Eut-on jamais pensé cette absurdité, que Spartacus combattit pour son identité d'esclave ? Ou que dans sa lutte contre l'oppresseur, lui et ses compagnons fussent obsédés, obnubilés, par la question de leurs origines ou de leurs identités perdues ? Pourtant, aujourd'hui à l'heure du dérèglement de la pensée, une telle assertion pourrait être prononcée et partagée, sans que quiconque en souligne l'inanité. On s'empresserait d'oublier que Spartacus et les siens se révoltèrent pour redevenir des hommes libres ; et qu'à travers l'exercice de leur violence légitime, ils cherchèrent à gagner un ailleurs et bâtir une cité nouvelle.
L'obnubilation identitaire ne guérit pas du nihilisme, elle le souligne, elle l'aggrave. A poursuivre les fantômes de l'identité perdue, la masse des égarés s’abîme dans la nuit des fétiches.
Au lieu de ramper dans la domestication, tout peuple européen s'identifie dynamiquement à son progrès dans le labyrinthe des mondes et des temps.