dans la lune mais là ?
La bibliothécaire assure que c'est la jeune et jolie Garcia qui retient les apaches, celle qui fait les télé-crochets et chante si bien, se pâme t-elle d'admiration.
D'un geste agacé, elle renvoie le petit Jo à ses enquêtes et ses quêtes, de livres peut-être, au point que Victoria s'en trouve toute dépassée.
Roman au pied du lit ou guerriers cachés dans une penderie ?
D'autant que Victoria va commencer à rêver éveiller.
Elle qui envisageait constamment une vie plus palpitante, pleine de romance et de rebondissements, elle va être servie avec Jo le chasseur d'indiens.
Pas Jo l'indien! Pas celui de Tom Sawyer voyons, mais celui qui a un an de moins qu'elle et qui a des classes d'avance.
Bref, revenons à ces indiens !
Et si le père de Victoria, ce simple employé et inventeur de pâté en tube, avait quelque chose à y voir ?
Le soir très tard, il s'éclipse en catimini et file vers une destination inconnue, vêtu de sauvages bas de pantalons de garçon vacher.
« Quelle histoire folle ? » se raisonne Victoria, tapie dans le coffre de la voiture de son père
...avec le petit Jo.
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Timothée de Fombelle a habitué, su fidéliser ses jeunes lecteurs à des univers de rêverie, à des courants d'aventure, des fils de poésie, qui s'entremêlent comme les branches d'une forêt qui nous portent jusqu'aux étoiles.
Référence évidente au « Toby Lolness », très plébiscité.
Cette fois, l'auteur est inspiré par le Bovarysme avec cette jeune collégienne au destin ordinaire et qui va se voir attraper par les aventures qu'elles aspirent à vivre.
Nous nous laissons embarquer dans un début de roman aux teneurs joliment surréalistes. Jo et Victoria se croisent dans des contextes de non-sens amusant pourtant dans un quotidien très ordinaire et scolaire, l'aventure toque à la porte de Victoria, finalement plus ancrée à sa réalité qu'elle n'aurait pu le penser.
Des indiens ? Quels indiens ?
Les propos et la demande de Jo restent sibyllins, provoquant le quiproquo et l'auteur pousse son héroïne encore trop timide dans les frontières du réel, le fantastique commençant à s'immiscer dans son quotidien à son sens trop plat, trop bien repassé.
Les lecteurs se rendront compte au fur et à mesure de la lecture qu'au coeur de sa vie familiale jugée banale, celle qui convainc Victoria de s'abandonner à ses livres, se cache des histoires de parents inavouées, une vieille histoire qui subit l'action du temps mais pas que.
Ces parents s'aiment toujours mais le père de Victoria a un secret.
Victoria se rendra compte qu'il y a des aventures sensibles qui forgent, font grandir mais qui peuvent être traverser ensemble.
Petit Jo est l'élément perturbateur de départ, celui qui va entraîner la jeune collégienne dans la fantaisie qu'elle attendait ardemment car ce dernier ne fait, ne vit pas les choses comme tout le monde.
Si jusqu'alors, elle ne l'avait pas vraiment considéré comme un jeune homme charmant, comme un jeune homme envisageable, les événements vont modifier son regard.
Ce roman a la saveur magique des films
Jean-Pierre Jeunet, le papa du « Fabuleux destin d'Amélie Poulain » et de « Micmac à Tirelargot ».
Les personnages sont aussi d'une singularité bancale, drôle, douce et émouvante. Il y a de l'humour, de la poésie, du suspens dans un très court roman pour ados, c'est un retour à l'enfance.
Savoureux, coloré et piquant comme des bonbons acidulés.