J'écris : "Mon amour, vous m'avez fait passer une année merveilleuse. Quand je vous ai rencontré, j'étais quelqu'un qui se protégeait. Bien malin qui aurait pu m'approcher, sauf quand vraiment j'avais à me prouver que j'étais une femme. Vous, vous m'avez bouleversée...."
Cet homme, qui me disait adieu dans un restaurant japonais : "Il faut que tu comprennes que si j'aimais quelqu'un, ce serait toi."
Ca fait vingt-sept ans qu'elle menace de se tuer s'il part, par conséquent il a le temps même de désirer que, en effet, ça se produise.
Je pense, à un moment donné de ce livre, c'est-à-dire ici vers la fin, que je suis peut-être de ceux qui vivront l'amour sans personne.
Cet ami, parti vivre au sud de Lisbonne, dans un petit fort face à l'Océan : "Je suis heureux. Je ne saurais même pas te dire à quoi je pense. Il n'y a plus que le mot "amour" avec plus rien autour."
C'est exactement, à ce moment-là, la façon dont je vois ma vie.
Lui : "L'amour! L'amour! C'est quoi l'amour?". Et elle : "Ouais ben, en tout cas, c'est pas "Je t'adore mais"..."
* Et celui-ci, qui se jette au cou d’une femme un soir en lui disant qu’il l’aime. Il est effrayé de la voir s’ouvrir aussitôt, bourrée de foi, alors qu’il lui faisait ça comme le gamin qui tapote un code au hasard et qui le premier surpris, entend le déclic inattendu.
* Celui-ci, qui malgré tout a bien compris les choses : « L’amour est une vue de l’esprit. »
* Cette amie qui ne veut pas vieillir, parce que quand on vieillit, on est aimé pour ce qu’on est.
* Il va mourir, et l’aumônier lui demande quel prénom il veut emporter avec lui. L’idée le séduit. Ça le réveille un peu. Il cherche. Hélas, il a beau draguer le passé, aucun prénom ne s’allume. Il revoit des visages, et rien d’autre. Tatouani avec ses yeux bridés : c’est éteint, ça ne miroite pas. Isabelle, la terrible infidèle : éteint. La douleur : éteinte. Les flamboiements des retrouvailles : éteints. Lucie : éteinte. Poussière. Michèle : suréteinte. Gaby la folle : éteinte, détrempée par les larmes qu’il a versées pour elle et qui ont perdu leur sens aujourd’hui. Eh oui, tout est déjà mort, même si ces femmes sont sûrement florissantes de santé quelque part, même s’il est là devant la mort puisqu’un aumônier, tout de même, c’est la preuve. Et pourtant, il n’y a que lui de vivant. Alors, comme il faut dire un prénom, que c’est le jeu, il dit : « Paloma. » Il a toujours rêvé de rencontrer une femme qui s’appelle Paloma. Et celle-ci, elle est bien là. Il la voit. Ah, on peut compter sur quelque chose. Tout ne part pas dans l’oubli.
* Au musée, un homme à sa compagne : « Tu vois, un tableau qui me touche, et je suis immédiatement quelqu’un qui ne sait faire qu’aimer. Penser que ces artistes avaient tant de mal avec l’amour, que bien souvent pour eux c’était compliqué, alors que moi, au contraire, ils me simplifient, ils me mettent dans la solution, eux qui vivaient le problème, je trouve ça d’une beauté qui ouvre le cœur. Tu m’écoutes, Catherine ? »
Donc l’art ne peut pas aider.