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Critique de Aela


Aela
23 février 2015
J'ai découvert ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio.
C'est un beau roman "d'apprentissage" qui nous plonge dans l'Amérique des années 20 et des années 30. Avec un petit air de Dickens. le héros, un jeune garçon sino-américain nommé William Eng nous fait penser un peu à Oliver Twist, un Oliver Twist qui se serait égaré dans le chinatown de Seattle.
La première partie du roman est centrée sur ce jeune enfant qui vit dans un orphelinat religieux de Seattle. Malgré l'aide de certaines religieuses pas toujours très tendres, il se sent esseulé et son amitié avec Charlotte la jeune aveugle et Sunny, le petit amérindien mi-cherokee l'aide un peu à surmonter sa tristesse. A douze ans il ne pense qu'à une chose: retrouver sa mère.
Lors d'une sortie au cinéma, il voit sur l'écran sa mère, Liu Song Eng, devenue une artiste à la mode et qui fait carrière sous le nom de Willow Eng ("willow": le saule, traduction de son prénom chinois).
Dès lors, un seul but le guide: retrouver sa mère et vivre avec elle.
Oui mais voilà, tout n'est pas si simple dans la société américaine corsetée des années 20 et 30, marquée par une ségrégation très forte à l'encontre des Asiatiques et un moralisme patriarcal à toute épreuve.

La deuxième partie du roman est à mon sens plus rythmée et plus captivante: on y voit l'odyssée de la pauvre Liu Song Eng, alias Willow Frost, la mère de notre jeune héros. C'est une jeune femme issue de l'immigration récente chinoise; elle vient d'un milieu artistique, ses parents sont artistes d'opéra chinois. A la suite de la terrible épidémie de grippe espagnole, notre héroïne devient orpheline et se retrouve sous la coupe de son beau-père, "Oncle Leo" qui va la maltraiter et abuser d'elle.
Malgré ces débuts plus que difficiles, elle va réussir à garder son fils près d'elle pendant ses premières années et mener une carrière artistique.
Je n'en dis pas plus, c'est émouvant et très vivant.
On vibre à l'évocation de ce milieu artistique qui se produit sur des scènes dans des lieux pas toujours très "fréquentables" (speakeasies..), on se révolte contre la condition de ces jeunes Asiatiques qui doivent se conformer aux traditions implacables de leur milieu, tout en subissant une discrimination impitoyable au sein de la société américaine.
Ainsi les jeunes Chinoises ne pouvaient accoucher à l'hôpital et les mariages mixtes étaient quasiment impossibles.
Les orphelins d'origine afro-américaine ou asiatique ne trouvaient pas de famille adoptante. Une jeune mère célibataire pouvait se faire retirer la garde de son enfant si on jugeait son mode de vie pas assez "moral".

Tous les travers de la société de l'époque sont remarquablement bien évoqués. Les personnages sont très attachants et nous permettent de mieux comprendre la société chinoise et la mentalité chinoise de l'époque. J'ai été sensible aussi au beau portrait de femme incarné par Liu Song. Une femme qui se débat dans un milieu difficile et qui se fait un nom dans le cinéma.
Enfin c'est l'Amérique des années folles et ensuite l'Amérique de la crise, l'Amérique de l'immigration et des carrières rapides.
Bref un beau moment de lecture.

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