Cet essai se distingue de celui de
Sciascia, tout d'abord par sa qualité moins littéraire et plus historique, mais surtout par l'éclairage des enquêtes menées ultérieurement sur l'enlèvement et l'assassinat d'
Aldo Moro. le point focal se détache de la victime même et embrasse la vie politique italienne dans son ensemble. Une réflexion est menée sur les origines de ce qui fut à la fois un malheur individuel et une crise nationale et sur les acteurs qui ont pu y prendre part. Si l'influence du KGB semble exclue, toute une nébuleuse a concouru à rendre l'évènement possible, voire probable, puisqu'il fut planifié par les Brigades Rouges deux mois avant sa réalisation et que le thème de l'enlèvement d'une personnalité de la démocratie chrétienne était dans l'air depuis un certain temps déjà : mise en branle des services secrets italiens, de la CIA, de l'émanation italienne de l'Otan, intervention directe de Kissinger, soupçons de double jeu concernant le fondateur des deuxièmes Brigades Rouges,
Mario Moretti, qu'il a toujours démenti avec vigueur et qu'aucune preuve ne vient corroborer.
Ce petit ouvrage permet de faire le point sur les forces en jeu en Italie entre les années 1965 et 1995.