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La famille innue de l'auteur vit dans une réserve sur la côte Nord du Québec. Lorsque son amie Julie – Shuni selon la prononciation innue -, s'apprête à venir s'installer à proximité en tant que missionnaire, Naomi Fontaine lui écrit une longue lettre. Convoquant le passé au travers de sa mère et de sa grand-mère, mais aussi l'avenir par le biais de son fils Petit Ours, elle évoque la survivance de l'identité innue malgré les blessures laissées par le colonialisme et le suprémacisme blanc, et ses espoirs d'un futur plus fraternel, enfin égalitaire, bâti sur un véritable équilibre politique entre Québécois et Autochtones.


Plus qu'un roman, ce texte est un récit personnel et militant pour la cause amérindienne au Québec. Au travers de l'expérience des femmes de sa famille sur plusieurs générations et de ses propres confrontations aux préjugés, l'auteur raconte les souffrances d'un peuple qu'on s'est bel et bien efforcé d'anéantir au nom du progrès contre la « sauvagerie », ses propres regrets de s'être fait voler une part de son identité qu'il lui a fallu apprendre à se réapproprier, à assumer et à défendre, et sa révolte contre la dévalorisation d'une culture dont elle réclame la reconnaissance à part entière.


Pour toutes les Julie que nous sommes potentiellement, cette longue lettre illustre par maints exemples les différences culturelles qui, au lieu de nous opposer, devraient contribuer à notre enrichissement mutuel. Notion de liberté, perception du temps et donc de la vie, place des femmes et des enfants, importance des émotions et du relationnel… : autant de clés que nous remet l'auteur pour nous ouvrir l'esprit et pour plaider l'acceptation égalitaire de nos particularités.


Si l'on devine l'émotion et la douleur à fleur de mots, le discours de Naomi Fontaine est remarquable de dignité, d'espoir et d'élan constructif. Il fait d'elle une véritable ambassadrice de la cause innue au Québec, mais aussi de tous les peuples assujettis au cours de l'Histoire au nom d'une suprématie raciale imaginée, entre autres, à partir d'une certaine idée du progrès.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Shuni, Ce que tu dois savoir, Julie », est une longue lettre adressée par une jeune autochtone innue, l'autrice, à son amie d'enfance depuis longtemps en allée et dont elle apprend qu'elle revient travailler en missionnaire dans la réserve où toutes deux se sont connues autrefois.
Le père de Julie était pasteur. Il s'était installé avec sa femme et ses quatre enfants à l'extérieur de la réserve de Uashat, et les deux fillettes, la fille du pasteur et la jeune autochtone, ont connu une amitié de treize ans qui s'est interrompue lorsque la famille a déménagé. Naomi (il est facile de donner ce prénom à la narratrice) et elle, malgré leurs promesses, ne se sont pas écrit. Elle adresse donc à cette amie éloignée mais non perdue une longue lettre de retrouvailles qui est aussi une mise au point, en prenant le parti de cette amitié d'enfance mais aussi en dressant le panorama de ce qu'est être autochtone dans la réserve d'Uashat. La lettre sonne donc, malgré le ton familier, aimant et confiant, comme un avertissement en même temps qu'une mise au point. « …avant de leur parler de Jésus, il faut bien commencer par les connaître », dit-elle. « Je sais que l'intention est bonne. Mais je sais aussi que ce n'est pas suffisant. »
Chacun des chapitres de ce récit, introduction comprise, comporte en exergue une citation d'une oeuvre autochtone. Ce n'est pas pour rien que la première est d'An Antane Kapesh. Née en 1926, cette femme innue a vécu de pêche et de chasse jusqu'à la création de sa réserve en 1953. À 50 ans, elle a appris à écrire en innu-aimun, et c'est dans sa langue qu'elle rédigera le premier livre d'un autochtone innu : Eukuan nin matshi-manitu innushkueu : Je suis une maudite sauvagesse, publié en 76 dans une version bilingue. An Antane Kapesh fut une résistante opiniâtre et lucide à la colonisation de son peuple. Ayant vécu une partie de sa vie la chasse et la pêche en nomade, évité l'école des blancs, écrit en innu l'histoire de la dépossession de son peuple et eu elle-même neuf enfants, elle est une puissante source d'inspiration pour les écrivaines innues qui l'ont suivie. C'est donc tout naturellement elle qui ouvre le premier chapitre : « Je suis très fière quand aujourd'hui, je m'entends traiter de sauvagesse ». Il y est question de la création des réserves et des vestiges de la vie d'autrefois, de statistiques accablantes, de souvenirs émouvants, et de Petit-Ours, le fils de la narratrice, qui sait déjà qui il est. (...)
L'enfant de la narratrice, le petit Marcorèle, alias Petit-Ours, y joue le rôle de l'avenir. C'est un avenir qui ne retournera pas dans les réserves, et qui pourtant sait qu'il n'est pas Indien, mais innu. Cette lettre à Julie, alias Shuni, s'achève presque comme une plaidoirie, mais le dernier dialogue qu'on y trouve est entre la mère et le fils, entre lesquels se glisse comme un hologramme du père de la narratrice, disparu avant sa naissance. Une chaîne qui ne peut se briser entre les générations, même si la précarité des conditions de vie semble les séparer à la hache.

Ce livre, quoiqu'il passe en revue les accablantes spécifités de la condition autochtone au Canada, entre en résonnance, en cette période où il apparaît évident que l'ordre colonial du monde n'a pas peu à voir avec ce qui le détruit, avec la malédiction de tous les peuples dépossédés, mais aussi avec leur résistance entêtée, leur capacité de survie et de renaissance, et ce qu'ils racontent, du fond du désespoir et de l'espoir, de ce que l'humain a de plus beau."

Lonnie pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/shun..
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Dans cette longue et lumineuse lettre adressée à son amie Julie, en innu Shuni, une jeune femme québécoise qui revient après des années d'absence aider dans le village en tant que missionnaire.
Naomi Fontaine décide de lui écrire afin de partager ce qui lui manque de sa communauté et lui faire comprendre la réalité Innue. L'auteur revisite sa propre histoire par le biais du récit de son peuple, lui conte des anecdotes, esquisse des portraits, lui parles des rapports à la tradition, à la modernité de sa communauté.
Cette lettre est entrecoupée d'autres lettres adressées cette fois à « petit-ours » son fils, Marcorel qui illumine le récit par sa présence, ses répliques.
Un très beau texte tout aussi lucide que touchant et attachant, plein d'humanité et exempt de hargne, une lettre étincelante et instructive que j'ai pris plaisir à lire.
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Julie, ou Shuni en langue innue, est québécoise. Elle a grandi près de la réserve avant de prendre son envol afin de poursuivre ses études. Aujourd'hui, elle revient et souhaite travailler au sein de la réserve innue.

Naomi, son amie, est d'origine innue. Elle a passé une partie de son enfance dans la réserve.

Naomi prend alors sa plume et raconte tout. Elle explique à Shuni sa culture, la manière de penser et la façon de vivre du peuple autochtone avec des mots simples et forts.

Un livre profond qui se lit d'une traite, évoquant au fil des page un peuple, des traditions mais aussi des drames avec respect et amour.

Après "Manikanetish", "Shuni" est le deuxième roman de l'autrice que je lis et ce fut une agréable lecture.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Tout d'abord, deux choses :
- je ne sais pas comment insérer une video dans Babelio, je vous donne donc ici le lien approprié à ma conversation d'aujourd'hui :
https://www.ficep.info/nuit-de-la-litterature
- Il s'agit de la Nuit de la Littérature qui, grâce (je dis bien GRÂCE) au confinement, a pu être suivie "en direct" hier soir par tous ceux qui le souhaitaient, alors que c'est d'habitude une manifestation concentrée dans un lieu précis avec des participants venus des alentours proches. De la même manière, j'ai pu assister il y a quatre jours (et avec moi des tas de personnes à travers le monde, si cela les intéressait) en direct, par le web, à une rencontre avec un auteur dans une nouvelle librairie de Barcelone. Je trouve que sur ce point le confinement pourrait nous avoir fait avancer : peut-être serons-nous plus enclins à diffuser les rencontres culturelles en direct par le web, pour tout le monde, même lorsqu'elles recommenceront à se dérouler AUSSI devant des spectateurs présents dans le lieu-même.

Vous trouverez sur ce lien plusieurs livres présentés par leurs auteurs. Christian Boltanski disait dernièrement dans une entrevue France Culture qu'il considère qu'on ne peut s'intéresser à une oeuvre d'art que si elle présente un point commun avec soi, quel qu'il soit.
Le livre présenté par le Canada, SHUNI, de Naomi Fontaine, est de ceux qui me "parlent" . Naomi Fontaine descend d'une tribu des premiers habitants du Canada. Son livre représente à la fois une recherche d'identité personnelle, et un recueil de conseils pour son fils, concernant cette identité. Elle lui dit en particulier (je résume de mémoire) : "Tu seras souvent rejeté en raison de ta différence. Mais sache-le bien : c'est cette différence qui fera que tu réussiras".
Un livre sans aucune rancoeur, mais au contraire empli de sérénité, parce qu'écrit par une personne qui assume qui elle est.
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[ La vie est un cercle ]

Lu d'une traite, très émue, je griffonne quelques mots à peine la dernière page tournée, à chaud, pour ne rien perdre de l'émotion qui m'étreint.

Naomi Fontaine est Innue et Shuni (Julie) est québécoise. Dans la longue lettre qu'elle écrit à son amie, l'autrice ouvre le dialogue entre ces deux cultures et nous offre une superbe déclaration d'amour à son peuple. Elle parle du combat pour rester soi quand on est colonisé, elle parle des préjugés, d'espoir, elle parle de doute, d'histoire et de fierté.
C'est un texte très doux, lumineux et si les 1ères Nations sont au centre de cette lettre, il y a quelque chose de bien plus universel entre ces pages, quelque chose qui me fait monter les larmes aux yeux.

[ Digression - Extrapolation - Résonances ]

Naomi Fontaine me conforte dans l'idée que nous devons être fiers: fier de ce que l'on est, fier de nos racines, fier de nos traditions, fier de la langue de nos aïeux. Elle me conforte aussi dans l'idée que chacun doit conserver sa façon de vivre, ses traditions. Qu'il faut arrêter de tout standardiser: la bouffe, les fringues, la langue.
Je suis heureuse que ma fille prenne des cours d'occitan au collège et on peut me dire que ça ne sert à rien, que ça ne lui sera pas très utile pour trouver un boulot, moi je sais que ça la rendra plus forte.

Être ouvert aux autres, ce n'est pas se renier.
« L'affirmation de sa culture précède l'ouverture à l'Autre »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Shuni, c'est le prénom Julie en innu et c'est comme une longue confidence que la narratrice lui adresse en parlant de son peuple et de sa façon d'être innue encore aujourd'hui. le livre a obtenu le Prix littéraire des collégiens avec raison, car l'oeuvre est bien écrite et touchante. C'est sans fard que Naomi Fontaine parle des gens de sa famille et des gens de Uashat. On peut alors les connaître de l'intérieur et acquiescer à ce qu'ils sont : des gens de coeur avec leurs failles et leur grandeur. J'aime les chapitres courts qui présentent l'essentiel en peu de mots. L'auteure, ici, a répondu à toutes mes attentes.
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Naomi Fontaine nous livre via une longue lettre à son amie Julie ( Shuni en Unni) toute la fierté et la difficulté d'être issue d'un peuple premier.
Elle se livre sur la difficulté d'être différente durant sa plus tendre enfance dans une société très normée. Néanmoins elle relève la tête très vite. Son amour et sa fierté pour sa communauté la rend forte et combative. Elle sait nous exprimer l'authenticité, la détermination et le courage de ce peuple parqué en réserve dans un monde ou ils ont du mal à préserver leur propre identité d'Unni.
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire au point d'avoir envie de mettre fin à cette lecture. Mais j'ai tenu bon, et l'horizon s'est éclairci pour une joli voyage dans ses contrées lointaines du Canada.
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L'autrice nous raconte son peuple les Innus, leur identité, leurs façons de vivre, leur douleur, leurs différences et l'impact de la colonisation. C'est écrit tout doucement, sans agressivité, sans animosité, tout en respect. Ses descriptions sont objectives, réalistes , incitent à la compréhension, à la compassion, à l'amitié. Très doux et très beau.

Superbe découverte, je recommande fortement cette lecture qui fait du bien à l'âme.

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Il y a de ces mots, de ces phrases, de ces récits qui vous captivent en un instant. Vous avez l'impression de tenir entre vos mains, un objet précieux et bien plus encore. Un objet immuable qui vous marque dans votre chair et qui vous laisse ce doux souvenir d'avoir fait une rencontre exquise. Voilà ce que me dit mon coeur.
SHUNI fait indéniablement parti de ces récits qui vous tourneboulent aussitôt. le ton est donné dès les première lignes. Naomi Fontaine se livre, se délivre, se confie du plus profond de son coeur à cette vielle connaissance, Julie. Leur monde est séparé par tout un tas de connaissances, de beaucoup de préjugés, de méchancetés. Des différences qui terrifient et qui cloisonnent les esprits. Pourtant Naomi Fontaine n'en a pas peur, elle les a apprivoisées au fil du temps.
Naomi fontaine décrit sa vie et celles de sa communauté. Les images défilent au rythme de souvenirs tendres. Les mots s'invitent dans cette balade hypnotisante. le sourire radieux naissant sur les visages reconnaissants.


Naomi Fontaine loin des préjugés partage. Mais elle ne veut pas de notre peine, de notre regard hagard, de notre compréhension généreuse. Elle veut juste notre amour sincère.


Au grès de ses paroles, de ses confidences à son petit ours, de ses interpellations, de ses recommandations, de ses questions, des ses doutes, Naomi Fontaine nous transmet les paroles tues d'un peuple qui ne doit pas s'effacer.


Au travers de mots doucereux et mélodieux règnent parfois une cruelle douleur dont elle en tire, pourtant, une certaine magnificence.


J'ai été subjuguée, envoûtée. Ses mots essentiels, ses mots cruciaux, son regard judicieux et honnête dépeignent avec maestro, douceur et sensibilité, la beauté du monde dans leurs yeux.


Une lecture essentielle, indispensable, incontournable, unique et magique !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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