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Citations sur Kuessipan (39)

Il dit : Un chant triste, sorte de cri du cœur. Comparable au blues. La langue innue presque chantée aux intonations lentes, celles qu'on fait durer par des respires. Le manque de voyelles rend la langue impénétrable, comme un rappel à la nature, la dureté, l'écorce et les panaches.
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Il parait que les hommes partaient à la chasse autrefois, des semaines durant, qu'ils revenaient vers leur femme avec de la viande pour des mois. Il paraît qu'une bonne pêche invitait à un festin tous les soirs de juin à septembre.
L'homme, même absent durant de longues périodes, était maître de sa maison ou de sa tente. Il paraît que ces hommes savouraient chaque retour avec la conviction du travail accompli, avec l'ardeur et la rigueur qu'apporte ce sentiment masculin de fierté d'être non seulement pourvoyeur, mais aimant envers sa famille.
Personne ne lui a dit comment aujourd'hui il pouvait être comme ceux-là.
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La nuit, C'est l'heure à laquelle on se déshabille.
Le haut et le bas du corps se laissent dénuder. La rougeur des joues. La tiédeur des larmes. Les rêves que l'on donne en gardant les lèvres fermées. Ne pas avoir peur. Le sable sur lequel on se couche. La saleté. Les autres qui sont passés. L'ivresse. Les yeux rougis. Les oublis. On ne voit dans la nuit que ce que les mains peuvent toucher.
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Le risque de ne pas tomber enceinte est plus grand que celui de l'être. Elles veulent toutes enfanter. Dès qu'elles trouvent preneur, elles ne se protègent pas, elles attendent que leur ventre s'alourdisse. Shannon a peur de ne jamais porter la vie. Dans ses désespoirs d'enfant triste, elle en veut à sa mère d'avoir si facilement conçu huit enfants. Elle voudrait seulement, comme toutes les autres, promener en carrosse un petit qui serait le sien, à elle.
L'enfant, une boule de chaleur, un rêve, petite fille ou petit garçon, une échographie, une parcelle de réalité, un battement de coeur si rapide, une prospérité, une façon d'être aimée, une rentabilité assurée, une manière d'exister, de faire grandir le peuple que l'on a tant voulu décimer, une rage de vivre ou de cesser de mourir. L'enfant.
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C'est la saison du saumon. Sur la Mishta-Shipu, les canots se succèdent au rythme des grosses et petites prises. L'air est frais, le soleil est présent. Quelques mouches errent sur la peau des rares lnnus qui prennent encore une fois possession de ces lieux. Sur la rive, ils ont installé leurs tentes, des toiles beiges recouvrent les baguettes de bois attachées les unes aux autres par de la corde jaune. Les femmes ont déjà tapissé le sol avec des branches de sapin tout juste cueillies. Les pêcheurs dorment rarement dans les abris de fortune. Ce sont les familles qui les remplissent. Celles aux enfants trop nombreux ne savent plus comment divertir leur progéniture. Il y a aussi ceux qui ont choisi de ne pas toucher aux boissons fortes durant la période la plus chaude. Ici, la terre est sacrée. Les hommes ne viennent pas y boire, les jeunes non plus. Le silence fait du bien à celui qui l'écoute et parfois mëme, on peut entendre le saumon qui remonte la rivière.
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Nutshimit, c'est l'intérieur des terres, celles de mes ancêtres. Chaque famille connaît ses terres. Les lacs servent de route. Les rivières indiquent le nord. Si on s'aventure trop loin, par manque de jugement, il y a toujours le chemin de fer pour retrouver sa voie.
Nutshimit, un rituel pour les chasseurs de caribous. Un air pur dont les vieux ne peuvent se passer. Depuis qu'ils ont perdu la vigueur de leurs jambes, ils y vont pour respirer.
Nutshimit, un terrain inconnu, mais non hostile pour celui qui y cherche le repos de l'esprit. Autrefois, ces forêts étaient habitées par des hommes, des femmes qui prenaient de leurs mains ce que la Terre leur offrait. Ils n'y sont plus, mais ils ont laissé sur les rochers, l'eau des chutes et le vert des épinettes leur empreinte, leur regard.
Nutshimit, pour l'homme confus, c'est la paix. Cette paix intérieure qu'il recherche désespérément. Ce silence après avoir hurlé, des nuits durant, son angoisse sans que personne ne l'entende. Le silence d'un vent qui fait bruisser les aiguilles de sapin. Le silence d'une perdrix qui déambule aux côtés d'une dízaine d'autres. Le silence du ruisseau qui continue de suivre sa route, enfoui sous un mètre de neige.
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Pourquoi. La nuit, elle dort d'un sommeil lourd qui lui enfouit le front jusque dans les dunes de son oreiller. Son visage tremble dans la noirceur de sa chambre close. Elle se raidit dès que quelqu'un hausse la voix. La peur la pourchasse dans ses cauchemars de mère. Elle pleure et personne ne la console. Elle oublie. Elle rit.
Je voudrais lui dire que je sais. Pourquoi je me tais.
Le silence. Je voudrais écrire le silence.
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Les routes ne se ressemblent pas. Celle qui mène vers le nord. Celle qui nous ramène à contresens. Les cahoteuses pleines de poussière, pleines de terre, avec des trous et des courbes, sur lesquelles on avance tranquillement. Les asphaltées avec des lignes qui nous amènent à l'endroit même où on veut aller, sans offrir de détour, avec les ralentissements des heures de pointe. Celles qui sont isolées, celles qui rêvent d'être empruntées, celles qui se laissent aller, trop peu fréquentées.
La route qu'il suivait, dès le début de l'automne jusqu'à la première neige, l'amenait dans sa cabane, sans détour, sinon celui que crée un porc-épic rencontré par hasard, qui force à arrêter, à le chasser. Trois heures de chaos pour l'intimité d'un lac cent fois trop beau pour le spectacle inconnu. C'était là qu'il avait sa terre. Trop vieux pour chasser, mais pas encore pour la délaisser. Il l'habitait, comme on habite un coin de salon, en silence, mais toujours avec le contentement d'être chez soi. Il était chez lui. Près de la nature, près des infinis que le ciel offre un soir de pleine lune, intime avec la force créatrice.
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La vieille cabane se trouve à 254 milles au nord de Sept-Iles. L’endroit est désert, gardé par d’immenses épinettes. La neige recouvre le lac et le ciel obscur se laisse percer par d’innombrables tisons lactés. Tout résiste dans l’immédiateté. Tout s’oppose au sens commun. Tout repose, les âmes anciennes et les familles en vacances. (p. 94)
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Il y a une croyance très ancienne chez les Innus. Ils disent que si un père n'a jamais vu son enfant, c'est que cet enfant possède un don.
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