Livre interessant, qui apporte un point de vue original sur la création de l'état d'Israêl et explique les responsabilités des differents états européens et américains dans l'émigration massive des juifs européens aprés la guerre. Il permet de mieux comprendre une partie du conflit avec les palestiniens et les difficultés immenses pour trouver un modus vivendi, même sans prendre en compte l'instrumentalisation par les religieux de toute sorte,( et les différents pays +/- avoisinants) Il y a une bibliographie extremement importante qui permet d'approfondir le sujet.
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Le phénomène du racisme, qui avait sous-tendu la seconde guerre mondiale mais n'avait été pris en compte que sur un mode lacunaire, n'était pas résolu. Considéré comme tel cependant, décrété aboli, il n'était appréhendé que sous ses formes les plus sinistres, les plus hallucinantes : celles des démesures outrancières du génocide, de ce génocide-là en particulier. On ne s'arrêtait qu'à ses conséquences extrêmes, pas à sa substance, à ses racines qui n'étaient pas, et de loin, éradiquées.
La dérobade générale, voire le consentement par omission, face au racisme nazi furent escamotés, livrés à l'oubli, non signalés. L'inertie occidentale devant la barbarie, sa connivence avec l'antisémitisme, ne furent pas enregistrées mais vouées le plus possible aux silences consensuels d'une mémoire volontairement refoulée. Néanmoins, le poids de leurs conséquences laissaient obscurément sourdre une responsabilité insoutenable, soupçonner une sorte de damnation occulte, qu'il fallait étouffer. De cet abandon mortifère de la démocratie par les nations démocratiques émergeait un remord latent plus ou moins conscient, incapable de s'assumer, l'instinct antisémite n'étant pas dépassé. D'où l'inaptitude à tenter de réparer l'inexpiable, la résistance à accueillir l'évidence et partout les survivants de cette Apocalypse.
Les Palestiniens, les Israéliens savent-ils – le savons-nous ? - à quel point ils sont étrangers à leur Histoire actuelle, à leur propre présent ? A quel point ils sont les victimes non pas l'un de l'autre mais l'un et l'autre d'une Histoire soi-disant révolue, demeurée en suspens, ici réactivée sans fin et qui les a entraînés dans des conflits à leurs sources factices, d'autant plus inachevables ? Une histoire européenne dont ils ne furent, aucun des deux, les bourreaux ni les coupables. Les Arabes recevant le fardeau, le châtiment d'un désastre auquel ils sont tout à fait étrangers ; les juifs, victimes de ce désastre, encouragés, sinon acculés dans un rôle d'intrus et qui ne voyaient pas que, même volontaires, même vainqueurs, ils n'étaient que mis en quarantaine.
Voyez-les s'agresser, s'entre-tuer, Juifs et Arabes, puis Israéliens et Palestiniens sous les yeux d'un Occident condescendant, délivré, qui se présente en arbitre de leurs hostilités. Un Occident comme dégagé, symboliquement au moins, de son souci obsessionnel, souci que voici transplanté, métamorphosé, imposé dans un autre contexte, d'autres géographies, absorbé dans des luttes qui lui sont étrangères. Un Occident s'espérant ainsi délivré des hantises de sa propre Histoire, capable d'estimer périmée l'horreur du génocide nazi et du consentement, de l'indifférence qui l'avait accompagné, face à une tragédie nouvelle dont il pouvait et peut encore prétendre ne pas s'estimer responsable.
Patrick Lapeyre Prix Femina
Patrick Lapeyre Prix Femina 2010 pour "La Vie est brève et le désir sans fin" paru aux éditions POL - Remise du Prix le 2 novembre 2010 à l'Hotel Crillon -Paris : Membres du Jury Femina : Diane de Margerie - Viviane Forrester - Claire Gallois - Benoîte Groult - Paula Jacques - Christine Jordis - Mona Ozouf - Danièle Sallenave - Chantal Thomas -Paule Constant - Camille Laurens - Solange Fasquelle - Prix Femina Etranger: Sofi Oksanen "Purge" éditions Stock - AFP TV