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EAN : 9782953813067
157 pages
Philo Editions (08/10/2015)
3.6/5   10 notes
Résumé :
La perte, d’un enfant ou d’un amour, est au coeur des oeuvres de Philippe Forest et de Vincent Delecroix. L’écrivain Philippe Forest, dont toute l’oeuvre est construite autour de la perte de sa petite fille, et le philosophe Vincent Delecroix, spécialiste de Kierkegaard, remeDent le deuil au coeur de l’existence humaine. Leur conversation part d’une colère commune contre l’expression galvaudée « faire son deuil ». Interrogeant la philosophie, la religion, la liDérat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre sur le deuil est le résultat d'un dialogue fécond et souvent provocant entre Philippe Forest, romancier endeuillé à jamais par la mort de son enfant, et Vincent Delecroix, spécialiste de Kierkegaard, dont l'écriture s'organise autour de la perte.

Le sous-titre : « Entre le chagrin et le néant » est emprunté à Faulkner qui affirme dans « Les palmiers sauvages » qu'entre le chagrin et le rien, il préfère encore le chagrin.

Les deux écrivains, qui se sont rencontrés dès l'automne 2014, se révoltent en effet contre les théories de la « résilience » chères à Boris Cyrulnik notamment, et les expressions horribles que sont « faire son deuil » ou « le travail du deuil. »

Ils y voient la marque de la « pensée consumériste d'une époque qui ne supporte plus de se confronter au réel, c'est-à-dire au tragique de la condition humaine, à la perte irremplaçable, à la singularité absolue d'un être, bref au deuil. »

On ne peut mieux dire.

Le deuil, le chagrin et les larmes font partie de notre existence. Les nier, les cacher, revient à s'amputer de nous-mêmes.

S'appuyant sur des représentations littéraires, philosophiques, artistiques et mythologiques, Philippe Forest et Vincent Delecroix montrent qu'il y a une signification à trouver dans le deuil.

Notre société a peur des gens blessés et tristes. Elle délègue des cellules psychologiques sur tous les lieux de tragédies, alors que la consolation est impossible. La mort d'un proche est la fin du monde à chaque fois et dire « ça va aller » est la pire des choses à faire.

Il faut donc affronter la réalité en reconnaissant le caractère absolu de la perte.
Le seul conseil que donne Kierkegaard, c'est « désespère » et paradoxalement ne pas se résigner devant la mort, rester inconsolables est la seule manière de vivre notre condition humaine.



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Vincent Delacroix écrit, page 12 : « J'ai relu L'Enfant Eternel avant notre rencontre, ou plutôt je n'ai pas réussi à le relire tant la vérité que vous y exprimez m'a été presque physiquement intolérable. Mon chemin à moi ne part pas du deuil, il y arrive ».
C'est dommage pour un écrivain qui écrit un livre sur le deuil !
Vincent Delacroix écrit, page 45 : « Je suis exaspéré pareillement par cette manière impudente et obscène de s'accaparer des sujets qui commandent le respect et les larmes ».
Il sait de quoi il parle !
Sérieusement, j'ai trouvé le livre loin du titre. Deux universitaires satisfaits de leur propos qui ne nous apprennent rien de bien tangible sur le sujet. Pendant tout le livre, j'ai eu l'impression d'assister à une démonstration intellectualisant au maximum « le deuil ». C'est un ouvrage qui est d'avantage un outil de culture générale, qu'autre chose. Je ne conseille pas ce livre aux personnes qui cherchent des livres sur le deuil.
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"Le deuil" n'est pas un roman, mais un dialogue philosophique entre deux hommes de pensée sur le chagrin et le néant.

Philippe Forest le connaît bien ce deuil, puisqu'il a perdu sa petite fille il y a des années. Une partie de son oeuvre d'écrivain est marquée par cette perte, on pense notamment à "L'enfant éternel" ou "Tous les enfants sauf un".

Vincent Delecroix est quant à lui un philosophe spécialiste de la religion. Auteur entre autres de "Ce qui est perdu", il est spécialiste de Kierkegaard.

Difficile pour moi de critiquer pareille rencontre et tel dialogue. Ce livre n'a pas pour but de nous remonter le moral ou de nous aider lors d'une perte, mais tout simplement de philosopher, se poser des questions et débattre de ses idées.
C'est un livre qui se lit par petits morceaux, car même si l'écriture n'est pas complexe, chaque questionnement mérite réflection.

Nous parlons d'absence mais aussi de présence. Des différentes approches et manières dont les gens vivent ce deuil. On parle aussi de religion(s), de mythologie, de croyance(s). On aborde Kierkegaard et sa philosophie, les notions d'"absence", de "perte", de "néant" et on conclut avec le "chagrin".

Je vous retranscris un extrait qui m'a beaucoup marquée :

" Vincent Delecroix : J'aime "chagrin" parce que c'est un mot d'enfance. Il désigne pour moi la vérité du deuil, car ce qui caractérise le chagrin enfantin est précisément d'être, si l'on peut dire, momentanément inconsolable: immédiatement vertigineux et absolument sourd, radical. On le traite comme une petite peine alors que c'est un sentiment infiniment supérieur: le chagrin de l'enfant est un véritable abîme et, même s'il ne dure que trois minutes, il est radicalement insondable. Je repense, encore une fois à Achille. Ce n'est pas une noble et digne peine, une douleur digne et bienséante, c'est un chagrin d'enfant, l'épreuve la plus brutale de la perte. "L'homme est une créature qui a besoin d'être consolée", écrit Blumenberg (dans le soucis traverse le fleuve),et, comme chacun sait, ce besoin de consolation est impossible à assouvir : cette impossibilité, ce n'est pas notre malédiction, mais notre remarquable, peut-être enviable, condition. Que je reste inconsolable : les choses n'en auront que plus de prix!"

Pour résumer, c'est un livre qu'il faut déguster et qu'il faut bien sûr avoir envie de découvrir. Noyé par le chagrin, cette discussion ne sera pas d'une grande aide, mais avec une certaine distance, il nous apporte des réponses (ça dépend de chacun), et nous fait nous poser d'autres questions. Il est facile à lire dans le sens ou le vocabulaire, même spécifique, est aisément expliqué par le contexte. Mais il demande du temps, de l'espace et beaucoup de réflection.
Lien : http://www.izabeletseslivres..
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J'ai mis du temps à lire ce livre car il mérite beaucoup de réflexion pour assimiler certaines notions philosophiques qui ne faisaient pas partie de mes connaissances. En effet, Vincent Delecroix et Philippe Forest font référence à de nombreux auteurs qui m'étaient pour la plupart inconnus !
L'écriture sous forme de discussion a donc été un atout pour ne pas se perdre dans la réflexion et le cheminement des idées.
La 1ère conversation "la perte : une épreuve du réel" est celle qui m'a le plus parlé et dans laquelle je me suis le plus retrouvée. Les 2 autres conversations "mythes et religions" et "philosophie et littérature" ont été plus difficile à aborder et j'avoue que j'ai parfois un peu perdu le fil de leur raisonnement.

J'ai été tout particulièrement attentive au chapitre consacré à l'expression "faire son deuil" que je n'aime pas et que j'ai toujours remplacé par réapprendre à vivre sans et y ai trouvé des réflexions très intéressantes.

Ce livre m'a donné envie de lire l'ouvrage de Philippe Forest "l'enfant éternel" consacré au décès de sa fille pour savoir comment il a traversé cette douloureuse épreuve.

Point positif : l'écriture sous forme de discussion
Point négatif : des notions philosophiques très poussées difficilement accessibles pour un large public.
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Je ne m'attendais pas à ça en ouvrant ce livre. J'imaginais plus un livre sur comment survivre à la perte d'un proche. Or, il s'agit plus d'une réflexion autour du deuil : le deuil dans la littérature, dans la mythologie, le rôle de la religion dans la "gestion" du deuil...
Le fait que ce livre soit écrit sous forme d'une discussion entre Philippe Forest et Vincent Delecroix me l'a rendu plus facile à lire. Malgré tout je suis assez hermétique à la philosophie, il y a donc des passages que j'ai trouvé fort longs...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quelle est la parole de consolation la plus "inconsolante" que vous ayez entendu ?
Ph F : "ça va aller" C'est la pire chose qu'on puisse dire à quelqu'un qui est en deuil. Une pareille parole relativise sa douleur au motif de la soulager.
[...] Surtout ne pas essayer de consoler, mais au contraire être témoin de la personne en deuil dans son face à face à ce réel qu'elle ne peut pas éviter
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[...] la perte d'un enfant est sans doute elle-même incommensurable par rapport à n'importe qu'elle autre perte [...] dans d'autres pertes, d'autres liens sont blessés, et parfois gravement, mais pas celui de donner la vie et de survivre à ce qui "devait" nous survivre.
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Perdre un enfant va contre les lois de la nature ; cela induit, outre la souffrance, un total bouleversement du rapport au temps, puisque, en se trouvant privé de la possibilité de transmettre, on est aussi coupé de l'avenir par lequel s'oriente le temps.
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Videos de Philippe Forest (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Forest
Tout a-t-il déjà été dit en littérature ? L'écrivain est-il condamné à se répéter ? Et comment réinventer la littérature après Balzac, Baudelaire ou encore Proust ? Pour répondre à ces questions, Guillaume Erner reçoit l'essayiste et romancier Philippe Forest.
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