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EAN : 9782072928352
64 pages
Gallimard (24/09/2020)
3.75/5   6 notes
Résumé :
«Un système de surveillance généralisée et d’une nature nouvelle est en train d’être mis en place. Et c’est à ce système que le passage au distanciel va soumettre l’Université.»

L’Université se retrouve en première ligne du front numérique. En ouvrant la voie à une adoption plus large du «distanciel» dans l’enseignement supérieur, la crise pandémique va accentuer les évolutions profondes déjà engagées dans les apprentissages universitaires et leurs év... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Parole d' « amish », issue d'une vision rétrograde et sottement technophobe ? Ou bien, plutôt, analyse engagée et courageuse d'un regard lucide, avertissement à prendre d'urgence au sérieux ? « Faire connaître la culture au plus grand nombre est un objectif louable qu'assuraient autrefois la pédagogie et la vulgarisation. Mais la circulation du savoir à grande échelle et à toute vitesse telle que la rendent possible les nouvelles technologies conduit à sa dénaturation. Au lieu d'inviter à sa découverte et de constituer ainsi une sorte de passerelle conduisant à la culture, Internet en condamne l'entrée. L'univers numérique, en raison de l'hégémonie dont il jouit, s'autonomise et devient à lui-même sa propre fin, son horizon exclusif. Plus rien d'autre n'existe que ce qui y circule. […] Sous couvert de la rendre accessible à tous, on liquide la culture et on la laisse se volatiliser au sein des duplicata numériques qui la rendent superflue. » (p.46) On connaissait le Philippe Forest romancier talentueux, son univers fictionnel hanté par le deuil de sa fille, les chatoiements de son écriture. On le découvre ici, dans une des récentes livraisons de la série Tracts, en acteur impliqué et soucieux des évolutions, accélérées et dramatiques, de sa profession d'enseignant. Montrant comment la crise du Covid a amené l'Université à privilégier l'enseignement à distance, il s'insurge contre la consécration de ce modèle provisoire, le risque de sa transformation en pratique officielle et courante, l'imposition tyrannique du « distanciel » et de l'outil numérique comme moteurs du savoir dans la « start up nation » (on sent, et on partage, ses réticences devant l'affreuse réduction jivarienne des ambitions françaises que semble résumer cet odieux anglicisme !). A l'heure où une organisation managériale de type néolibérale, avec ses objectifs de résultats et de rentabilité, s'est imposée au sein de l'institution, dans une époque aussi où l'attention des étudiants et les exigences culturelles se dégradent sans cesse, il révèle les dangers de cette destruction de l'Université comme lieu vivant du face-à-face de l'étudiant et de l'enseignant, nécessaire à l'efficacité de l'apprentissage, défendant contre le flux immatériel et simplificateur des données informatiques la présence réelle et la parole échangée des êtres de chair et d'os, soulignant les menaces qui pèsent sur le fond et la forme des contenus, la qualité des examens, la liberté de pensée et la propriété intellectuelle, la culture et l'esprit critique. L'enjeu de son combat est de taille… Si demain on ne veut pas d'une société « Fahrenheit » ou « 1984 », il faut écouter ce cri de désespoir et de colère d'un enseignant conscient, appeler avec lui à préserver ce qui peut être sauvé de l'univers du savoir et de la pensée, cet autre environnement qui nous est si nécessaire !
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J'ai découvert la série des "Tracts de crise" de Gallimard pendant le confinement de mars à mai 2020. La parole était alors donnée par la célèbre maison d'édition à différentes personnalités afin qu'elle s'expriment sur ce que leur inspirait la pandémie en cours. Parmi les auteurs de ces courts essais (alors mis en ligne gratuitement), se trouvent Erri de Luca, Sylvain Tesson, Bruno Lemaire, Pierre Assouline, Edgar Morin, Régis Debray, etc., mais la série comporte aussi des textes d'auteurs disparus tels que Simone Weil et Albert Camus.

Cette série continue d'être alimentée et est désormais mise en vente en librairie à prix modique (3,90 €).

le numéro de septembre 2020 (n°18) est signé de Philippe Forest qui, en tant que professeur d'université et citoyen s'interroge sur les conséquences de la généralisation du numérique sur l'avenir de l'Université. Il s'appuie pour cela sur la crainte de l'extension puis de la pérennisation de l'enseignement en "distanciel" et estime que les confinements successifs (bien que lors de la rédaction de son tract celui de novembre 2020 n'ait pas encore été annoncé) ne feront que renforcer la "dictature" du numérique.

Son pamphlet traite de la démocratisation de l'enseignement (démocratisation qu'il considère plutôt comme une "massification"), s'en prend au baccalauréat devenu simple formalité qui conduit à la "secondarisation" de l'enseignement supérieur, critique la mauvaise adaptation à l'évolution de notre monde du doctorat et de l'agrégation, regrette la "professionnalisation" de l'Université et le modèle managérial qui l'accompagne (ainsi que le chasse aux financements) et développe des considérations sur les examens à l'heure du numérique en dénonçant l'aggravation de la "générosité" avec laquelle les correcteurs opèrent, les ravages des QCM (questionnaires à choix multiples) et l'usage généralisé du "copié-collé". Il élargit son propos en s'interrogeant sur l'avenir de la propriété intellectuelle, sur celui de la culture et, au-delà, sur la liberté à l'heure du numérique.

Si ce brillant essai éclaire le débat, hélas il n'avance guère de solutions. le monde universitaire est à un moment de bascule, il est malade. La description des risques qu'il court prépare l'avènement d'une thérapie.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La mise en ligne sauvage du savoir universitaire, livré à l'Internet, soustrait au contrôle de ceux qui en étaient les garants, viendra consacrer ce phénomène de dépossession de la pensée et de réduction de celle-ci à ses contenus les plus simplifiés, les plus stéréotypés, les mieux aptes à circuler sur la toile et à en satisfaire les utilisateurs que des années de numérisation ont docilement et effectivement dressés à se contenter de ce qu'on leur offre et à ne pas même concevoir que la culture puisse exister sous une autre forme.
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Vidéo de Philippe Forest
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