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Citations sur Sarinagara (41)

Le sentiment du "déjà-vu" ne se comprend pas autrement : toute son existence à venir, chacun l'a rêvée enfant et c'est pourquoi, devant tout événement vécu, quelque chose nous avertit obscurément que cela, nous l'avons déjà connu. Chaque expérience nouvelle vient vérifier l'un ou l'autre des vieux récits que le cerveau s'est, il y a bien longtemps, raconté à lui-même dans la nuit. Il faut bien qu'il en soit ainsi. Si secrètement il n'en savait déjà tout, comment l'esprit pourrait-il, le jour venu, soutenir le spectacle de l'affolante réalité sans s'anéantir tout à fait ? La longue répétition nocturne des rêves d'enfance était nécessaire à la survie : comme une éducation lente au néant qui, inévitablement, viendrait. Ou plutôt : tout a déjà eu lieu. Et la vie adulte, elle-même, n'est que l'étirement d'un songe d'enfant depuis longtemps révolu, son lent affadissement inquiet dans le matin indifférent du temps (pp. 22-23).
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Que dit la poésie ? Elle dit le perpétuel désastre du temps, l'anéantissement de la vie auquel seul survit le désir infini.
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On sait bien que rencontrer un écrivain n'est rien, que sa présence, sa conversation ne révéleront aucune vérité - même minuscule, anecdotique - en rapport avec son œuvre. [..]
Ce qui vous conduit chez l'un ou chez l'autre de ceux que vous avez lus est d'une autre nature. On désire simplement retourner à quelqu'un le signe que ses livres vous ont adressé, comme un salut amical en passant, une main agitée pour rien comme le font de derrière la fenêtre d'une voiture ou d'un train des enfants, à l'adresse d'un inconnu qu'ils ne reverront pas, qui hésite puis lève à son tour la main, sourit, bouge un peu les doigts et dont au loin la silhouette s'évanouit déjà. Et si puéril que cela puisse paraître, on peut s'émouvoir de la gratuité splendide, de la beauté désintéressée d'un tel geste, de la vitesse vaine et bouleversante de ce signe tracé dans le vent et le vide.
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C'est comme ça toujours que tout commence : lorsque vient la certitude d'avoir touché le fond, d'en avoir fini pour de bon avec le fatigant commerce des pensées, des émotions, des sentiments et qu'il n'est plus possible de se vouer à rien sinon au vide en soi. J’en étais parvenu à ce point très précis de ma vie. (..)
Écrire avait été ma façon de partir, de disparaître en plein jour. Et j'avais réussi. J’avais réussi au-delà de toutes mes espérances. Nulle part n’existait plus où me figurer que ma vie m’attendait.
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Je voulais changer d'espace, pas pour me délivrer de ma peine mais pour en éprouver ailleurs et autrement l'inépuisable et pathétique profondeur. J'ai donc écrit ce roman. Je l'ai fait au hasard : comme on s'enfonce dans un rêve. Je voulais m'en aller, tout laisser derrière moi, tourner le dos au monde où j'avais vécu. Je pensais que n'importe quel récit me délivrerait, me conduisant loin de moi.
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Issa n'est l'héritier de personne, il n'est le précurseur de rien. A un moment, il se tient dans le temps et c'est tout.

Sa prophétie ne concerne que le présent :

juste moi ici - il n'y a que moi ici - et la neige tombe
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L'Europe tient pour beau tout ce qui se dresse majestueusement dans l'espace et dans le temps, ce que la raison érige pour durer et inscrire son signe dans le néant. Mais au Japon, on trouve beau ce qui se soumet à la loi vide de l'être et qui se défait délicieusement afin d'offrir au cœur de l'homme un moment pur de jouissance triste.
C'est en tout cas ce que nous apprennent les livres de philosophie et de littérature.
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Issa naît en 1763.(...)

Non, les livres d'Issa exhibent tout à fait autre chose qu'une sagesse convenue pour chasseurs de citations et faiseur d'albums.Ils disent l'expression nue par un homme de l'énigme enchantée de sa vie.
( Folio, 2006, p.35)
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Oui, il y a la longue et interminable douleur de vivre, la fatigante routine du corps laissant passer sur lui les jours, la torture du temps et son lent travail d'effroi, toutes les affections les plus vraies une à une défaites, l'affolante solitude sur le versant le plus noir de la nuit ouverte et puis, dans la lumière verticale d'un matin indifférent, le corps aimé allongé et sans vie d'une enfant. Nul n'est censé ignorer tout cela. Pourtant, le dernier mot n'est pas tout à fait dit. Malgré la vérité, dans l'infini du désir, quelque chose insiste encore quand tout est terminé.
Tout est néant, bien sûr. Mais Issa ajoute : cependant
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La poésie est le sentiment du temps, son chiffre ébloui et impuissant. Il n'y a pas de vérité plus forte et plus désespérée.
( Folio, 2006, p.52)
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