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Walter Keitel (Éditeur scientifique)Helmuth Nürnberger (Éditeur scientifique)Jacques Legrand (Traducteur)
EAN : 9782253932956
442 pages
Le Livre de Poche (01/04/1998)
4.46/5   14 notes
Résumé :

Dernier roman de Theodor Fontane, écrit l'année même de sa mort, en 1898, Le Stechlin est sans doute son chef-d'oeuvre. Il emprunte son titre à un lac situé au nord de l'Allemagne, dont les eaux se mettent à bouillonner lorsqu'un événement exceptionnel se produit dans le monde. Mais le Stechlin est aussi le nom d'un village et l'histoire d'une famille groupée autour d'un vieux gentilhomme campagnard.A travers t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un roman du XIXe siècle. Il s'articule autour de deux aristocrates. L'un est le gentilhomme terrien von Sechlin, ancré dans la Marche de Brandebourg en Prusse. L'autre est un citadin cosmopolite, un diplomate à la retraite, le comte Barby - il habite à Berlin après un très long séjour à Londres. Il n'y a quasiment pas d'intrigue, pas de conflit, pas de personnage négatif. Sur presque 500 pages se déploie une fresque de société par des innombrables dialogues. Les personnages se rendent visite, partent pour une partie de campagne, se rassemblent pour les élections. Tout le roman est tissé de ces causeries, anecdotes, commérages, bavardages mondaines ou esthétiques, taquineries. Il est souvent empreint d'une légèreté qui fait de ce texte un roman feel-good ; mais c'est aussi un roman choral (multitude de voix). Certaines figures sont satiriques. Pas d'intrigue, mais un fil rouge : Woldemar, le fils du gentilhomme terrien courtise les deux filles de l'aristocrate berlinois ; les spéculations vont bon-train. Laquelle de deux jeunes femmes va-t-il choisir ? La brillante Melusine ou la discrète Armgard ? Autre leitmotiv : l'opposition entre l'ouverture d'esprit et le conservatisme.

Theodor Fontane écrivait pour son public. Il a conçu un roman pour ses lecteurs, qui le découvraient d'abord en feuilleton. Mais l'auteur y a mis aussi beaucoup de lui-même, c'est sa dernière oeuvre, il avait 78 ans, c'était peu avant sa mort. J'ai bien aimé deux autres de ses romans : Effi Briest et Madame Jenny Treibel.
Si vous goûtez la causerie, les digressions, l'art de vivre au temps de Bismarck, la courtoisie un peu vieillotte, ce livre est pour vous.
Sur wikisource une présentation complète (Revue de Deux Mondes, 1898) : https://fr.wikisource.org/wiki/Revues_%C3%A9trang%C3%A8res_-_Le_Dernier_roman_de_Th%C3%A9odore_Fontane

Extraits :
Voici le portrait du baron von Stechlin : « Il gardait encore absolument intact l'orgueil commun à tous ceux qui ont conscience ‘d'avoir été là avant les Hohenzollern' ; mais il refoulait cet orgueil tout au fond de son âme ; et, quand par aventure il l'exprimait au dehors, il s'efforçait du moins de l'envelopper d'ironie. Aussi bien son instinct le portait-il à mettre derrière toute chose un point d'interrogation ».

La description du lac Stechlin apporte une toute petite touche magique : « Tout y est calme, silencieux, endormi. Et cependant, de temps à autre, le lac endormi se réveille. Cela se produit toutes les fois que sur un point quelconque du globe, en Islande, ou à Java, le sol mugit et frémit, ou que les volcans des îles Hawaï lancent dans la mer une pluie de cendres. Alors le Stechlin s'émeut, et un mince filet d'eau jaillit, puis retombe. C'est ce que savent tous ceux qui habitent la région : et, quand ils en parlent, ils ne manquent pas d'ajouter : ‘Oui, le jet d'eau, c'est l'ordinaire, presque le banal : mais lorsque, là-bas, à l'autre bout du monde, se passe quelque chose de grand, comme il y a cent ans à Lisbonne, alors le Stechlin ne se contente pas de fumer et de s'agiter ; alors, au lieu du filet d'eau, on voit jaillir du lac un coq rouge, et de tout le pays on l'entend chanter ! Tel est le lac Stechlin'. »
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Dubslav von Stechlin est un hobereau de très vieille souche. Sa demeure, une gentilhommière, que les riverains nomment château, porte le nom de ses ancêtres, tout comme le village dans lequel il se trouve, à la frontière du Mecklembourg, situé contre un lac au caractère singulier, qui lui aussi, est baptisé du patronyme du seigneur de l'endroit. Commandant en retraite, le conte est un aristocrate d'observance point trop étroite, humain, ne dédaignant pas l'humour, ouvert aux joutes oratoires, sans pour autant être prêt à laisser le champ libre aux libéraux et à la social-démocratie qui trouve les faveurs du petit peuple, à telle enseigne que les gens de qualité du voisinage l'ont désigné pour être candidat conservateur et les représenter au Bundestag. Depuis son veuvage et alors que son fils unique, en bon prussien, a suivi la carrière des armes, l'homme vit un peu retiré, n'ayant pour toute famille qu'une soeur de dix ans son aînée, prieure d'une communauté à Wutz, fort réactionnaire dans ses propos et qu'il craint. C'est pourquoi chaque visite lui est une fête, il s'attache en conséquence à faire montre de la plus grande urbanité avec les personnes qui lui font le plaisir de leur présence.

Chantre d'une Prusse aujourd'hui disparue, Théodore Fontaine, dont Thomas Mann se proclama l'émule, incarne par ses romans, les usages et les valeurs, les paysages et les gens de cet ancien état européen intégré à l'Empire allemand après la guerre de 1870.  Deux écoles s'affrontent, qui affirment que son chef-d'oeuvre est, pour les premiers, Effi Briest et pour les autres le roman que voici. Nous nous joignons au camp de ces derniers, tant le Stechlin est un roman à la lecture agréable, l'art de la conversation y étant porté à un degré rarement atteint dans un roman allemand. On y parle de politique, d'art, de religion et de l'actualité d'alors. le tout est magistralement broché avec un humour léger, teinté d'ironie, qui démarque résolument le Stechlin de l'aridité assez pesante rencontrée dans Effi Briest
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Passionnant roman sur toutes les classes sociales en Allemagne fin XIXème autour d' une famille attachante. le quotidien de la vie à travers mille et un dialogues. J'ai beaucoup aimé...
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Ecrivain allemand du XIXème siècle, Theodor Fontane est considéré comme un des auteurs majeurs de l'Empire allemand. Ne connaissant absolument pas l'auteur et sa prose, je vous propose donc de vous le faire découvrir aujourd'hui par l'intermédiaire de son dernier roman, le Stechlin, classé par l'hebdomadaire allemand Die Zeit dans les 100 meilleurs romans de tous les temps.

Né en 1819 en Prusse, Theodor Fontane est issu d'une famille huguenote. Rappelons à cet égard que la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 avait envoyé sur les routes de l'exil de nombreuses familles de l'élite protestante française. Si je me souviens bien, un quart de la population berlinoise du début du XVIIIème siècle était ainsi française. Journaliste, Fontane s'est mis à la prose vers 60 ans ; certains de ses livres, comme Avant la tempête (une fresque historique avec la Prusse en toile de fond), ou encore Effi Briest (une critique des mariages arrangés de l'époque) ont connu un réel succès et ont eu de grandes influences, notamment sur Thomas Mann. le Stechlin est le dernier roman écrit par Fontane, et fut édité après sa mort.

Le Stechlin est un lac situé dans la région du Brandebourg ; il a la particularité de bouillonner lorsque des événements exceptionnels se produisent dans le monde. le Stechlin, c'est aussi le nom porté par le village ou encore une famille noble, dont le personnage principal est le vieux Dubslav von Stechlin.

Il est difficile de résumer ce livre car il ne s'y passe finalement pas grand chose ! Ce sont des scènes qui se succèdent : la visite du fils Woldemar accompagné par deux de ses amis, les élections locales, le mariage de Waldemar… Les dialogues entre les différents protagonistes constituent l'intérêt majeur du livre : ils sont souvent délicieux, ils traduisent la sympathie de l'auteur pour le vieux Stechlin, pour une Prusse qui fut. On discute de Dieu, du monde, de ses aspirations personnelles. Quel plaisir de lire ces pages si charmantes. On y rencontre aussi des personnages assez hauts en couleur, comme Mélusine, la future belle-soeur de Waldemar, un esprit libre ; ou encore la prieure Adelheid, la soeur aînée de Dubslav, conservatrice.

Le tout se déroule sur un fond de changement d'époque. Les conservateurs s'opposent aux socio-démocrates, dont l'aura progresse. Un joli témoignage sur une époque, une région et une classe sociale qui semblent désormais bien loin !

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Soyons bref : Theodor Fontane est le plus grand romancier allemand du XIXème siècle.
Et le Stechlin son plus grand roman (de ceux que j'ai lu jusqu'ici en tout cas).
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je présume, mon cher Waldemar, que tu as encore mes dernières paroles à la mémoire. Elles convergeaient vers ce conseil et cette prière : ne sacrifie pas ton pays natal (…). Ce que j’appelle la noblesse, on ne ne la trouve plus que dans notre Marche et dans notre province soeur et voisine, et même là peut-être plus pure que chez nous. Je ne veux pas entrer dans les détails sur l’état général de la noblesse tel qu’il se révèle quand on y regarde de plus près, mais j’esquisserai quand même quelques idées. J’en ai vu de toutes sortes. Il y a par exemple les jeunes Rhénanes, donc de Cologne ou d’Aix-la-Chapelle ; elles peuvent avoir de grandes qualités, mais elles sont catholiques, et si elles ne le sont pas, elles sont autre chose, et leurs pères sont d’un noblesse toute fraîche. Après les Rhénanes, nous avons les Westphaliennes. De celles-ci, on peut discuter. Mais la Silésie ! Les aristocrates silésiens, qui s’appellent parfois des magnats, sont tous, pratiquement, polonais et vivent du jeu, et ils ont les gouvernantes les plus jolies, toujours très jeunes, ce qui rend la chose plus facile. Et puis il y a encore les Prussiennes, je veux dire celles de Prusse-Orientale, c’est au bout du monde. Celles-là, je les connais, elles ressemblent tout à fait à leurs poulains lithuaniens qui ruent et dévorent tout. Et plus elles sont riches, plus elles sont dangereuses.
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Nos vielles familles souffrent communément de cette idée "que rien ne marchent sans elles", ce qui est loin d'être la vérité, car ça marche aussi sans elles - elles ne sont plus la colonne qui soutient l'ensemble, elles sont le vieux toit de pierres moussues qui pèse encore et oppresse, mais ne peut plus protéger contre les intempéries.
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