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EAN : 9782714495785
336 pages
Belfond (19/08/2021)
3.84/5   16 notes
Résumé :
" Je ne peux pas m'arracher à l'impression que c'est enfin arrivé. Je suis de l'autre côté du temps. "

Depuis le fond d'une crevasse dans le massif des Ecrins, un haut fonctionnaire convoque sa mémoire fracturée. Alors que le monde ferme ses frontières, qu'un ministre remplace l'autre, une association menée par un mathématicien superstar tente d'alerter sur les risques d'un effondrement.
Une plongée hypnotique dans les arcanes de l'Etat, par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman pré-apocalyptique se construit dans un monde en équilibre précaire, une instabilité qui depuis presque deux ans nous contraint de modifier nos modes de vie, avec à la clé un lexique que nous n'aurions jamais imaginé inclure dans notre vocabulaire ordinaire.

Si le début qui s'attarde sur le destin en marche d'une jeunesse privilégiée et appelée à occuper des postes décisifs dans l'administration de ce pays m'a plutôt lassée, mon intérêt s'est éveillé lorsqu'un virage dans la narration, met le focus surune sorte de secte réfugiée dans une forêt bourguignonne, et se préparant à affronter l'effondrement. Car si le récit s'attarde beaucoup sur les tergiversations d'un pouvoir désemparé devant les manifestations évidentes des conséquences de l'incurie du vingtième siècle inconscient, les citations en exergue en début de chaque chapitre donnent clairement le ton : quelque chose d'irrémédiable est amorcé et le point de non-retour est franchi.

C'est à la fois un constat sociologique et un débat politique, ramené à une intrigue centrée sur des personnages qui donnent une dimension de proximité à ce drame qui se joue tous les jours autour de nous.

C'est assez terrifiant, mais la conscience qui, peu à peu se fait une place dans nos esprits d'humains individualistes peut rendre fataliste, et ductile :

« le président peut annoncer un confinement éternel ou une guerre, une police secrète l'arracher en pleine nuit à son appartement. Une canicule épouvantable noyer l'atmosphère de vapeur noire. le répertoire est si riche, on peut n'être jamais déçu. Non, cela ne s'arrêtera plus. La vie ne sera plus jamais douce »


Premier roman brillant, dont le sujet bien actuel ne peut laisser indifférent.

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Premier roman de Florian Forestier pour cette rentrée littéraire 2021, Basculer raconte le coeur du pouvoir qui est au bord du précipice avec des conseillers qui ne peuvent plus y surnager ! La classe politique décrite ici qui gouverne la France est jeune, bardée de diplômes, les yeux rivés sur leurs téléphone, en lien direct avec les réseaux sociaux et tâchent plus ou moins de répondre soit au Président, soit à ses ministres soit aux avis d'une opinion qu'on sent prépondérante dans la gestion du pays.
Daniel Fresse est coincé au fond d'une crevasse et ce temps hors norme lui permet de s'interroger sur sa vie. Est-un accident ? Ou, est-ce un suicide professionnel déguisé ?
Car Daniel avait tout pour faire comme ses parents l'ont rêve. Il est brillant, habitué à réussir ses études, a travaillé sans compter ses heures, à s'oublier derrière les demandes urgentes, qui ne peuvent attendre… Même s'il est complétement effacé, il peut compter sur quelques personnes qui savent parler à l'oreille de ceux qui décident. Influent et omniprésent, il est devenu incontournable pour ses savoirs-faire de haut-fonctionnaire, conseiller du gouvernement. Malgré cela, sa faille est terrible comme « une vache impuissante contre le talon qui le harcèle » : Il lui arrive de se sentir priver des mots et de son esprit car il accumule une colère qui le brûle de l'intérieur. le seul moyen qu'il trouve pour s'épancher, c'est de se répandre sur les réseaux sociaux, croisant l'insulte, comme d'autres par le passé, croisaient le fer !
Alicia, son ex, était vive, pleine d'une énergie fébrile, professeure de lettres en classe prépa chargée de cours à l'université. Elle était le soleil de sa vie, tellement différente de lui et de son manque de confiance maladif. Mais maintenant, elle est désenchantée, froide et ne cesse d'accuser ce capitalisme cannibale !Est-ce la particularité de leur fille ?
Julie est la coqueluche des cabinets gouvernementaux seulement elle n'a quand-même qu'un contrat à durée déterminée et peut à tout moment, si elle n'est plus si recherchée, se retrouver sans travail.
Stanislas, le magicien, a organisé son monde comme ses théories mathématiques. Et, puis, il y a Bruno qui consacre sa vie et ses économies à une bâtisse en Bourgogne où certains tentent de vivre autrement. Son groupe est baptisé Ananke. Tous les copains, y compris Daniel, sont attirés par cette enclave, qui peut ressembler à une secte, mais qui rassure l'inquiétude de chacun. Car la faille a envahit leur univers. Pour Daniel, c'est sa fille qui présente comme un autre enfant du groupe, les symptômes d'un syndrome autistique. du coup, l'enclave qu'elle apporte par sa présence permet à son père de se ressourcer et rend la course à sa reconnaissance bien vaine.
Basculer raconte ces trentenaires, bientôt la quarantaine, entrés en politique pour se faire une place au soleil, sans idéologie sociale, sans valeurs éthiques, sans convictions réfléchies qui d'un regard, d'une opinion peuvent influencer une tendance, une loi, une gouvernance et peuvent sans ciller dire le contraire ! Lorsqu'en plus, ça déraille dans la vie intime qui n'existe que très peu, alors, la faille devient béance et finit par être un fossé trop difficile à combler.
Florian Forestier raconte une séquence de cette vie vouée au vide intime où les affects sont mis en berne au profit du pouvoir, des relations utiles et de l'appui que peut amener une rencontre. Rien ne force la prise de conscience ! Ni la responsabilité d'un suicide professionnel. Ni le rythme infernal subit par les corps ! Tous souhaitent un effondrement mais tous courent pour prendre encore un peu plus, avant ! C'est vertigineux ! Surtout qu'il ne s'agit pas d'une dystopie ! Plutôt qu'un essai, la fiction montre de façon convaincante ce que sont ces gouvernants qui décident pour nous. A eux on n'a pas confié de mandat électif mais comme nos élus leur font totalement confiance, cette armée de conseillers bardés de diplômes gouvernent le pays.
Très bien écrit, Florian Forestier a le talent pour nous raconter une belle histoire, sauf qu'elle est trop criante de vérités, tant ses personnages inquiètent avec leur mal être qui les empêchent de réagir en les obligeant à agir. du coup le lecteur est leur otage ! Alors, Daniel, seul, au milieu de sa crevasse, retrouve la liberté comme d'autres dans le roman ! Faudra-t-il vraiment attendre un effondrement pour que les choses changent ? Peut-on se permettre d'attendre ? La réponse appartient à chacun, le roman de Florian Forestier peut aider à y répondre !
Chronique avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/19/florian-forestier/
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Basculer, c'est un roman sur le fait que tout peut basculer.
Basculer d'une vie bien remplie dans le calme et la solitude d'une crevasse en montagne.
Basculer des coulisses du pouvoir à Bercy vers l'ostracisme.
Basculer d'une vie personnelle épanouie à la rupture après l'arrivée d'un enfant handicapé.
Basculer pour la société dans son entier avec la théorie de l'effondrement.
Basculer de la vie parisienne trépidante à celle d'une communauté en forêt assimilable à une secte.
Basculer quand un mathématicien activiste meurt de manière suspecte.
Basculer quand une femme haut-fonctionnaire se suicide par défenestration.
Basculer de tous les côtés pour faire réagir et bousculer.
Basculer, souhaiterez-vous en faire l'expérience ?

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Ce premier roman de Florian Forestier, philosophe de formation, brille par son originalité, son humour et son aspect visionnaire. C'est l'histoire de la collusion entre deux milieux sociaux qui a priori n'ont pas grand-chose à voir : celui de la haute administration publique et celui de la collapsologie (les théories de l'effondrement). Cette rencontre se fait à travers les cheminements respectifs des deux personnages principaux : Daniel, un haut fonctionnaire stupéfait par le fonctionnement formaliste et ridicule de son administration, pratiquant l'alpinisme, tombant au fond d'une crevasse - cette chute est le prétexte à des réminiscences éparses - et Stanislas, un brillant mathématicien progressivement séduit par la préparation pratique face à l'avènement imminent et inéluctable de cet effondrement généralisé (épuisement des ressources énergétiques, réchauffement climatique, fonte des glaces, fortes pollutions, migrations forcées etc.) Ces deux personnages en déroute morale croisent de nombreuses figures qui gravitent autour de leurs environnements respectifs : un stalinien malade du covid, des complotistes exaltés, des néo-ruraux, un ministre, un conseiller saugrenu du Président de la République, le Président lui-même... Cet ensemble désespéré et chatoyant dans son délire arrive à tenir les deux bouts de la tragi-comédie contemporaine que nous vivons tous : entre la peur de la fin du monde, et beaucoup plus prosaïquement de sa propre finitude, et l'incapacité à renoncer à ses petites manies, ses petites névroses, ses petites démangeaisons qui laissent à l'humanité sa part naturelle, c'est-à-dire l'inconséquence de sa conscience de la mort. Les descriptions sensorielles sont très singulières – on retrouve ici le goût de l'auteur pour la phénoménologie – et on rit beaucoup ! Un premier roman à découvrir, c'est une belle réussite !
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Voilà un livre pas forcément facile à lire (ce sera mon bémol) mais d'une grande richesse quant aux thèmes abordés. le premier thème bien-sûr, celui qui nous fait avancer en se demandant où l'auteur veut nous mener : lequel des protagonistes va basculer dans le monde de l'autre, le collapsologue vers le monde de la bien-pensance politique (pour satisfaire qui ? quoi ?), ou le haut fonctionnaire (et l'Etat) vers la révolution écologique inévitable ?
Le deuxième sujet moins visible : la place de chacun dans ces enjeux internationaux, ces choix décisifs qui vont engager l'humanité vers l'effondrement programmé, ces guéguerres entre nantis, et de l'autre côté, cette nécessité de vivre "classe moyenne", d'élever ses enfants, etc. comme un ZADiste râleur installé tranquillement dans son fauteuil devant son grand écran, au chaud !
Enfin, toute comparaison avec la réalité contemporaine n'est peut être pas si fortuite : une classe politique assez méprisable qui réfléchie à cet effondrement, et qui pour des raisons (trop) souvent de camaraderie absolument pas basée sur des compétences minimales, refuse de prendre le risque de "basculer" vers le monde de demain qui devrait être inévitablement métamorphosé.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Daniel n'est plus très loin de ses quarante ans, jusqu'à maintenant il a vieilli sans mûrir. Un vieil enfant, terrifié de lever les yeux vers l'immobilité qui vient, la nuit qui se précipite. Il n'a rempli aucune mission, n'a rien connu, rien accompli, si son heure sonnait maintenant, il pourrait en se débattant comme un chat qu'onnoie dans un sac.
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Évidemment, on peut dire qu'elle rêve sa vie, mais ça n'a rien d'un rêve éthéré, plutôt l'essor continué d'une force qui se nourrit d'elle-même, qui n'est jamais venue se briser contre rien, peut-être aussi parce qu'un instinct de conservation l'a toujours retenue de se précipiter contre les murs. Pour entretenir la sensation d'être invincible, elle s'est gardée de tenter l'impossible.
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Nous ne sommes plus lucides, ni maîtres de nos actions, notre agitation n'est qu'un peu de chaos supplémentaire.
Il a protesté contre la constitutionnalisation de l'état d'urgence. Contre les mesures contre- insurrectionnelles . Contre beaucoup de décisions qui ont eu pour effet d'accroître démesurément le pouvoir exécutif depuis deux ans. pour lui, maintenant, le mot" effondrement" est un symbole, un trou noir. Un parcours initiatique, qu'il est entrain de suivre sans savoir où il va le mener.
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Sous contrat, comme toute mercenaire. Elle est la flèche, elle ne décide pas de la direction dans laquelle on l'a pointe. Elle joue le rôle qu'on attend d'elle, laisse croire aux puissants qu'elle trouve leurs blagues drôles, rit avec eux de ses maladresses de fille qu'ils aiment tant la voir en faire. (...) Tout cela fait-il vraiment d'elle quelqu'un de libre.
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Je ne peux pas m’arracher à l’impression que c’est enfin arrivé. Quelque chose qui ne tenait plus que par un fil vient de craquer, je suis de l’autre côté du temps.
Je ne renoncerai plus jamais à rien. L’avenir est si petit, si gris. Le mien comme celui du monde.
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